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Les chefs d’entreprise à la recherche de solutions

27 July 2021
Pendant qu’une partie de la population manifestait dans la rue contre la vaccination obligatoire et le Pass sanitaire, que les parlementaires tenter de trouver un compromis sur les modalités d’application, une soixantaine d’acteurs de la vie économique de l’île se réunissaient samedi à l’invitation de la Fipcom. Après la réunion d’avril, cette seconde rencontre outre de faire état des difficultés actuelles était axée sur les solutions pouvant être mises en place pour sauver, économiquement, le territoire.
Michel Vogel, Président de la Fipcom (Fédération Interprofessionnelle de la Collectivité de Saint-Martin) a posé les jalons dès le début de la rencontre : « il serait inconcevable de ne pas poursuivre ces rendez-vous, tant l’actualité nécessite toujours plus d’informations et de communication ». D’où la présence à ces réunions du Président de la Collectivité, et de certains services de celle-ci, du secrétaire général de la Préfecture, de la Présidente et de la Directrice de l’Office de Tourisme de Saint-Martin pour répondre aux questions des chefs d’entreprises. Des représentants de la Fedom (Fédération des entreprises d’outre-mer) à Paris avaient fait le déplacement, tout comme les vices présidents de l’UDE-MEDEF de Guadeloupe ou encore le vice bâtonnier de la Guadeloupe.
Le thème de la réunion du jour était « Back to the future », ou autrement dit comment retrouver un niveau d’activités d’avant crises … soit comme en 2016, avant Irma, avant les mouvements sociaux, avant le Covid…
 
Des entreprises prudentes
 
Le questionnaire de la Fipcom, rempli par les chefs d’entreprises, montrent que l’état d’esprit actuel est à la prudence, ne sachant pas de quoi l’avenir sera fait. Pour un tiers d’entre eux, la principale préoccupation est le remboursement des prêts ou des charges. 30% des entreprises interrogées disent être en réelle difficulté et 46% indiquent être prêts pour la prochaine saison. Concernant le plan d’actions sur les six prochains mois, et notamment l’embauche, pour beaucoup cela semble encore prématuré.
Des entreprises en difficulté certes, mais qui ont la chance de bénéficier de la manne de l’état français, ce qui n’est pas le cas partout. Le témoignage d’une cheffe d’entreprise de la partie hollandaise le confirme. Sur Front Street, cette gérante d’un magasin d’optique qui travaille surtout avec les locaux explique que les gens n’ont pas de CMU, que les lunettes ne sont pas remboursées, que le salaire moyen est de 4$ de l’heure et qu’il n’y a pas d’indemnité chômage. Elle estime qu’une centaine de commerces ont fermé faute d’aides (peu en 2020 et aucune cette année) transformant Philipsburg en ville fantôme. Pour ceux qui restent, il n’y a pas de délais pour payer les charges.
 
Changer la donne
 
Autre témoignage, celui de Christel Arabia (Hommage Hôtel). Après Irma, ils ont fait le choix de quitter le groupe Accor pour se réinventer. En changeant les systèmes informatiques, ils ont rétabli le dialogue avec les employés, en privilégiant l’environnement et l’art, ils ont ciblé une nouvelle clientèle. Elle estime que l’hôtel, aujourd’hui quasi vide, serait certes beaucoup plus attractif si elle avait pu réparer sa marina ou sa salle de restaurant climatisée mais que les modèles d’avant ne sont plus de mise. Beaucoup de touristes privilégient désormais les destinations respectueuses de l’environnement et veulent que ce soit beau, partout ! L’événementiel doit faire aussi partie intégrante de l’offre. Elle indique également préférer engager du personnel saint-martinois, car il est important d’investir dans les prochaines générations.
Un dernier point qui rejoint l’entrée en matière de Jacques Fayel (UDE Medef) pour qui le développement d’un territoire ne peut se faire que par les entreprises et par leur biais en donnant aux jeunes la possibilité de s’investir.
Jeunesse et digitalisation
garantes de l’avenir
Les services de la DEETS rappelle qu’en effet 39,2% de la population est jeune mais que malheureusement 40% d’entre eux n’ont aucun qualification et 2 200 jeunes sont oisifs, c’est-à-dire non scolarisés, sans emploi et sans activité aucune. Les six centre de formations agréés sur le territoire auront un rôle important à jouer dans la formation en alternance notamment. Dès fin août la DEETS ira à la rencontre des entreprises pour leur présenter les différents dispositifs, très avantageux, sur ce type de recrutement et dont beaucoup ne sont pas au fait.
De nouvelles formations seront également mises en place localement dans le domaine maritime (ou recyclage de diplômes) par l’AFPS. Les entreprises estiment cependant devoir attendre un peu avant de songer à l’embauche et indiquent avoir besoin de personnel qualifié ou de niveau universitaire.
L’avenir devra passer également par la digitalisation des entreprises, encore balbutiante sur l’île.
 
