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Une pièce de théâtre contre les violences faites aux femmes crée l’évènement

Une pièce de théâtre contre les violences faites aux femmes crée l’évènement

01 décembre 2023

Vive émotion lors de la représentation "Des maux mots d'amour" organisée par la Préfecture et les services de l’Éducation nationale des îles du Nord, pour sensibiliser contre les violences conjugales. 

Il était difficile de retenir ses larmes mercredi soir face aux comédiens amateurs réunis dans la cour de l’école Émile Choisy pour incarner la glaçante réalité des violences faites aux femmes. La pièce a été réalisée par la chargée de mission du service de l'Education Nationale Evelyne Fleming. Majoritairement issus de la fonction publique, ces derniers ont donné à voir les tiraillements des hommes face aux discours féministes, ainsi que la triste réalité des victimes, impactées aussi bien physiquement que psychologiquement.

Face à eux, des élus de la collectivité et des acteurs engagés dans cette lutte, à l’instar de la gendarmerie, des associations, ou encore de la CAF, qui a annoncé la mise en place ce 1er décembre d’une aide universelle d’urgence à destination des personnes obligées de quitter leur logement pour se protéger.

Sur scène, des séquences d’un réalisme troublant, parfois difficiles à regarder, se sont succédé : comme cette femme ruée des coups disant «il me frappe parce qu’il m’aime», ou cette victime présentant des ecchymoses, et suppliant la police de relâcher son conjoint, tout en invectivant les voisins pour avoir appelé la police: «De quel droit osez-vous vous immiscer dans notre vie privée, vociférait-elle, vous ne connaissez rien à l’amour, comment je vais faire toute seule maintenant !». Fausses couches provoquées, perte d’estime de soi, illusions brisées, déni… Toute la complexité de ces violences a été soulevée, y compris lorsque ce sont les femmes elles-mêmes qui en sont les auteures.

La pièce a culminé avec un moment presque insoutenable montrant une petite fille, doudou à la main, demander «Elle est où ma maman», tandis que le corps sans vie de sa mère gisait au sol. Face à l’émotion vive suscitée par ces scènes poignantes, certaines spectatrices ont quitté le spectacle précipitamment, tandis que le préfet délégué Vincent Berton qui assistait à la pièce l’a qualifiée de «dérangeante, puissante et tragique ». Notamment parce qu’elle donne à voir l’acceptation par les victimes de leur terrible sort.

NE PAS SE TAIRE

Un à un, l’ensemble des acteurs mobilisés dans la lutte contre ces violences ont pris la parole pour préciser leur périmètre d’intervention. Le lieutenant-colonel Wintzer a ainsi rappelé le rôle de la gendarmerie auprès de ces femmes, mais aussi des mineurs sur l’île : « Nous sommes la première oreille et le dernier rempart», a-t-il déclaré en mentionnant le dispositif SIP, qui permet aux victimes dont les plaintes ont été classées sans suite par exemple d’être enregistrées dans un fichier spécifique : « Il suffit de venir à la gendarmerie pour faire partie de ce dispositif qui nous permet d’accéder à votre dossier dès que vous composez le 17 et d’intervenir sur le champ, même si vous ne pouvez pas vous exprimer. »

France Victime 978 a également tenu à répéter que les atteintes physiques, sexuelles, administratives, économiques et psychologiques étaient toutes encadrées par la loi, tandis que Jeanine Arnell, référente de ces violences auprès de la Collectivité a annoncé la création d’un observatoire qui relayera les efforts de l’ensemble des acteurs afin d’obtenir des chiffres pour Saint-Martin.

Les associations de Sint Maarten telles que Prominent Women étaient également présentes pour dire aux femmes de ne pas se taire. Safe Heaven a par exemple mis en place une hotline d’urgence disponible 24/24h, 7/7 jours, ainsi que le seul hébergement d’urgence du sud de l’île.

Le psychologue clinicien Fred Galva a clôturé l’évènement en soulignant l’importance de la prise en charge des auteurs de violences eux-mêmes qui la plupart du temps n’éprouvent pas de culpabilité et ne réalisent pas l’incidence de leurs actes, voir se positionnent en victimes.

Face à l’exposition des enfants à ces violences intrafamiliales, Vincent Berton a affirmé qu’il apporterait son recours à la création d’un espace d’accueil parents/enfants où les pères violents pourraient exercer leur autorité parentale, sans intenter à l’intégrité de leurs ex-compagnes à leur domicile.  

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