Accueil

Importations de marchandises : un véritable casse-tête

20 April 2018

Conflits sociaux et météo capricieuse d’un côté de l’Atlantique, embouteillages de la circulation, travaux de reconstruction, explosion des volumes, port engorgé, de l’autre côté de ce même océan, ici à Saint-Martin… Tous des facteurs qui viennent enrayer la chaîne logistique de l’organisation et de la distribution des importations de marchandises sur l’île. Et peuvent avoir pour conséquence d’impliquer des retards dans les livraisons des commandes des clients. Auxquels, au regard des explications qui vont suivre, il est demandé patience et indulgence...

Avant le passage de l’ouragan Irma, toute la logistique entourant la chaîne des importations sur l’île fonctionnait au mieux du possible dans un contexte d’insularité qui, forcément, présente des aléas. Depuis Irma, la donne a changé. De nombreux nouveaux paramètres se sont immiscés dans cette organisation devenue fragile et qui peut s’enrayer au premier « grain de sable ». Un véritable casse-tête chinois qui met en veille tous les opérateurs de cette chaîne, transporteurs, transitaires, port de Philipsburg, afin que la clientèle soit servie au plus près de ses attentes. Et finalement, au vu de l’importance du jonglage quotidien que doivent effectuer tous ces opérateurs, le citoyen saint-martinois ne souffre que de peu de conséquences.
Quelques retards dans les livraisons et parfois des ruptures d’approvisionnement dans les supermarchés, certes, mais gardons en mémoire la catastrophe qui a secoué l’île il y a de cela moins de huit mois…

Des infrastructures locales insuffisantes pour traiter l'augmentation

Une catastrophe qui, là encore, ne peut laisser indemne. Le port port de Philipsburg vers lequel sont acheminés tous les navires porte-conteneurs en provenance de l’Europe et des Etats-Unis, ne peut d'une part, faute de place, augmenter sa capacité, et souffre par ailleurs de dégâts in-situ. Malgré d’importants investissements réalisés, tant en matériel qu’en main d’œuvre, l’infrastructure portuaire n’a pas encore recouvré 100% de sa capacité avant l’ouragan Irma et les moyens de transport routiers de conteneurs sont encore insuffisants pour traiter le volume de conteneurs en forte augmentation dans le cadre de la reconstruction de l'île, et qui, selon les acteurs locaux, devrait exploser dans les mois à venir.

Les travaux de la route de Pointe Blanche, un nouveau grain de sable

Autre exemple qui ne pourrait paraître qu’un détail, mais qui a toute son importance dans le sujet qui nous occupe : les travaux en cours sur la route entre Philipsburg et le port de Pointe Blanche obligent à une circulation alternée, engendrant d’importants embouteillages. Les camions qui livrent les conteneurs doivent emprunter cette route et restent bloqués, ce qui ralentit considérablement le rythme des livraisons.
D’autant que la règlementation dans le sud de l’île impose aux chauffeurs routiers de ne pas circuler sur les routes entre 6 heures et 9 heures, le matin, et entre 12 heures et 14 heures l’après-midi. Le port de Philipsburg a par ailleurs ses horaires d’ouverture, qui sont de 8 heures à 16 heures. Plusieurs contraintes donc qui viennent se juxtaposer à une autre, celle de l’engorgement au quotidien de la circulation routière sur l’ensemble de l’île, et qui réduisent de moitié les livraisons de conteneurs possibles dans le courant d’une journée.

Conflits sociaux et tempêtes en France métropolitaine

A ces contraintes propres à Saint-Martin, viennent s’ajouter les aléas incontrôlables tels que les conflits sociaux qui enflamment actuellement la France métropolitaine et touche particulièrement les transports, ferroviaires, maritimes et aériens, et, par ricochet les transports routiers. Un véritable imbroglio avec lequel les opérateurs locaux doivent jongler pour que la chaîne logistique de l’approvisionnement  ne soit pas rompue. Les aléas climatiques de l’hiver qui ont traversé l’Europe et particulièrement la façade Atlantique ont également eu des effets sur les escales de navire qui ont été retardées, voire annulées dans certains cas.
Pour autant, au port de Philipsburg, on ne compte pas les heures et des créneaux de travail de nuit ont même été organisés. Mais à l’approche des prochains nombreux jours fériés, fin avril pour le Carnaval de la partie hollandaise et en mai pour la partie française, des jours fériés qui tombent en pleine semaine, tous les opérateurs concernés ont de quoi s’arracher les cheveux !

Un fret aérien en berne, Air France en ligne de mire

Quant au fret aérien, il a été réduit par trois depuis le passage de l’ouragan. De quinze vols par semaine, il est passé à quatre, cinq vols. Du fret qui concerne plus particulièrement les produits frais présentant une courte date de limite de consommation (DLC). Et la dernière nouveauté de la compagnie nationale Air France qui, rappelons-le n’a pas été très solidaire avec Saint-Martin depuis le 6 septembre dernier, a consisté à déplacer son vol hebdomadaire vers Saint-Martin du samedi au mardi, sans concertation préalable avec les différents opérateurs transitaires.
Une décision unilatérale venue compliquer encore l’organisation. « Nous nous adaptons, mais c’est toujours plus compliqué, et un vol le mardi n’est pratique pour personne, car cela nécessite que les marchandises soient acheminées jusqu’à l’aéroport de Roissy le dimanche ou le lundi, sachant que dans l’Hexagone les transporteurs routiers ne peuvent pas circuler le dimanche. Du coup, nous préférons acheminer le frais depuis l’aéroport d’Amsterdam avec KLM, mais cela a pour conséquence de réduire la DLC d’au moins une journée … », commentent les transitaires que nous avons rencontrés.  
L’indulgence du consommateur lambda serait donc de mise quand son produit préféré ne figure pas dans les étals des supermarchés, tout simplement parce que ceci explique cela ! Quant aux livraisons de matériaux pour la reconstruction, une plus grande discipline de la clientèle à venir récupérer ses marchandises en temps et en heure au port de Philipsburg permettrait un désengorgement de ce dernier et faciliterait la bonne marche de toute la chaîne logistique.

By continuing your visit to this site, you accept the use cookies to make statistics of visits.