Le tourisme, clé de voute de l’économie
 
Valérie Damaseau, vice-présidente de la Collectivité et Présidente de l’Office de Tourisme a, avec la directrice de l’OT Aida Weinum présenté le plan pluriannuel sur trois ans mis en place pour promouvoir la destination. Un plan qui prouvera son efficacité que si les socio professionnels s’impliquent et que le territoire soit prêt à accueillir les touristes. Car s’il y a quelques mois encore il n’y avait aucune visibilité, aujourd’hui la situation semble stabilisée. Ce plan s’appuiera sur une nouvelle thématique chaque année. Celle de 2021 est la romance, suivront ensuite la gastronomie, le yachting, l’Incentive et le luxe. Un grand nombre d’actions sont d’ores et déjà programmées, dont certaines à forte audience devraient valoriser l’île en métropole. Pour exemple, les émissions Top Chef et le Meilleur Pâtissier de France feront escale à Saint-Martin en octobre. Six agences de communication travaillent en France et en Europe, au Canada, aux Etats-Unis et au Brésil pour développer des actions ou entretenir la visibilité de la destination. L’opération Staycation est toujours en cours et mobilise cette année 81 entreprises (hôtels, restaurants, activités et commerces). L’office de tourisme semble confiant dans l’avenir et propose d’être au service des entreprises pour les assister et mettre en place une collaboration commune.
Le pôle économique de la Collectivité est là lui aussi pour accompagner les entreprises. Il travaille depuis 2019 sur la restructuration du tissu économique, sans lequel il ne peut y avoir de relance et accompagne les entreprises, avec bienveillance pour celles en difficultés, en agissant avec différents partenaires ou dispositifs, tels que Care, Isma, Pôle Emploi… Il existe en effet plusieurs dispositifs financiers, faciles d’accès, qui sont méconnus des chefs d’entreprises.
 
L’ombre des mesures sanitaires
 
Du côté de la Préfecture, le secrétaire général s’est fait le porte-parole du Préfet, dont la volonté est que l’épidémie soit gérée « de la manière la moins douloureuse possible et qu’un juste équilibre soit trouvé entre santé et économie ». Mais, il ne faut pas se leurrer, si des mesures restrictives sont mises en place du seul côté français de l’île se serait un nouveau coup dur pour l’activité avec la crainte que cela ne génère des mouvements sociaux. Autre crainte, celle de l’accueil des touristes américains, qui avec un Pass sanitaire pas encore reconnu par l’Europe pourraient choisir ne pas franchir la frontière. Mikaël Doré a admis que sur ce point, il devait étudier la question. Pour la Collectivité, la coopération régionale commence par le territoire lui-même et Daniel Gibbs est revenu sur un projet qui lui tient à cœur, celui du « United Congress », une sorte de parlement commun mais qui reste encore à formaliser constitutionnellement.
Pour finir sur une note optimiste, il est un secteur qui se porte bien c’est celui de l’immobilier. Les transactions connaissent un véritable boom du fait d’investisseurs européens. Globalement, le ton a visiblement changé depuis la première réunion et la tendance est au redémarrage. Un prochain rendez-vous est d’ores et déjà envisagé par la Fipcom, à priori en octobre prochain.

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