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Quand travaux et sécurité ne font pas bon ménage

27 November 2020
Un soir d’avril 2019 un jeune homme trouvait la mort dans un accident de la circulation à Grand Case. En cause une conductrice et surtout l’état de la chaussée. L’affaire était jugée devant le tribunal de Saint-Martin hier matin.
 
La dame sortait de son travail et rentrait chez elle. Elle roulait à petite vitesse en entrant dans Grand Case afin d’éviter les ornières de la route. A hauteur de la résidence Bleu Emeraude, elle entend un grand bruit. Un jeune homme à scooter vient d’heurter son rétroviseur. Le choc le propulse sur le mur du parking de la résidence.
Outre les témoins qui attestent que le scooter roulait à grande vitesse et confirme que la dame, elle, roulait lentement, la scène a été enregistrée par une caméra de surveillance. Les photos extraites de la vidéo, présentées au tribunal, montrent que la voiture s’est décalée légèrement pour éviter un trou dans la chaussée, sans toutefois franchir la ligne médiane de la route. Le scooter, très en arrière de la voiture, l'a rattrapée et tenté son dépassement en une seconde seulement. Il se situait dans l’angle mort au moment du choc. La victime, portait un casque mais l’analyse de sang confirmera la présence de stupéfiants. Le jeune homme décèdera de ses blessures dans les minutes suivant l’accident.
Sa mère avait alors porté plainte, non pas contre la conductrice de la voiture, mais contre la Collectivité. Sans suite ? Elle est décédée, elle aussi, quelques temps après son fils.
 
Des trous meurtriers
 
Les agents de la Collectivité, dont le directeur du Pôle Développement Durable de l'époque et le responsable de la société en charge des travaux ont été entendus. Les réponses apportées quant au manque de signalisation sur cette portion de route, peuvent laisser pantois : le responsable à la Collectivité avoue ne pas avoir idée si la signalisation était en place ou pas, justifiant ce manque d’information par le fait qu’il n’y ait qu’un seul contrôleur pour l’ensemble du territoire. Du côté du responsable des travaux, pour EDF, on admet que le chantier était en retard, mais que des plots étaient mis la journée quand le personnel travaillait … et ils étaient enlevés la nuit ! Le trou, hasard du calendrier ( ?) a été rebouché le lendemain de l’accident.
Madame la juge ne pourra s’empêcher de faire un aparté sur le sujet, car aujourd’hui encore les trous ne sont pas signalés, pas plus que les portions de route avec ou sans béton, selon l’avancée des travaux, qui obligent les voitures à descendre ou monter de véritables marches à intervalles réguliers. Ces manquements font qu’aujourd’hui il y a des morts.
 
Relaxe pour la conductrice
 
Cette affaire avait été renvoyée afin de mener une instruction plus complète quant aux mis en cause. C’est chose faite. Dans son réquisitoire, le Procureur rappellera qu’il est nécessaire de tenir compte de l’élément principal, à savoir la chaussée, qui demande aujourd’hui encore « moult attentions » et qu’il faut de surcroit éviter les motards, qui tous sans exception roulent au milieu de la chaussée et obligent les voitures à s’écarter. Le conducteur du scooter était dans l’angle mort, il a voulu doubler la voiture au moment même où celle arrivant en face venait de passer, et son coude a heurté le rétroviseur. La responsabilité de la conductrice ne peut donc être engagée. Il demandera la relaxe.
C’est ce que prononcera le tribunal au terme de cette audience éprouvante pour la conductrice de la voiture, en larmes et qui visiblement restera choquée par cet accident encore très longtemps.
 

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