C’est la fin d’un conflit qui aura duré 6 ans. Ce mercredi, le président Louis Mussington, le PDG de la Semsamar, Alain Richardson et le président de l’Établissement portuaire, Arnel Daniel, ont signé un protocole d’accord permettant à la Collectivité de mettre fin à la délégation de service public (DSP) confiée à la Semsamar en 2007, et de récupérer la pleine gestion de la Marina, en accord avec ses partenaires.

UN CONFLIT « ROCAMBOLESQUE »  

Pour comprendre les raisons de ce conflit opposant la Collectivité et la Semsamar, il faut remonter au moment de la reconstruction post-Irma, en 2018. À cette époque la Samagest, filiale de la Semsamar et détentrice de la DSP souhaite modifier le contrat qui la lie avec la Collectivité en raison des nombreux travaux de reconstruction à réaliser et des coûts importants engendrés. C’est le début de nombreuses années de conflit entre les deux intéressées, dont la grande perdante reste la Marina, comme le rappelle le président de la Collectivité : «À force de se poser la question de qui gère quoi, la Marina Royale se dégradait, conduisant certains restaurateurs à quitter les lieux ».

Un avis également partagé par Alain Richardson : «Ce conflit a eu de nombreux effets négatifs sur la vie de la Marina au-delà de ce que Irma avait déjà causé », assure-t-il, rappelant également que l’actuelle Collectivité a dû faire face à cette situation dès son arrivée en 2022. Un conflit jugé de son côté « rocambolesque » par Louis Mussington qui rappelle que la Collectivité est l’actionnaire majoritaire de la Semsamar.

La Collectivité a donc souhaité trouver un accord à l’amiable; la Semsamar a depuis organisé de nombreux travaux sur les lieux, notamment en termes de sécurisation, note Alain Richardson. «Malheureusement, cela n’était pas encore suffisant pour relancer l’activité économique de la Marina», nuance-t-il.

ET MAINTENANT ?

Grâce à la signature de ce protocole, la Collectivité reprend dorénavant l’exploitation et la gestion de la Marina Port la Royale, au même titre que la Marina Fort Louis. D’ailleurs, la Collectivité l’assure, la stratégie en ce qui concerne la suite de la future gestion ne doit pas traiter individuellement chaque marina, mais gérer les deux lieux dans un seul et même ensemble. «Ce sont deux poumons économiques de l’île », déclare pour sa part Alain Richardson. Grâce aux décisions que prendra la Collectivité, le PDG de la Semsamar l’assure : les deux marinas vont reprendre beaucoup plus de dynamisme et cet accord permettra à la Marina Royale de retrouver sa place et de séduire à nouveau résidents et touristes. Le lieu est dorénavant confié à l’Établissement Portuaire, qui gère déjà la Marina Fort Louis. De son côté, la Semsamar doit dresser un bilan sur la reconversion du lieu. Un cahier des charges doit être prochainement établi avec, dans le cas échéant, l’objectif de lancer une consultation en vue de la réattribution d’une nouvelle délégation de service public.

Avec cette signature, la Semsamar versera une indemnité à la Collectivité pour solde de tout compte. « C’est un accord équilibré et dans l’intérêt du territoire, comme des deux parties », commente Alain Richardson.

À la question de la future gestion s’ajoute celle du foncier qui dans sa majorité appartient à des propriétaires privés. La Collectivité est propriétaire du port de plaisance de la Marina Royale, du chenal d’accès et du bâtiment de l’Auberge de Mer. Avec cette nouvelle dynamique souhaitée par les autorités, les propriétaires auront eux aussi tout intérêt de rénover.

«De nouvelles demandes d’installation de boutiques ou de restaurants devraient avoir lieu. La marina doit se moderniser et se mettre aux normes afin de correspondre aux besoins du marché. Il faut trouver le bon modèle économique » ajoute-t-il.

Un nouveau souffle qui s’annonce pour la Marina et pour ceux qui gravitent autour. Interrogé, Yann Lecam, président de l’association des commerçants de Marigot, ne cache pas son soulagement : « Cela faisait des années que nous attendions ce moment, cette signature est une étape importante pour permettre à la Marina de retrouver l’animation qu’elle possédait il y a plusieurs années », dit-il avant d’ajouter : « Ce que nous souhaitons maintenant, c’est que les commerçants et restaurateurs soient concertés pour le futur. La vie du site commence à reprendre et il ne faudrait pas que les commerçants qui sont là depuis le début soient écartés du projet». Affaire à suivre !