REORGANISER LE MAILLAGE

Si la loi Anti-Gaspillage et Economie Circulaire (AGEC) tente de répondre de manière forte à l’urgence écologique, sur notre territoire, l’obligation du tri pour les particuliers se heurte à un manque d’infrastructures pour assurer cette collecte sur le terrain. Pour l’heure, seule une quarantaine de bornes de collecte volontaire assurent le maillage côté français après les destructions engendrées par Irma : «Nous allons ré-habiller le génie civil en 2024 avec 125 bornes supplémentaires pour le verre, et 125 bornes pour le plastique, explique Anaëlle Rapy, chargée de mission «gestion des déchets» à la Collectivité. Nous allons également rajouter 15 alvéoles sur le territoire près des points de poubelles stratégiques afin de récolter séparément les déchets verts et les encombrants, et obtenir ainsi un gisement propre». Déjà présentes à Marigot, Concordia ou Quartier d’Orléans, les petites corbeilles de tri utilisées pour les déchets hors foyers dit «déchets nomades» vont elles aussi se multiplier, puisque 50 unités supplémentaires sont attendues dans les différents points stratégiques cette année. Des zones comme l’îlet Pinel ne sont pas exclues de ce maillage. Pour autant, ces poubelles de petites tailles ont la particularité d’être vite prises d’assaut et sont donc presque toujours saturées: «La Collectivité en a temporairement assuré la collecte le temps que le prestataire de ce marché soit notifié, explique Anaëlle Rapy. C’est désormais chose faite, et la collecte va pouvoir être plus régulière». Anaëlle qui précise toutefois que grâce aux consignes de tri expliquées en images, les déchets étaient globalement bien jetés.

SPECIFICITES LOCALES

Un écueil existe tout de même : la collecte de biodéchets de nourriture imposée par la loi AGEC qui est plus difficile à mettre en place sur notre territoire que dans l’Hexagone. En effet, multiplier les bacs de biodéchets dans nos conditions climatiques pose un problème en termes de prolifération de nuisibles. La distribution de composteurs à la population est donc la piste privilégiée par la Collectivité :«Nous allons lancer un marché pour la fourniture de composteurs et inviter les personnes intéressées à venir les récupérer, reprend Anaëlle Rapy. Les résidences et les syndics en recevront des plus grandes et pourront les placer dans un endroit commun lorsque cela est possible». La généralisation des bennes de tri directement chez les particuliers succédera-t-elle un jour aux bornes de collectes volontaires ? «Toutes les routes de l’île ne sont pas dimensionnées pour accueillir les camions de ramassage, répond Anaëlle, mais faire l’effort de se rendre à ses bornes permet une collecte plus rapide. A titre de comparaison, en Guadeloupe où les particuliers disposent de bornes chez eux, le ramassage n’est pas assuré quotidiennement, puisque le verre et le pastique sont collectés à des jours différents, une fois par semaine». En revanche, une deuxième déchèterie devrait voir le jour en 2025 à Mont Vernon face au leader Price afin de désengorger celle de Gaslibay, et peut-être une troisième à plus long terme.

INFORMER LE PUBLIC

«Lorsque les moyens seront mis en place, nous feront une campagne de sensibilisation menée par des ambassadeurs de tri polyvalents qui iront notamment dans les écoles, annonce la chargée de mission. Ils iront aussi dans les maisons pour expliquer comment gérer les biodéchets, car il n’y a pas que le plastique et le verre qui posent problème. Il y a beaucoup d’autres déchets qui sont enfouis aujourd’hui alors qu’ils peuvent être valorisés, les équipements électroniques, les fours, les machines à laver, etc. Tout cela doit être repris et recyclé. Même chose avec les déchets verts qui servent à faire du compost pour le jardin et ne doivent pas être jetés dans les poubelles classiques. » L’ensemble des 250 bornes attendues sur le territoire devraient être installées au deuxième trimestre 2024.