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Leila Hanson (loge Concorde Perrinon), Guillaume Trichard et Marcel Cleudion
Leila Hanson (loge Concorde Perrinon), Guillaume Trichard et Marcel Cleudion

Guillaume Trichard (Grand Orient de France) «La franc-maçonnerie n’a rien à cacher»

09 January 2024

Pour sa première visite à Saint-Martin, le grand maitre Guillaume Trichard qui inaugurait le nouveau temple d’Emile Choisy jeudi a expliqué les missions des loges maçonniques sur l’île lors d’une conférence de presse, et s’est exprimé sur les différents fantasmes qui entourent encore la franc-maçonnerie. 

Le 97150 : Quel est l’objet de votre visite à Saint-Martin ?

Guillaume Trichard : Marcel Cleudion, qui est grand secrétaire aux affaires extérieures et moimême sommes venus inaugurer le nouveau temple de la loge Concorde Perrinon. Je tenais par cette présence à marquer l’attachement du Grand Orient de France à l’île de Saint-Martin qui a traversé des moments difficiles, et renouveler ma confiance à l'égard de tous les francs-maçons et obédiences amies de l’île. Ma présence n’a rien d’étonnant, dès mon élection j’ai voulu faire comprendre que mon rôle n’était pas de m’occuper uniquement de l’Hexagone mais d’aller partout sur le globe. J’irai en Guadeloupe tout à l’heure, en Guyane ensuite, en Thaïlande, puis en Afrique.

Le 97150 : Quel est le rôle du grand orient de France et quelles sont vos missions ?

G.T : Les obédiences maçonniques œuvrent à l’amélioration matérielle et morale de l’humanité. Nos travaux ne sont à ce titre jamais refermés sur nous-mêmes. Cette île a par exemple fait l’objet de plusieurs tempêtes et est indéniablement impactée par le réchauffement climatique. Il est donc logique et nécessaire que les francs-maçons réfléchissent à ces questions-là, et l’écologie est typiquement le type de sujets abordés dans les 1400 loges de France qui regroupent 54 000 frères et sœurs. Le Grand Orient de France n’est pas le Grand Orient de la France et s’appuie sur les valeurs d’universalisme du siècle des lumières.

Le 97150 : L’action des francs-maçons reste assez opaque pour le grand public, que faites vous concrètement sur le terrain lors de vos voyages ?

G.T : Nous sommes un ordre initiatique réunissant des frères et sœurs partageant l’idée qu’en s’améliorant soi-même, on peut tenter d’améliorer la société. Nous pensons qu’il n’y a pas de vérité absolue et que nul n’est détenteur de La vérité. Nous débattons démocratiquement dans le respect, et d’ailleurs, au niveau national, 80% des candidatures spontanées nous viennent de jeunes qui ont besoin de trouver des espaces d’échanges apaisés, loin des invectives de la société civile. Donc fraternité au sein des loges, mais aussi solidarité à l’extérieur où l’on aide les démunis. Hier, on parlait de l’ancien temple de Saint-Martin et des jeunes se souvenaient que les frères et sœurs avaient pour habitude de préparer le goûter pour les jeunes du quartier. La fondation du Grand Orient de France a pour rôle d’apporter son aide financière à des associations locales qui s’occupent des femmes battues et luttent contre les violences faites aux femmes et aux enfants, se battent pour le respect local de la laïcité, rebâtissent des maisons, etc. Quant à l’opacité, elle tire son origine de la persécution religieuse qui a déclaré que la franc-maçonnerie était incompatible avec l’église catholique à cause de ses réflexions libres qu’elle avait sur le roi et la religion. Les francs-maçons ont aussi fait partie des premiers arrêtés lors du régime de Pétain qui avait interdit la Franc-maçonnerie. Les frères et sœurs sont donc devenus plus discrets. Mais nos symboles tels que l’équerre, le combat ou les ciseaux sont de simples symboles de construction, et cette conférence contribue à expliquer que les francs-maçons sont des hommes et des femmes ordinaires qui ont pris la décision de s’engager sur un chemin initiatique pour tenter de faire le bien autour d’eux. Nous ouvrons d’ailleurs nos temples lors des journées européennes du patrimoine pour faire connaitre qui nous sommes. Factuellement, nous n’avons rien à cacher. Le seul secret, c’est l’intimité de sa propre initiation. Le reste des documents et des rituels se trouvent sur internet.

Le 97150 : Pourquoi avoir conservé la terminologie biblique malgré la persécution religieuse ?

G.T : Nous empruntons aux mythes fondateurs pour donner du sens et un cadre à nos réflexions. Le temple fait référence au temple de Salomon car les francs-maçons se veulent héritier de cette lignée de bâtisseurs. Nous sommes conscients de notre finitude et tentons d’apporter chacun notre pierre à l’édifice tout en sachant que le travail ne sera jamais achevé. Le GOF s’est laïcisé en 1877 et a abandonné l’obligation de croyance dans l’immortalité de l’âme. Nous avons donc au sein de l’obédience des croyants, des athées, des agnostiques, et n’avons aucune hostilité vis-à-vis de la spiritualité. Notre bataille, c’est la bataille contre les dogmes.

Le 97150 : Selon vous, quelles sont les plus grandes avancées sociales imputables aux francs-maçons ?

G.T : Henri Caillavet, parlementaire et sénateur franc-maçon est emblématique des combats laïcs portés par l’obédience : projet de loi sur la fin de vie digne, insémination artificielle, loi sur le don d’organes, loi sur l’IVG. Des lois de progrès issues de la réflexion des loges. Aujourd’hui, un de nos combats est la loi sur la fin de vie. Le GOF rappelle au Président ses promesses électorales et se mobilisera jusqu’à ce que la loi passe, car la souffrance est inhumaine et qu’il est question ici de dignité.

Propos recueillis par Swanee Ngo Kanga.  

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