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Fondation de France / Initiative Saint-Martin Active : Un fauteuil pour deux ?

10 December 2017

Par voie de communiqué, Initiative Saint-Martin Active (ISMA) annonçait la fin du dispositif « Solidarité Antilles ». Une décision prise a priori de façon unilatérale
et qui a surpris la Fondation de France, alors que les deux organismes sont partenaires sur l’aide accordée aux entreprises sinistrées.

L’enveloppe financière de 1.5 millions d’euros engagée par la Fondation de France auprès de la plateforme locale Initiative Saint-Martin Active dans le cadre de l’aide aux entreprises sinistrées, serait épuisée. Mettant de facto fin au dispositif.

Ce sont près de 140 entreprises qui ont pu bénéficier de ce dispositif, certaines ayant déjà reçu l’aide, d’autres étant en attente de la recevoir. En effet, si 1.5 millions ont été engagés, ce sont pour l’heure 800 000 euros qui ont été versés par la Fondation de France à Initiative Saint-Martin Active qui a pu reverser aux entreprises les sommes qui leur étaient allouées. « Des dizaines d’entreprises sont en attente de recevoir les fonds », informait le communiqué de ISMA, laissant supposer une certaine pression à laquelle la plateforme locale est exposée, face à un énervement général des entreprises qui restent en attente de nombreuses choses depuis l’épisode Irma. Contactée en son siège, la Fondation de France a tout d’abord reçu la nouvelle de ce communiqué avec étonnement. Elle nous confirmait qu’effectivement 800 000 euros avaient déjà été reversés, et qu’une seconde tranche d’un montant de 600 000 euros allait être imminemment débloquée, sur justificatifs des dépenses de la première tranche. Un reliquat de 100 000 euros viendra, toujours sur justificatifs, clôturer cette première enveloppe. Et la Fondation n’écarte pas la réflexion sur une éventuelle rallonge pour le secteur économique.

Pour la Fondation, il reste encore 350 000 euros pour les aides d’urgence

Pour autant, La Fondation de France considère que le dispositif suit son cours, même si elle reconnaît que l’enveloppe de 1.5 millions est proche de l’épuisement.  
Le chargé de mission à Saint-Martin, Pierre Roth, évoque lui pour l’heure 1 144 000 euros engagés auprès de 131 entreprises. « Ce sont 81 entreprises qui ont été bénéficiaires de l’aide d’urgence plafonnée à 5000 euros, pour un montant total de 362 000 euros, et 30 autres entreprises ont bénéficié de l’aide remboursable plafonnée à 30 000 euros, pour un montant de 782 000 euros », nous explique-t-il. « Il reste environ 350 000 euros qui pourraient être attribués exclusivement en aide d’urgence à quelque 75 entreprises  qui attendent que soient traité leur dossier ».

Les nerfs à fleur de peau

ISMA se situe quant à elle en interface avec les entreprises qui peuvent en effet perdre patience devant l’inertie ambiante : les assurances qui trainent des pieds pour verser les indemnisations, les promesses de l’Etat qui virent en peau de chagrin, les dossiers de demandes d’aides financières qui se superposent et sèment le flou, les charges qui malgré les différents moratoires et les mesures de mise en chômage partiel décidés, continuent de courir et restent de toute façon exigibles …

Serait-ce face à cet énervement exacerbé des entrepreneurs, que ISMA qui est en première ligne, a décidé de mettre fin au dispositif ? A cette question posée, ils répondent que « de toute façon, les 1.5 millions d’euros sont déjà engagés auprès des 138 entreprises qui ont été retenues dans le dispositif ».

Un lourd traitement administratif …

La plateforme ISMA qui est toujours en recherche de son nouveau directeur, évolue avec une équipe très impliquée mais qui pour autant doit se plier aux directives imposées par la Fondation de France dans la tenue administrative des dossiers de demandes d’aides. « Pour chaque entreprise éligible, nous devons remplir des tableaux administratifs qui contiennent plus de 40 colonnes ! », nous-dit-on du côté d’ISMA, qui se trouve prise en sandwich entre d’un côté l’impatience manifeste des entreprises et de l’autre une lourdeur administrative à gérer.


… Pour un contrôle optimum et rigoureux

 « On parle de sommes importantes, et nous sommes tenus de pouvoir présenter tous les justificatifs des versements que nous faisons », explique la Fondation de France qui rajoute : « Cet argent provient de dons collectés, et nous sommes tenus d’être très rigoureux dans tous nos rapports qui sont contrôlés par la Cour des comptes. C’est pourquoi nous faisons les versements par tranche ».  

Des avances remboursables qui devaient être financées par des fonds soulevés par ISMA

Le point d’achoppement entre les deux organismes pourrait bien venir de là. En effet, la Fondation de France qui se dit être la « Fondation de toutes les causes », n’a pas pour vocation unique la cause économique. « Sur les 8 millions d’euros qui seront reversés à Saint-Martin, nous avons décidé d’engager 1.5 millions pour l’aide aux entreprises. Pour autant, il aurait fallu que d’autres fonds viennent en complément, et il était prévu qu’ISMA soulève des fonds par ailleurs pour alimenter l’aide remboursable plafonnée à 30 000 euros. (Pour mémoire, le dispositif tel qu’il avait été annoncé au départ par le président d’ISMA, Jean-Paul Fischer, prévoyait la participation du MEDEF dans la collecte de fonds au niveau national, ndlr).

Comme ces fonds ne sont pas arrivés, nous avons d’un commun accord décidé de puiser dans les 1.5 millions d’euros », explique Pierre Roth. Et ceci expliquant peut-être cela, 780 000 euros ont été engagés pour cette avance remboursable au profit de 30 entreprises seulement, mais qui concerneraient tout de même une centaine d’emplois.

Les associations, cible de la discorde ?

Un autre point de friction entre les deux organismes- même si d’aucun ne nous le concède -  concernerait le monde associatif. En effet, la Fondation de France a surtout plus vocation de financer des associations dans le cadre de l’économie solidaire. Pierre Roth qui est en mission sur le territoire va à la rencontre des associations,  suscite la création de certaines autres, et les incite à monter des dossiers qui seront présentés devant la commission d’éligibilité aux fonds de soutien de la Fondation de France. Des rencontres faites « en direct » par la Fondation de France , lesquelles, selon ISMA lui « enlève une partie de la visibilité qu’elle a sur les associations dans le cadre du département dédié à l’économie solidaire». A cela, Pierre Roth répond qu’il serait de « bon ton de travailler main dans la main pour ces associations dont les aides et les financements viendraient en complément de l’enveloppe destinée aux entreprises sinistrées ».  Et d’ajouter « Nous avons un travail de concert à réaliser pour un accompagnement de ces associations dans le montage des dossiers de demande d’aide financière qui pourraient être présentés à la Fondation de France ».
Dans ce dossier, si la diplomatie reste de mise de part et d’autre et que chacun se défend d’une quelconque discorde entre eux, la décision d’ISMA annoncée en début de semaine de mettre fin au dispositif « Solidarité Antilles Fondation de France » a toutefois été un pavé lancé dans la mare. Et les entreprises sont une fois de plus prises en otage dans ces guéguerres menées par deux organismes, un local et l’autre national, qui marchent en partie sur les mêmes platebandes…

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