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Zoé, une pièce sans pathos sur l’urgence de vivre au théâtre ce week-end

Zoé, une pièce sans pathos sur l’urgence de vivre au théâtre ce week-end

23 February 2024

Sacrée saison culturelle à la Chapelle ! Après la décapante Charlotte Boisselier qui a enchanté le public début février, Audrey Duputier a sélectionné cette fois un tout autre registre : la reconstruction de deux frères et soeurs après le décès de leur mère. Thème repoussoir ? Pas vraiment, car Théo Askolovitch a choisi d’y faire rentrer du stand up et de la lumière, quitte à bousculer un peu les codes du théâtre. Une pièce à l’image de l’existence : délicieuse, touchante, imprévisible. 

Extrait :

  • Le rabbin : Je suis là pour vous mais malheureusement je dois partir bientôt parce que j’enchaîne avec un mariage puis un autre enterrement en fin de journée.
  • Sacha : Il est sympa ce Rabbin. Je l’aime bien.
  • Nola : C’est vrai qu’on l’aime bien.
  • Sacha : C’est un Rabbin de gauche.

LE THEATRE POUR «METTRE DE LA LUMIERE»

Si la mort est universelle, la manière dont elle nous affecte, elle, varie inlassablement. Les souvenirs de la personne disparue, la gestion de l’absence, les règlements de compte sont autant de focales multiples que Théo Askolovitch choisit de restituer dans sa pièce «Zoé (et maintenant les vivants)» au théâtre de La Chapelle dès ce soir.

Du haut de ses 25 ans, le comédien, passé par les cours Florent et l’École Supérieure des Comédiens par Alternance, partage un bout de son existence courroucée par la disparition tragique de sa mère alors qu’il n’avait que 14 ans, puis plus tard par un cancer: «Je n'avais pas du tout l’ambition de faire du théâtre au départ, confie-t-il. Je voyais ça comme quelque chose de poussiéreux avec des gens qui parlent bizarrement comme j’avais vu à l’école. Et puis après la mort de ma mère, mon père m’y a inscrit pour me canaliser et j’ai découvert un monde que j’aimais bien. Après le bac, comme je ne savais pas quoi faire et que je n’étais pas trop mauvais, j’ai continué».

Le jeune homme enchaîne les rôles et parvient progressivement à gagner sa vie. Peu sensible au performatif et à l’abstrait, Théo savoure plutôt la rencontre avec les textes qu’il joue, comme dans La Famille M de Fausto Paravidino, et avec l’écriture aussi, qu’il adopte dans 66 jours et Zoé, son dernier spectacle construit en presque 2 ans. Des histoires inévitablement empreintes de son propre vécu, même si l’homme «aime prendre un sujet lourd pour y mettre de la lumière».

ODE A LA VIE

Contre tout attente donc, Zoé n’est pas une pièce pesante sur la mort : «C’est plutôt un spectacle pour parler de la vie, défend-il. On rigole plus qu’on ne pleure. On raconte la vie qui suit, la volonté de vivre, l’urgence de vivre, plus que la mort en elle-même».

Et la comédienne Marylou Aussiloux, fraîchement diplômée du prestigieux Conservatoire de Paris lui rend brillamment la réplique, joue avec le public, et marche avec lui sur cette ligne de crête qui sépare la pièce du potache et du pathos. Un exercice périlleux empreint d’intelligence émotionnelle et de retenue: «Je pense que montrer l’émotion en la jouant en plateau prive le spectateur de la ressentir, exprime Théo. Ça le prend en otage. Ici, la forme est différente. Lorsque ça devient trop émouvant et trop intense, on rattrape le public par un rire, et on remet ensuite de l’émotion après les moments plus solaires».

Rien de nouveau toutefois rappelle le comédien, puisque les grands auteurs classiques comme Shakespeare, Molière ou Feydeau utilisaient déjà les ressorts comiques dans des situations tragiques: «C’est l’exemple de l’amant dans le placard, explicite l’auteur. Au départ, ça part d’une blessure, et on rajoute par-dessus des éléments comiques», pour humaniser notamment.

Marilou prévient : «On joue beaucoup avec les spectateurs. On passe du théâtre au One Man Show et le public a l’impression d’assister à une sorte de répétition ouverte. Comme s’il n’y avait plus de 4ème mur. On vient leur parler, on s’assoit à côté d’eux, et on mélange plusieurs formes narratives avec des souvenirs et des moments du présent.» Que les sensibles se rassurent donc, malgré un thème et une affiche alarmants, Zoé se contentera de ressembler à l’existence, sans parti pris :«J’avais peur déjà avec 66 jours que le sujet n’intimide les gens, partage le comédien, mais c’est bel et bien une pièce pour rigoler et être ému. On en sort avec plein de vie et d’espoir, à l’inverse de ce que l’on pourrait imaginer. Ça donne envie de chérir ses proches. Et malgré ce que j’ai vécu, j’aime le rire et la lumière. J’ai aussi vécu des moments de joie dans les moments de peine, la vie n’est pas binaire. Et pour la raconter au mieux, il faut donc restituer tout cela. Pour résumer, je dirai que c’est une ode à la vie.»

Ce soir et demain à 19h30. Tarif : 30€.  

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