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L’histoire se conjugue au présent

29 June 2018

Tour à tour archéologue, animateur de radio, éditeur de revues touristiques, créateur du premier musée de Saint-Martin, initiateur de la Réserve Naturelle …

On pourrait cataloguer Christophe Henocq comme un touche-à-tout de la culture, du passé ou du présent. Sauf qu’il ne fait rien dans la demi-mesure et maîtrise à l’excès chacun des sujets qu’il aborde, toujours avec l’envie de partager les passions qui l’animent. Aujourd’hui chargé de mission archéologique et scientifique auprès de la Collectivité, il mène des prospections, pour évaluer l’impact d’Irma sur le patrimoine archéologique de l’île, qu’il connaît comme sa poche !

D’où vous vient cette passion pour le patrimoine archéologique de Saint-Martin ?
Je vis sur cette île depuis 1967 et adolescent déjà j’aimais fouiller, trouver des choses, dénicher des vestiges. Après le baccalauréat, j’ai décidé de m’orienter vers des études de géologie et d’océanographie. Coïncidence, l’étage au-dessus à l’université était celui de la préhistoire. J’ai donc rencontré les profs et participé bénévolement à des fouilles en parallèle de mon cursus scientifique, jusqu’à l’obtention d’un Master 2 en océanographie. Je suis rentré à Saint-Martin avec cette double expérience sans trop savoir comment mettre tout cela en application.

D’où l’idée d’un premier musée ?
Oui, c’est ce qui m’a paru le plus évident. Mais cela n’était pas simple à l’époque, on était en 1991, de trouver et de convaincre des investisseurs pour créer un musée océanographique. Il a fallu faire des concessions et, au final, j’ai pu ouvrir un musée d’archéologie et d’histoire. L’aventure a duré jusqu’en 2012. Mais, j’ai bon espoir qu’un nouveau musée voie le jour prochainement, des réflexions sont en cours avec la Collectivité … la page est blanche, il reste à la remplir.

Est ce que le patrimoine archéologique de Saint-Martin est à tel point important qu’il pourrait remplir un musée ?
Pour ne citer que quelques exemples, il faut savoir que les plus anciennes céramiques jamais trouvées dans la caraïbe ont été identifiées ici à Saint-Martin. Elles datent de 550 ans avant Jésus-Christ. Il y a plus de 100 sites archéologiques sur l’île dont la majeure partie se trouve sur la partie française. Les plus anciennes traces d’occupation de notre territoire datent de 3350 ans avant Jésus-Christ. En termes de sépultures, on en a dénombré pas moins de 18 à Hope Estate, 23 à Baie Rouge, 3 à baie aux prunes et une dizaine sur Anse Marcel, que l’on peut dater aux alentours de 200 à 600 ans après Jésus-Christ. 

Est ce que cela peut intéresser les nouvelles générations ?
Que ce soit la mémoire orale, les vestiges de la vie quotidienne des premiers habitants de l’île ou notre connaissance de l’environnement, il est important de transmettre ce savoir. C’est ce que j’essaye de faire dans les écoles ou lors de manifestations culturelles. A cet effet, j’ai pour projet de monter des ateliers pédagogiques dont l’objectif est de sensibiliser tous les publics au patrimoine  archéologique bien sûr mais aussi à l’environnement.

Depuis 1980 la défiscalisation a défiguré l’île. On n’a pas su préserver le côté authentique de Saint-Martin et l’on détruit peu à peu le patrimoine archéologique et historique, notre patrimoine. Mais je pense que les nouvelles générations sont bien mieux éduquées que nous et que l’on peut espérer qu’elles sauront prendre conscience des réalités et des urgences en matière d’environnement.

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