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Une marche en guise de message

11 August 2020
Manque de concertation entre les autorités des deux parties de l’île, absence de dialogue avec les services de l’état, inquiétudes quant au devenir économique de l’île et incompréhension sur la décision de fermer une seconde fois la frontière, étaient les principaux sujets de mécontentement exprimés lors de la manifestation de samedi dernier.
 
Un peu plus d’une centaine de personnes au final s'étaient données rendez-vous au rond-point de Bellevue samedi matin avant d’entamer une marche jusqu’au barrage filtrant de la gendarmerie un peu avant la frontière, où elles étaient rejointes par des personnes de Sint-Maarten. Un taux de participation assez faible qui peut s’expliquer par la lassitude d’une partie de la population, le désaccord de ceux qui jugent la décision opportune, mais également par le choix du samedi. En effet, interrogés, certains restaurateurs et commerçants du centre-ville de Marigot en pleine braderie commerciale ont jugé le jour et l’horaire mal choisis.

Récupération politique ou parole de citoyens ?
 
D’autres personnes ont préféré ne pas se joindre à ce mouvement de protestation en raison de l’initiateur, le parti d’opposition MJP (Mouvement pour la Justice et la Prospérité), conduit par le conseiller territorial Louis Mussington. Ce dernier déclarait cependant agir en tant que citoyen et non pas en tant que politique : « j’ai attendu que d’autres prennent l’initiative, mais comme rien n’a été fait … nos membres soutiennent cette marche et nous respectons la position et l'opinion de chacun ».
Plusieurs personnes se sont exprimées dont Lenny Mussington, Rhoda Arrindell (ex ministre de l’éducation de Sint Maarten), Theophilus Thompson (chef du syndicat Wifol), Isabelle Artsen (conseil de district N°3), Alain Richardson (conseiller territorial), Shujah Reiph, Victor Paines, Hervé Meunier … tous demandant la réouverture immédiate de la frontière et la reprise des discussions avec le gouvernement néerlandais pour une meilleure gestion de la crise économique et un renforcement commun des mesures sanitaires sur l'ensemble du territoire pour enrayer la recrudescence des cas de Covid-19.
 
Des revendications adressés à Madame la Préfète
 
En effet, la Première Ministre de Sint Maarten, dans son intervention du 5 août dernier, affirmait regretter qu’une position commune sur la gestion de la frontière n’ai pas été privilégiée et indiquait de ne pas avoir pu joindre Madame la Préfète depuis le 29 juillet (sic).
La décision de fermer la frontière est donc jugée comme une démonstration de force, prise de manière unilatérale alors qu’il faudrait une stratégie commune pour combattre le virus. Cette décision, selon les manifestants, est un non-sens qui ne contribue en rien à la protection de la population car les gens munis d’une autorisation, mais sans test de dépistage, peuvent passer la frontière. Ils estiment que la fermeture de la frontière stoppe l’économie mais pas le virus ; le remède peut parfois être plus dangereux que la maladie. Ce n’est pas le virus qui va nous tuer mais le stress, affirmera l’une des manifestante, aux prises avec des difficultés pour ouvrir son commerce et l’angoisse de ne pouvoir payer loyer et employés à la fin du mois.
Tous étaient unanimes pour demander un renforcement des mesures sanitaires préventives, des deux côtés de l’île, pour permettre à nouveau une libre circulation, non pas festive mais du moins professionnelle et économique.
 
« Nous sommes une communauté de destins »
 
Une île, un peuple uni par le même destin. C'est dans l'ADN du peuple de Saint-Martin de vivre comme un seul et une partie de l’île ne peut survivre sans l’autre. Vouloir maintenir fermer la frontière entre le sud et le nord de l’île est considéré comme une injustice. Les saint-martinois se sentent insultés quand on leur refuse l’accès de la partie française, parfois de manière peu courtoise, car si aujourd’hui ils habitent en partie néerlandaise, ils sont nés et/ou travaillent à Saint-Martin.
La décision de fermer la frontière était motivée par l’ouverture de l’aéroport de Juliana aux compagnies aériennes américaines avec l’inquiétude d’un rebond de l’épidémie. Effectivement le nombre de cas depuis le 1er août ne cesse de croitre … mais des deux côtés (voir article p. 3). Le transit des voyageurs continue à se faire par Saint-Barthélemy ou l’aéroport de Grand Case ; là encore incompréhension de la part des manifestants.
« Le Président de la Collectivité est absent, tout comme la Préfète, c’est donc au peuple de prendre les décisions. La victoire n’est pas loin, on va continuer le combat et la prochaine fois, nous allons briser totalement cette situation » sera la conclusion de la manifestation.
 

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