L’une des entrées sur le chantier de reconstruction du complexe hôtelier Sole Hotel, était hier matin obstruée par deux véhicules appartenant au 4e vice-président de la Collectivité, Steven Patrick. « J’ai été informé récemment que sur le chantier de l’Hôtel de l’Anse Marcel, il y a avait une grande majorité de travailleurs étrangers. J’ai voulu vérifier par moi-même, et ce matin (hier matin, ndlr), j’ai pu suivre un bus depuis Quartier d’Orléans, immatriculé en partie hollandaise, qui s’est rendu sur le site du chantier, avec à son bord une soixantaine d’ouvriers. Trois autres bus sont arrivés également de la partie hollandaise. Je suppose alors que ce sont près de 200 ouvriers de chantier, tous en provenance du sud de l’île qui sont arrivés ce matin pour travailler… Et finalement il n’y aurait que deux ouvriers saint-martinois  embauchés sur ce chantier », déplore le vice-président Patrick Steven qui demande que les services de l’Etat fassent toute la lumière sur les personnes qui travaillent sur ce chantier : « L’Etat est toujours prêts à contrôler tout ce que nous, à la Collectivité, nous faisons, mais aussi les pêcheurs, etc… alors je demande à ce que l’Etat fasse là aussi son travail et vienne contrôler la régularité des ouvriers qui sont embauchés sur ce chantier ». 

Réunion en aparté entre les élus et les représentants de quartiers et de collectif.

EMBAUCHES D’OUVRIERS ÉTRANGERS

Les services de l’Etat ont été saisis sur ce dossier et ont confirmé qu’ils procéderaient aux contrôles qui s’imposent. La procédure normale pour qu’une entreprise recrute toute une liste de personnes pour son activité, passe par la case Pôle Emploi. Pôle Emploi examine les profils recherchés et présente à l’entreprise des candidatures qu’elle possède dans ses fichiers de demandeurs d’emploi. Si Pôle Emploi ne peut répondre à l’ensemble de la demande de l’entreprise, elle soumet cette même liste au service juridique de la Collectivité qui doit délivrer des autorisations pour procéder à des embauches extérieures. Si ce sont des personnes étrangères qui sont embauchées, elles doivent également obtenir les titres de travail et de séjour correspondants.  Le VP Patrick Steven a demandé à l’Etat et aux services compétents de la Collectivité, mais également à la direction du Sole Hôtel de fournir l’ensemble des documents qui devront attester de la régularité de ces embauches. 

LA RÉOUVERTURE DE L’HÔTEL, UN ENJEU ÉCONOMIQUE MAJEUR

Conscient de l'importance des enjeux  socio-économiques procurés par la réouverture de cet hôtel, prévue en fin d’année ou tout début de l’année 2020, le président Gibbs s’est rendu sur place pour apaiser les tensions. « Nous allons faire procéder aux vérifications qui s’imposent pour voir si nos forces vives locales sont prises en considération. La direction de l’Hôtel devra également justifier de ses embauches », nous indiquait-il, reconnaissant qu’il faut raison garder et « comprendre les frustrations vécues par la population saint-martinoise au regard de la façon dont le territoire est traité. N’oublions pas que nous sommes une île touristique et c’est la prévention qui doit prévaloir à la répression. Il faut trouver une bonne synergie entre la population, l’Etat et la Collectivité, et la frustration ne s’atténuera que si l’on va dans le bon sens des choses », confiait-il. 
La députée Claire Javois, également présente hier matin sur le site de l’Anse Marcel, au titre de sa grande expérience de l’hôtel, puisqu’elle a longtemps été directrice adjointe des établissements hôteliers qui se sont succédé (Méridien, Radisson, Riu) précisait avoir rencontré la directrice de Pôle Emploi qui lui aurait signifié que l’organisme n’était pas en mesure de trouver les besoins en main d’œuvre locale exprimés par les entreprises pour les chantiers de la reconstruction. « C’est une triste réalité au regard du nombre de jeunes sans emploi sur l’île », regrettait-elle.   
Le barrage placé à l’entrée du chantier a été levé en milieu de matinée, le vice-président Patrick Steven restant dans l’attente des documents demandés.

Le Président Gibbs, le 4e vice-président Steven Patrick et la députée Claire Javois, ancienne directrice adjointe de l'établissement hôtelier, veulent s'assurer que les embauches sont en conformité avec la réglementation française.

Pour mémoire, le Groupe Sole Hôtel a racheté le Riu Hôtel courant de l’été 2018. Le PDG du Groupe, Sandretto Tommaso, étaient venu en personne à Saint-Martin, pour en faire l’annonce officiellement.  Ce qui fut une excellente nouvelle pour le territoire. 
Le groupe hôtelier a prévu de réaliser 62 M€ d’investissements pour la réhabilitation totale du site qui comprend 300 chambres, un SPA, des restaurants… L’ouverture est prévue courant fin 2019, début 2020. Les 167 salariés qui ont été placés en activité partielle après le passage de l’ouragan Irma devraient entrer en formation en juin prochain.