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Les femmes, seules face à la violence

Par Ann Bouard
04 June 2021
43 féminicides depuis le début de l’année en France. Toutes ces femmes sont mortes sous les coups de leur mari, compagnon, ex-conjoint … La moitié d’entre elles étaient mères; plus de 40 enfants sont aujourd’hui orphelins et neuf ont assisté à la mort de leur maman. Des chiffres édifiants qui ne font pas état de toutes les autres femmes, blessées, traumatisées, de celles qui subissent des violences au quotidien sans les dénoncer.
 
Un phénomène de société inquiétant qui pose questions : celle des moyens, insuffisants, pour protéger les femmes, celle de la justice, des condamnations, car beaucoup des auteurs sont récidivistes. C’était le cas des deux hommes qui se présentaient, en comparution immédiate jeudi, devant le tribunal de Saint-Martin. Deux couples, deux contextes, mais une même issue, des femmes battues et dévalorisées aux yeux de la société.
 
La femme N'EST PAS UN PUNSHING BALL !
 
Le premier à se présenter, âgé de trente ans, a déjà un casier judiciaire qui fait état de sept condamnations, dont une en 2018 pour violence en réunion, des faits similaires à ceux qu’il a commis le 15 mai dernier. Cette fois sa compagne, qui a préparé le dîner à 17h, lui téléphone pour qu’il rentre à la maison. Mais l’homme préfère rester dehors à « boire des coups avec les copains ». Elle s’accorde un moment de répit en allant faire des achats à Philipsburg et jouer quelques dollars au casino. Quand elle revient, sur le chemin de la maison un copain de son compagnon lui dit que celui-ci l’attend pour la frapper. Les faits sont habituels, à tel point que la jeune femme enlève ses bijoux avant de rentre chez elle pour éviter qu’il les casse. A peine rentrée, il lui assène des coups de poings au visage, devant ses potes qui regardent le spectacle. Elle a le visage en sang, essaye de s’enfuir, mais tombe à terre. Il en profite pour la frapper sur tout le corps. C’est une voisine qui va intervenir et téléphoner aux gendarmes. Lors de son audition il reconnait l’ensemble des faits mais s’excuse devant le tribunal promettant que l’on ne l’y reprendrait plus. Il dit avoir agi de la sorte car il pense qu’elle le trompe.
Placé sous contrôle judiciaire depuis les faits, l’homme a été condamné à un an de prison avec sursis probatoire de deux ans, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime de quelque manière que ce soit, et à ne pas détenir d’arme pendant cinq ans.
 
Mari récidiviste : éviter l’irréparable
 
Le second âgé de quarante-cinq ans, a fait l’objet de trois condamnations entre 2008 et 2012 et a purgé une peine de huit ans d’emprisonnement pour violence avec arme ayant entraîné la mort … sans intention de la donner.
Cette fois, ce père de deux enfants, a déversé ses accès de violence sur son épouse. Chaque jour, insidieusement, il la rabaisse, l’insulte, la dénigre, lui impose des attouchements contre sa volonté, lui donne des claques et ce même durant sa grossesse. Il en arrivera à lui mettre la lame d’un couteau sous la gorge et la poitrine et à la menacer de mort. Lors de l’enquête sociale, l’homme est resté muet et a refusé de répondre à toutes les questions. Arrivé sous escorte, il a sollicité un délai pour préparer sa défense. Le vice-procureur a demandé son maintien en détention estimant que face aux menaces de mort il était important de prévenir la réitération des faits. Le tribunal a suivi les réquisition du ministère public et prononcé son transfert à la prison de Basse-Terre en Guadeloupe, où il sera jugé le 29 juin prochain en présentiel. Sa femme, présente au tribunal, pourra assister au procès en Visio. En réel danger, elle est la première victime à Saint-Martin à bénéficier du dispositif TGD (téléphone grave danger). Le couple est en instante de divorce.
Les femmes victimes de violences peuvent contacter en toute confidentialité l’association France Victime de Saint-Martin au 06 90 37 84 01.
 
Ann Bouard

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