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Les langues d’outre-mer, vecteur de cohésion sociale

Les langues d’outre-mer, vecteur de cohésion sociale

05 July 2019
Il existe soixante-quinze langues recensées officiellement en France, dont cinquante proviennent des outre-mer. Réel patrimoine et outil essentiel à la cohésion sociale, elles sont cependant souvent méconnues et peu défendues. Le Conseil Économique social et environnemental (CESE) vient de rendre public son rapport et ses préconisations pour les sauvegarder

De nombreux scientifiques et linguistes s’accordent sur le fait qu’un multilinguisme précoce est essentiel pour le développement des enfants. A l’heure où le ministre de l’Éducation Nationale s’engage dans une réforme de l’enseignement et du baccalauréat, le CESE a souhaité prendre position pour un renforcement de l’enseignement des langues régionales et a confié à la délégation à l'outre-mer la préparation d’un avis et d'un rapport sur le thème « Valorisons les langues des Outre-mer pour une meilleure cohésion sociale ». Il a été adopté au scrutin public lors de la séance plénière du 25 juin dernier : sur 152 votants, 120 ont voté pour, 32 se sont abstenus et aucun vote contre n’a été enregistré.
Ce rapport de 150 pages fait état de l’histoire de chacune des langues usitées en outre-mer, préconise le bilinguisme ainsi que la mise en place d’une politique de valorisation pour qu’elles perdurent.

LA SPÉCIFICITÉ SAINT-MARTINOISE

Une fois encore Saint-Martin fait figure d’exemple à part en étant le seul territoire de France où le créole anglais est la langue maternelle des habitants. Cette situation remonte aux origines de l'occupation de l'île puis à l’immigration due aux besoins de main d’œuvre dans les années quatre-vingt. Aujourd'hui, la population de souche représente moins de 20% des habitants, ce qui met en péril la transmission de sa langue. Alors que le créole est désormais enseigné, le «saint-martinois» n'est toujours pas reconnu par les pouvoirs publics. 
Du côté français, l'enseignement public est délivré en français, l’anglais venant en deuxième langue, à l’inverse de la pratique quotidienne. Côté hollandais, l’enseignement se fait en anglais puis en néerlandais comme seconde langue. Par ailleurs, de très nombreux élèves ne parlent que le créole haïtien ou l’espagnol. Les enseignants, pour leur majorité, ne comprennent pas le créole anglais et n'ont aucune formation leur permettant d’intégrer la culture de la partie française. On constate également la multiplication d’établissements privés hors contrat, avec aujourd’hui une dizaine d’écoles secondaires et supérieures, où l’enseignement n’est pas contrôlé par l'Éducation nationale. Le rapport stipule qu’il y a urgence à créer une institution publique pour organiser la politique linguistique de l'île et former les enseignants, en lien avec un institut universitaire qui puisse étudier et sauvegarder le créole saint-martinois. 

LES PRÉCONISATIONS DU CESE

En conclusion, le CESE propose onze recommandations parmi lesquelles on retiendra que chaque enfant doit avoir la possibilité d’apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle, au même titre que dans la langue française. L’apprentissage en langue régionale doit être délivré par des enseignants formés à la pédagogie adaptée dans ces langues. Dans le cadre de la réforme du lycée et du baccalauréat, le choix entre une langue vivante étrangère et une langue régionale risque de fragiliser cet enseignement. Le CESE demande donc au gouvernement de reconsidérer ce point de la réforme et de revaloriser la place des langues des outre-mer de l’école élémentaire jusqu’au baccalauréat. 
Par ailleurs, il invite la Délégation générale à la langue française et aux langues de France à poursuivre ses travaux pour la reconnaissance du «créole anglais» de Saint-Martin comme langue de France et appelle à la création d’une « Journée nationale des langues et cultures régionales des outre-mer ».
Les agents publics affectés dans les outre-mer, dont les enseignants, devront systématiquement recevoir une formation permettant une meilleure approche des langues et des cultures du territoire où ils doivent exercer…

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