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Les avocats refusent de plaider en présence de la Vice-Procureure

Les avocats refusent de plaider en présence de la Vice-Procureure

23 février 2024

Alors que le torchon brûle depuis plusieurs mois entre la Vice-Procureure de Saint-Martin et les avocats, ces derniers ont refusé de plaider ce jeudi 22 février, signant le début d’une contestation de l’ensemble de la profession sur le territoire. 

Quelle ne fût pas la surprise de la salle d’audience ce jeudi au Tribunal de Saint-Martin : lors de l’ouverture, Marie-Michelle Hildebert, membre de l’Ordre des avocats et mandatée par le Bâtonnier pour le remplacer, s’est avancée devant la Présidente du tribunal afin de lire une motion rédigée la veille et ainsi expliquer les raisons «de ce qui n’est pas un mouvement d’humeur mais une contestation pour mettre un terme définitif à des incidents déplorables que nous constatons au sein de cette juridiction depuis plusieurs mois, si ce n’est depuis plusieurs années» a-t-elle annoncé.

À la suite de la lecture de la motion, les avocats appelés pour défendre des affaires ont un à un refusé de plaider, devant l’étonnement de certains justiciables. «À compter d’aujourd’hui, tant que cette Vice-procureure sera à cette place, au Parquet, aucun avocat du barreau ne plaidera de dossier », a insisté l’Ordre des avocats.

L’INCIDENT DE TROP

Parmi les agissements que dénoncent les avocats, un épisode qui s’est déroulé au Tribunal jeudi dernier a été la de goutte trop. Lors de l’audience, la Vice-Procureur n’aurait pas apprécié la présence d’un avocat dans la composition du tribunal. Interrogé, l’avocat concerné Maître Vayrac l’assure : «Manifestement on m’a pris en grippe. Je rendais service et j’ai appris au milieu de l’audience que la Vice-Procureure refusait de revenir plaider en ma présence et exigeait une modification de la composition du tribunal». Un événement qui a engendré une attente interminable pour les justiciables présents jeudi dernier.

Cet épisode est également énoncé dans la motion, cette dernière rappelant que « les avocats sont des auxiliaires de justice» et que de tels agissements «violent le droit à un procès équitable prévu par l’article 6 de la Convention Européenne des droits de l’homme».

Une second motion, cette fois de l’Union des jeunes avocats de Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy (UJAG SXM SBH), revient également sur cet épisode affirmant que la «Viceprocureure a montré tout le mépris que lui inspirait la profession d’avocat en refusant de se présenter à l’audience », qualifiant ces agissements «d’atteintes graves à la dignité de la profession d’avocat ».

UNE VOLONTÉ DE JUSTICE « SEREINE »  

À la sortie de l’audience, Maître Pascal Bon l’affirme : «Il était très important de faire le déplacement. Le problème n’est pas la personne mais plutôt le comportement», ajoute l’avocat à propos de la Vice-Procureure. «Le sujet est délicat mais nous souhaitons être sur place et présents aux côtés des avocats du territoire».

Un avis que partage Marie-Michelle Hildebert. «Nous sommes soulagés en tant que membres du Conseil de l’Ordre que les confrères de Saint-Martin prennent conscience que c’est le même barreau, que nous ne les abandonnons pas et que nous avons pris conscience qu’il y a de graves difficultés». Une décision de ne plus plaider qui risque d’avoir des conséquences dans les semaines à suivre. «C’est une décision très forte. Lorsque l’on décide de ne pas plaider, on fait dysfonctionner le système », avoue Marie-Michelle Hildebert. «On a conscience des conséquences que cela peut engendrer mais malheureusement on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. La justice doit être impartiale, paisible et sereine », conclut-elle.

Tous assurent vouloir le retour d’une justice apaisée. La Vice-Procureure, de son côté, était la grande absente de l’audience. « Un magistrat a le devoir de prendre de la hauteur», déclare pour sa part Babacar Diallo, avocat en Guadeloupe et membre du Conseil du l’Ordre. «De part son placement dans la salle d’audience mais aussi une hauteur d’âme vis à vis des justiciables, des avocats et, surtout, ce devoir de respect». Nous reviendrons sur cette affaire dans nos prochaines éditions.  

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