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Les méandres de la justice

11 avril 2019
Entre les avocats qui n’ont pas fait le déplacement en raison de la grève, ceux qui se transmettent les dossiers le matin même ou n’ont pu rencontrer le client à défendre, les dossiers où la convocation a bien été envoyée mais sans indication des faits reprochés, ceux qui ne peuvent être instruits faute des pièces nécessaires et ceux qui le sont, mais pour la seconde fois car le contrevenant ne s’est pas acquitté de ses obligations … oui, la justice est longue et souvent peu compréhensible pour les personnes appelées à comparaitre devant les tribunaux.

 

A en juger par l’étonnement des personnes qui comparaissaient hier au tribunal, peu ont connaissance du fonctionnement de la justice et notamment en matière de poursuites pénales. En effet, les mesures proposées par le tribunal à l’issue du jugement visent à éviter ces poursuites. Si le contrevenant ne s’acquitte pas des peines ou des amendes, les poursuites reprennent … depuis le début ! L’affaire est à nouveau jugée dans son intégralité.

UN RETOUR DE PLAGE COMPLIQUÉ

JR avait été condamné à 150 € d’amende et à un stage de citoyenneté pour outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique en octobre 2017. En fait, pour avoir traité les gendarmes de « fucking Babylone ». Il s’était acquitté de l’amende mais n’avait pas effectué le stage, car sans travail au moment de la condamnation il ne pouvais se la payer, puis faute de temps lorsqu’il a retrouvé un emploi.
Après une journée en famille et entre amis sur la plage du Galion, tous rentraient à Quartier d’Orléans lorsque leur véhicule est interpellé par les gendarmes lors d’un contrôle routier … car plusieurs personnes, dont des enfants, sont dans la benne du pick-up, chose interdite par la loi. JR ayant arrosé la journée d’une quinzaine de bières, il est un peu échauffé et s’emporte. A tel point que sa sœur au volant du pick-up, qui elle non plus ne veut pas se soumettre au contrôle, fait une crise d’asthme, qu’il faut dépêcher les pompiers sur place pour la transférer à l’hôpital, qu’un attroupement d’une cinquantaine de personne se forme obligeant les gendarmes à appeler deux pelotons en renfort … pour au final quitter les lieux. JR sera cependant retrouvé et interpellé ultérieurement. Pour tout cela, le procureur réclame un travail d’intérêt général (TGI) de 120h réparties sur dix-huit mois. Le TGI est en travail gratuit pour lequel le coupable doit être d’accord. Ce qui n’est pas le cas de JR. Il sera condamné à une amende de 350 euros (dont il a déjà payé 150 €) et à un stage de citoyenneté, à ses frais.

FLASH-BACK SUR LES PILLAGES POST IRMA

CR pensait être convoqué devant le tribunal pour un simple défaut de paiement d’amende ou plus exactement pour fournir le justificatif du règlement des 400 € qu’il avait effectué en mars 2018. Mais la justice n’ayant pas eu connaissance de ce règlement, toute l’affaire a donc été reprise dans les détails. A savoir, le pillage le 6 septembre 2017 des sociétés Siccardi et Grappe Wine. Une affaire dont on avait effectivement beaucoup parlé car CR avait été identifié grâce, à cause, d’un reportage télévisé qui le montrait avec d’autres personnes lors d’une soirée post Irma arrosée autour d’une table bien garnie.
Lors de la perquisition à son domicile où les gendarmes retrouvent une grande quantité de boissons et de denrées alimentaires, il s’était justifié, et hier encore, arguant que les sociétés aujourd’hui parties civiles avaient donné leur autorisation. Il avait donc pris les produits de première nécessité. Mais la notion de première nécessité est tout relative quand il s’agit de foie gras, de grand crus en jéroboam, de champagne, de cigares, de cognac ou rhums vieux. 
Le ministère public requiert un mois de prison pour CR, qu’il qualifie de voyou. L’avocat de la partie civile demande 2000 euros d’amende pour frais d’avocat, 10 000 euros pour préjudice moral et 173 267,99 euros de préjudice matériel ! CR s’était pourtant présenté dès le début de l’audience avec une copie du justificatif de son règlement, mais une copie ne fait pas foi devant un tribunal, c’est l’original qui est requis, et celui-ci aurait été déposé au tribunal … Le verdict sera rendu le 13 juin prochain.

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