Accueil

OPINION / ANALYSE : Faire dire aux chiffres ce que l’on veut qu’ils disent

OPINION / ANALYSE : Faire dire aux chiffres ce que l’on veut qu’ils disent

21 August 2020
 
85 cas actuellement actifs sur 140 cumulés depuis le début de l’épidémie
 
Alors que le nombre de cas cumulés stagnait à moins de 50 cas, on assiste à un rebond du nombre de cas positifs constatés depuis la dernière semaine de juillet. Ce rebond est à attribuer à la très forte augmentation du nombre de tests réalisés, y-compris sur les personnes asymptomatiques. Ce sont en effet 33% des tests qui ont été réalisés depuis le mois d'août sur le total cumulé des 2481 tests.
 
A noter ici que concernant le nombre de cas, on ne parle pas des mêmes cas que ceux communiqués en début de pandémie. En effet, en avril dernier, pic de l’épidémie, les personnes décomptées positives étaient des personnes présentant des symptômes, malades, bien souvent âgées, auxquelles un test était préconisé.
Pour l’heure, avec l’intensification des tests, des personnes plus jeunes, entre 30 et 50 ans, asymptomatiques, se sont présentées spontanément pour faire un test, alors que ce dernier a été largement démocratisé et indiqué. Si la pratique des tests avait autant été utilisée en avril dernier, le nombre de cas positifs au Covid-19 aurait certainement été encore plus conséquent.
Toutes les thèses sur cette maladie s’accordent en effet à dire que de nombreuses personnes sont porteuses du virus sans pour autant développer la maladie. Ce qui peut laisser entendre que de nombreuses autres personnes sur le territoire pourraient être porteuses du virus sans le savoir, et seuls des dépistages peuvent les révéler. Ce qui a été le cas au cours de ce mois, avec entre autres des personnes qui se sont spontanément présentées pour faire un test, sans pour autant présenter de symptômes de la maladie.
Reste que ces personnes sont contagieuses et peuvent diffuser le virus à d’autres personnes plus vulnérables qui elles, pourront développer une forme grave de cette maladie.

824 tests depuis le début du mois sur un cumul de 2481 tests
Dès le 1er août, une campagne de dépistage a été initiée dans les différents quartiers de l’île afin d’évaluer la circulation du virus sur le territoire. 824 tests ont été réalisés durant cette campagne, soit plus d’un tiers des tests réalisés depuis le début de l’épidémie (2481 tests au total). Ces 824 tests ont révélé 47 cas actifs, dont 30% (environ 14 cas) étaient des cas contacts des personnes venues se faire dépister. Ce qui veut dire que sur les 824 personnes qui se sont portées volontaires à ce dépistage, sans être forcément symptomatiques, seules 33 ont été dépistées positives, environ 4%.
Pour faire une analyse plus approfondie de ces chiffres, Il aurait été intéressant de connaître le nombre de personnes dépistées qui présentaient des symptômes du Covid-19, par rapport aux personnes asymptomatiques. Nous avons posé la question à Brice Daverton de l’ARS et à la préfète Sylvie Feucher, qui n’ont pas été en mesure d’y répondre.

Taux de létalité en partie française : 4.2%
Sur les quelque 140 cas cumulés, 6 décès sont comptabilisés, dont deux en moins de deux semaines. Si ce chiffre reste trop important, il est néanmoins à relativiser, puisque ne représente que 4.2% par rapport au cumul des cas détectés positifs depuis le début de la pandémie.
 
Ne décède-t-on actuellement que du Covid-19 ?
De plus, parmi les deux nouveaux décès, il y a un homme de 51 ans, et un homme de 82 ans. Selon nos sources, l’homme de 51 ans aurait été victime d’une crise cardiaque et testé positif au Covid-19. Son décès a d’ailleurs été brutal et est survenu au CH de Saint-Martin, sans qu’il n’y ait eu d’évacuation envisagée vers le CHU de Guadeloupe. Est-il légitime d’imputer ce décès au Covid-19 ? Cette victime était peut-être porteuse du virus, mais asymptomatique ? Est-ce que le fait d’être porteur du virus a eu un impact sur cette crise cardiaque ? Des questions également sans réponses…
 
Sint Maarten : 198 cas actifs et 12 personnes hospitalisées (au 19 août)
Les chiffres pour Sint Maarten pourraient sembler plus inquiétants. Selon les derniers chiffres communiqués en soirée du 19 août par les autorités sanitaires néerlandaises, malgré 15 nouveaux cas avérés en 24 heures, le nombre de cas actifs est passé de 209 à 198. 26 personnes ont en effet été déclarées guéries. En revanche, 12 personnes sont hospitalisées au SMMC et 3 patients sont isolés dans un lieu dédié.
 
17% des tests avérés positifs dans le sud
Depuis le début de l’épidémie, 1365 tests ont été réalisés au sein de la population et 618 à l’aéroport sur des passagers en provenance de l’étranger. Le nombre cumulé de cas positifs depuis le début de l’épidémie est de 348.
Selon ces chiffres, ce sont un peu plus de 17% des personnes testées qui ont été déclarées positives au Covid-19, dont 25% parmi la population.
 
Taux de létalité de 4.8% en partie hollandaise
Toutefois, le pourcentage de personnes décédées des suites du Covid-19 avoisine celui de la partie française (4%), puisqu’il est de 4.8% (17 décès sur 348 cas cumulés). En revanche, la partie hollandaise a réalisé près de 2 fois moins de tests que la partie française et comptabilise près de 2.5 fois plus de cas, dont des cas graves.
Sans tirer de conclusions hâtives, cela pourrait indiquer qu’en partie hollandaise, les patients se rendent plus tardivement qu’en partie française dans les centres de soins pour se faire soigner, et succombent donc plus de la maladie. Les systèmes de santé et de prise en charge sont en effet bien différents des deux côtés de l’île, et il est plus aisé et moins coûteux de se faire soigner en partie française.
On peut donc bien faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Pris dans leur état brut, le rebond du nombre de cas positifs peut inquiéter. Il est toutefois à relativiser avec le nombre de tests réalisés, et des tests qui n’ont par ailleurs pas touché la même population : symptomatiques contre asymptomatiques.
Et si au premier abord, les chiffres de Sint Maarten semblent bien plus inquiétants que ceux de Saint-Martin, pour autant, selon notre analyse, le virus ne circulerait pas plus au nord qu’au sud de l’île, mais il serait plus vite détecté en partie française par le plus grand nombre de tests réalisés, et par ailleurs la santé des patients serait mieux prise en charge en partie française, permettant un meilleur taux de guérison.
 

By continuing your visit to this site, you accept the use cookies to make statistics of visits.