Qui d’entre nous ne s’est jamais dit que cette factrice que l’on voit rouler dans Marigot et Sandy Ground avait bien du courage ? Si la distribution du courrier à vélo est chose commune en métropole, à Saint-Martin Sylviane Kervern est un peu un ovni dans le milieu. Car il s’agit bien d’un choix de sa part et non d’une punition, comme se sont interrogés ses collègues lorsqu’elle a commencé ses tournées à vélo en 2018.

Fille de facteur et factrice, Sylviane Kervern a grandi en Bretagne dans le monde de la poste. « Mon père m’emmenait en tournée avec lui, j’adorais ça car les gens me donnaient des bonbons », se souvient- elle avec amusement. La question du choix de carrière ne s’est donc pas vraiment posée pour Sylviane qui a naturellement embrassé ce métier familial. Après 7 ans à exercer à Paris en tant que « rouleur », c’est-à-dire en remplacement des facteurs titulaires, elle est retournée dans sa région natale où elle s’est vue confier une tournée fixe qu’elle a choisi de réaliser à vélo. En 2016, lorsqu’elle s’est installée à Saint-Martin après 15 ans passés en Bretagne, on lui a proposé un scooter. Mais Sylviane a fait rapidement la demande pour un vélo électrique, « moins lourd que le scooter, plus sympa » et finalement « plus économique » pour son employeur. De nature sportive, elle s’est toujours sentie « plus à l’aise en vélo » qu’en véhicule à moteur. À 54 ans, son sport quotidien la maintient en forme. « C’est pratique, je fais du sport en travaillant et ensuite je suis tranquille l’après-midi ». Et Sylviane ne fait pas les choses à moitié puisqu’elle se rend également au centre de tri avec son vélo personnel tous les matins.

CHALEUR ET CONTACT AVEC LES GENS

Elle enfourche ensuite son vélo électrique jaune pour une tournée d’environ 8 kilomètres. Depuis 7 ans, Sylviane livre le courrier sur le front de mer de Marigot et dans le quartier de Sandy Ground. Des zones avec très peu de relief qui semblent pour elle une promenade de santé. « C’est finalement beaucoup plus facile ici qu’en Bretagne », estime-t-elle. Si la distance n’est pas un problème, « la chaleur est pénible, surtout en ce moment », reconnaît la factrice. Crème solaire, casquette et lunettes de soleil sont ses équipements obligatoires pour se protéger du soleil, déjà très écrasant lorsqu’elle débute sa tournée à 8 heures du matin.

Malgré cela, Sylviane ne changerait pour rien au monde son mode de transport, dont aucun de ses collègues masculins ne veut. Elle aime le contact avec les gens que lui permet son métier, facilité encore davantage par le vélo. « J’aime rencontrer du monde. Dans ma zone les gens sont souvent à la maison, et au bout de 7 ans je commence à connaître tout le monde ». Sylviane Kervern a trouvé son mode de fonctionnement. Son objectif : continuer comme ça tant qu’elle le peut !