En ce début de semaine, et pour la première fois, les trois corps de l’armée ont coordonné leur déplacement à Saint-Martin, et l’adjudant chef Alexandre de l’Armée de Terre, l’adjudant Pierre de l’Armée de l’Air et le Maître Principal Thomas de la Marine Nationale étaient ensemble sur l’île pour procéder aux tests de sélection des jeunes candidats qui avaient préalablement constitué leur dossier auprès de Mme Corine Pineau du service AIO de la Collectivité. Présents sur le territoire en moyenne une fois par trimestre, les recruteurs ont pour mission de sélectionner les dossiers des candidats qui seront ensuite adressés en hauts lieux pour procéder au recrutement final. Chaque année ce sont plusieurs dizaines de jeunes de la Guadeloupe et de Saint-Martin qui rejoignent les rangs.

 

 

C’est une véritable embauche dans l’armée qui est proposée au jeune qui a satisfait à tous les critères de recrutement, suite à laquelle il suivra une formation qu’il aura choisie parmi les très nombreux métiers proposés : « A la base, un militaire est recruté pour aller au combat. Toutefois, chaque base militaire, que ce soit un navire, une base aérienne ou terrestre, s’assimile à une petite ville où tous les métiers sont requis : cuisinier, informaticien, plombier, électricien, métiers de gestion, de l’administration, etc. … C’est donc un panel important de formations qui est proposé aux jeunes qu’ils suivent suite à leur recrutement », expliquent les recruteurs des Armées. Une procédure de recrutement qui est similaire aux trois corps d’Armée, mais dont les résultats sont analysés différemment. En effet, dans « l’Armée de Terre, les militaires sont par essence voués à aller au combat. Les résultats des tests sportifs sont ici analysés finement pour être certain que le militaire aura la capacité physique requise », précise l’adjudant-chef Alexandre. Du côté de l’Armée de l’Air et de la Marine Nationale, si ces tests sportifs sont identiques et doivent être également couronnés de succès, des résultats moins bons seront recoupés avec le comportement général du candidat, sa motivation et la maturité dont il fait preuve pour son projet d’intégrer l’armée. « La question que je me pose quand je procède au recrutement d’un jeune est la suivante : est-ce que je pourrais me trouver en présence de ce jeune sur un navire ? », indique le Maître Principal Thomas. « La rencontre humaine et le regard droit dans les yeux sont également primordiaux dans cette phase de sélection », rajoute l’adjudant Pierre.
Outre ces tests sportifs, les jeunes sont soumis à des tests psychotechniques et à une visite médicale poussée réalisée par un médecin militaire qui vient spécialement depuis la Martinique ou la Guadeloupe. A noter qu’être en excellente condition physique est une condition sine qua non au recrutement ; Sur les derniers dossiers présentés cette semaine, nombreux ont été ceux à être recalés par la visite médicale. Les jeunes pourront se représenter lors d’une prochaine session de recrutement.

 

 

Etre militaire c’est avant tout faire le choix d’une carrière qui embrassera pour partie une vie en communauté, pour laquelle la cohésion de groupe reste capitale. Chaque militaire fait partie d’une unité. Depuis Saint-Martin comme pour les autres territoires d’outre-mer, les jeunes doivent avoir conscience qu’ils resteront loin de chez eux, de leur famille. L’engagement est fort, puisque les contrats sont signés pour des périodes qui vont jusqu’à plusieurs années. Le jeune peut certes se rétracter pendant ou à l’issue de sa formation…Toutefois pour la Guadeloupe et les Iles du Nord, le taux de dénonciation reste dans les plus faibles taux. « Les jeunes qui sont loin de chez eux prennent rapidement conscience que nous leur offrons un avenir professionnel », poursuivent les recruteurs.
Jouant un véritable rôle d’intégrateur social pour des jeunes qui n’auraient pas ou peu de qualification, la Défense nationale peut représenter une issue professionnelle salutaire à l’endroit de certains de nos jeunes dont l’horizon leur semble bouché.

 

Ils étaient 18 candidats à avoir déposé un dossier pour intégrer l’Armée de l’Air et à passer les tests de sélection mardi dernier. Parmi eux, Ignace, 19 ans. Brevet des Collèges en poche, Ignace poursuit ses études en France métropolitaine, dans le cadre d’un cursus BEP mécanique de précision. Toutefois, en recherche de cadre et de discipline depuis son enfance, le projet d’intégrer l’armée a toujours été dans un coin de sa tête, sans pour autant qu’il ne franchisse le cap. Ayant échoué aux examens de fin de BEP, Ignace décide de revenir à Saint-Martin en septembre de l’année dernière et réfléchit à son avenir. C’est avec l’armée qu’il sent qu’il aura un futur. Il constitue son dossier auprès de Corine Pineau, du service AIO de la Collectivité et postule pour devenir « Equipier Fusilier de l’Air ». Ignace a passé avec succès tous les tests, sportifs, psychotechniques, médicaux. C’est avec impatience maintenant qu’il attend la décision finale quant à son recrutement qui sera prise par Paris. S’il est retenu, Ignace devrait rejoindre dans les prochains mois la base militaire située à Orange, dans le sud de la France. « Si j’ai un message à faire passer aux jeunes de mon âge, c’est celui-ci : Evitez de vivre au jour le jour, et pensez à construire votre avenir ». Bel avenir à toi, Ignace.