Comme à son habitude, Audrey Duputié nous a déniché un artiste qui sort du lot ne serait-ce que par le titre de son one-man-show qui en dit long sur le décalage dont il fait preuve, confirmé par l’entretien qu’il a bien voulu accorder à la presse en milieu de semaine. Jérôme Rouger nous arrive tout droit de la région Nouvelle Aquitaine avec des références agricoles qui sortent quelque peu des sentiers battus.
Tout d’abord destiné à une carrière basée sur les mathématiques, cet autodidacte de la scène a rapidement bifurqué vers les planches et le théâtre de rue alors qu’il n’était encore qu'un jeune adulte dont la tête bouillonnait déjà d’idées saugrenues et insolites. A l’aube du XXIème siècle, il fonde la compagnie théâtrale La Martingale et crée son premier spectacle « Police culturelle » dans lequel il incarne un chargé de mission sur les expérimentations au Secrétariat d'État à la Démocratisation Culturelle.

Ce coup d’essai est un succès qui lui donne le goût de recommencer. S’enchainent alors quelques pièces qu’il joue seul en scène et en salle, qui font toujours la part-belle à l’absurde du quotidien dont se nourrit l’artiste boulimique de nouvelles créations : « Trapèze », « Furie », « Je me souviens », « Inoffensif », et celle qu’il est venu nous présenter ici : « Pourquoi les poules préfèrent être élevées en batterie ». Ce titre ne comporte d’ailleurs pas de point d’interrogation, car il s’agît là d’une affirmation dont les explications ne seront révélées qu’au public présent au théâtre ce week-end.

On y apprend entre autre, que la surface de vie de l’animal concerné est équivalente à celle de quatre feuilles de papier A4 alors que Bill Gates possède une maison de 1.750 m2 soit environ 17.000 feuilles A4 ! Mais comme le fait très justement remarquer le comédien, aucune poule n’a jamais inventé Windows, pas plus que l’ex-patron de Microsoft a déjà pondu un œuf… Le ton est donné.

N’attendez pas de Jérôme Rouger qu’il déroule devant vos yeux une conférence gesticulée, mais il est bon de noter que tout ce qui sera dit est absolument véridique et vérifié. Ce qui lui a d’ailleurs parfois valu quelques démêlés avec des éleveurs de volailles et des producteurs d’œufs dont le sens de l’humour se situe bien plus bas que le niveau d’un perchoir. Notons au passage que pratiquement la plupart des pièces qu'il a créées depuis plus de vingt ans sont toutes jouées régulièrement à travers la France et au-delà, par l’auteur lui-même selon les demandes auxquelles il doit répondre.
La prochaine fois, il viendra peut-être nous interpréter sa « Symphonie pour klaxons et essuie-glaces » née en 2019, et dont la mise en scène nécessite des volontaires actionnant les avertisseurs sonores de leurs véhicules selon une partition bien précise. Nul doute que Jérôme Rouger aurait matière à un second opus avec les automobilistes-mélomanes saint-martinois… En attendant, ruez-vous sur la billetterie car les places s’arrachent à vitesse grand V, et d’ici qu’il en reste il y a fort à parier que les poules auront des dents.

J-M.C.
Renseignements et réservations : www.theatresxm.fr