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Harcèlement scolaire : Libérer la parole et rompre l’isolement

Harcèlement scolaire : Libérer la parole et rompre l’isolement

14 novembre 2023

Jeudi 9 novembre dernier, décrétée journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, un public venu en nombre et très hétérogène se réunissait dans la salle d’audience du tribunal historique, afin d’apprendre des autorités judiciaires, de gendarmerie et de l’éducation et de débattre sur le thème du harcèlement scolaire. Un sujet qui peu à peu sort des réserves du tabou. 

LE SYMBOLE DE LA SALLE D’AUDIENCE

La conférence-débat sur le harcèlement scolaire se tenait dans la salle d’audience du tribunal historique de Saint-Martin, en ce lieumême où les mineurs sont jugés à huis clos pour leurs délits commis. Devant un public composé de nombreux collégiens et lycéens, de parents d’élèves, de personnel de la communauté éducative, mais aussi de particuliers, tour à tour la présidente du tribunal, le vice-procureur, une avocate représentant le barreau de Guadeloupe, le vicerecteur et son chargé de mission, le colonel de gendarmerie et le gendarme-chef référent de la Maison de Protection des Familles, une psychologie scolaire et le directeur de l’association France Victimes 978, à l’origine de l’événement, ont exposé les dispositifs existants et mis en place localement pour venir en aide aux victimes de harcèlement scolaire. Un sujet dont le gouvernement et son ministère de l’éducation en ont fait une priorité, à la suite de suicides d’élèves harcelés.

LES PARENTS ET LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE DOIVENT ÊTRE ATTENTIFS

Tous se sont accordés à dire que pour lutter contre le fléau, le plus important est de libérer la parole. En parler, et encore en parler ! Ne plus avoir honte d’être une victime. A l’instar du fléau touchant les femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales et les victimes de violences sexuelles, à force d’en parler ouvertement tant par des campagnes menées par les autorités que par des victimes ou des proches de victimes qui vont oser dénoncer les actes, mais aussi par la mise en place de dispositifs afin d’accompagner les victimes de violences, ces dernières ont de plus en plus le courage d’aller dénoncer leur bourreau et force est de constater aujourd’hui que les statistiques ont radicalement explosé s’agissant de ces délits. C’est idem pour le harcèlement scolaire. Le travail commence à peine mais le directeur de France Victimes, Olivier Fatou, en est convaincu, il portera ses fruits à terme. On estime que le harcèlement scolaire est présent dans tous les établissements scolaires et toucherait 10% des élèves… Mais, faute de plainte, aucun délit de la sorte n’est pour l’heure devenu un dossier judiciarisé. Parents et communauté éducative doivent être attentifs à tout changement de comportement chez un enfant ou un adolescent, premier signe qui peut être la cause d’un harcèlement.

UN TÉMOIN QUI NE PARLE PAS DEVIENT COMPLICE

Pendant cette après-midi de jeudi dernier, la diffusion d’un extrait de film basé sur des faits réels, mettant en scène une jeune collégienne victime de harcèlement scolaire qui se suicide, a tenu en haleine l’auditoire. Comme si ce film provoquait à chacun une résonnance d’un fait vécu, soit comme victime ou proche de victime, ou comme témoin. Et les autorités judiciaires l’ont réaffirmé, le harcèlement scolaire est devenu un délit depuis la loi de mars 2022. Ainsi, pour une personne majeure, être témoin d’un délit de harcèlement scolaire sur un mineur de moins de 15 ans sans le dénoncer, relève de la non-assistance à personne en danger, punissable d’une peine pouvant aller jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amendes. Quant aux harceleurs, s’ils sont mineurs, ils sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu’à 1 an et demi d'emprisonnement et 7.500 euros d'amende. Si le harcèlement a conduit au suicide ou à la tentative de suicide, la peine d’emprisonnement peut être bien supérieure.

UN ÉLÈVE-AMBASSADEUR « NON AU HARCÈLEMENT » NOMMÉ PAR NIVEAU DE CLASSE

Parmi les mesures gouvernementales mises en place récemment, outre la grille d’évaluation que devra désormais remplir chaque élève, du CM2 au lycée, dans chaque niveau de classe est nommé un élève-ambassadeur « non au harcèlement ». Les élèves étant les premiers spectateurs de ces situations de harcèlement, les ambassadeurs ont un rôle central à jouer, veillant sur leurs camarades et venant dénoncer des faits qu’ils auraent pu constater. Car dénoncer ces faits n’est pas être un snitch (mouchard, NDLR), mais permet de rompre l’isolement de la victime et peut sauver des vies.

Pour rappel, il existe deux numéros verts, le 3020 et le 3018, joignables depuis un téléphone portable, disponible 7j/j, de 9h à 23h (heure de la France hexagonale, soit de 4h du matin à 18h, heure de Saint-Martin). Une équipe dédiée, composée de psychologues, de juristes et de spécialistes des outils numériques, répond aux appels et accompagne les jeunes victimes de harcèlement, leurs parents ou leurs proches.    

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