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Tours de magie et magnétisme … les armes de la séduction

Par Ann Bouard
30 March 2021
Trois femmes ont porté plainte contre un individu pour agression sexuelle. Les faits, au mode opératoire assez étrange, se sont déroulés au printemps 2019. L’homme était jugé jeudi dernier devant le tribunal de Saint-Martin.
 
L’homme, 66 ans au moment des faits, marié et père de trois enfants majeurs, est décrit par son avocat comme quelqu’un de charismatique, élégant et portant beau. Arrivé depuis peu sur le territoire, il exerçait le métier de commercial indépendant, pour notamment « L’essor », le journal de la gendarmerie Nationale ; une caution sérieuse pour les gens qu’il approchait, hommes ou femmes. Mais la vente d’encarts publicitaires était seulement une entrée en matière. Ce n’était pas la seule corde à son arc ; il se targuait d’avoir suivi des formations de sophrologie et de réflexologie et d’avoir un don, celui de magnétiseur. Un profil séduisant, au premier abord, d’autant que dans sa panoplie de séducteur il y avait aussi des tours de magie. Il débutait toujours la première rencontre en faisant léviter des paires de lunettes ou des pailles !
 
Trois victimes, trois profils
 
La première victime, d’une quarantaine d’années, le reçoit chez elle après avoir été contactée par téléphone, pour la négociation d’un encart publicitaire. En arrivant, il la trouve « stressée » et lui propose une séance de magnétisme, qu’elle accepte. Durant la séance, le compagnon de celle-ci ne note rien de suspect et remonte à l’étage. Il dira qu’il a retrouvé sa compagne groggy lorsqu’il est redescendu une vingtaine de minutes plus tard. Elle affirmera s’être sentie comme hypnotisée et expliquera qu’il a mis ses mains sur ses seins et sur son sexe alors qu’elle était incapable de bouger ou de parler.
A la même période, une autre femme, septuagénaire, rencontre l’individu par l’intermédiaire de son mari. Au cours d’un dîner, organisé par le mari, il exerce ses talents sur plusieurs personnes de l’assistance. Quand vient le tour de cette femme, il s’avoue fatigué et lui propose de la recontacter pour une séance ultérieure. Ce qu’il fait en lui donnant rendez-vous dans l’hôtel où il séjourne. Dans sa déposition, elle expliquera qu’il lui a demandé d’écarter les jambes et a mis ses mains sur son pubis. Quand il a voulu s’aventurer plus loin prétextant qu’il devait avoir accès à « ses parties chaudes et qu’elle devait lui pincer les tétons pour recharger son énergie », elle quitte les lieux précipitamment.
Pour la troisième victime, beaucoup plus jeune, il va sans détours et par surprise lui toucher les seins sous le T.Shirt en public dans le bar où elle travaille. Celle-ci aura le réflexe de le repousser en le traitant de fou. L’homme aura pour excuse « tu as de beaux seins » !
L’avocat de l’une des victime a déploré que comme toujours dans ce type d’affaire, ce soit toujours la parole de l’un contre l’autre, et que trop souvent dans les cas d’agressions sexuelles, la victime doive se justifier sur son comportement avant l’acte.
L’avocate du prévenu, elle, s’interroge tout de même sur le fait que le psychiatre qui a examiné son client soit le même que pour la première victime, que les personnes présentes lors de l’agression de deux des victimes n'aient pas été auditionnées et que parmi toutes celles manipulées (au sens propre) personne n'ait rien eu à redire, alors qu’elles sont presque une centaine.
 
La manipulation comme philosophie
 
Le procureur rappelle l’énoncé du casier judiciaire de l’homme, qui compte déjà huit mentions pour escroquerie, blanchiment d’argent, menace d’attentat et en 2006 pour agression sexuelle. Il note que les délits sont commis par séries, puis s’arrêtent avant de se reproduire. Une situation qui peut s’expliquer par la double nationalité du prévenu, franco-israélienne, et des séjours intermittents sur le territoire français. Il n’était d’ailleurs pas présent à l’audience, et en Israël actuellement selon son avocate. Il a d’ores et déjà écopé de lourdes peines pour ces méfaits qui reposent tous sur la manipulation des personnes, cette fois au sens figuré. Il requiert à son encontre une peine de dix-huit mois de prison, dont six avec sursis et son inscription au Fijais.
Cette fois la magie ne viendra pas à son secours car après délibérations, le tribunal l’a condamné à trois ans de prison, une interdiction de séjour sur le territoire français pendant cinq ans, à verser 2500 € à deux victimes et 1 € symbolique à la troisième (qui ne souhaitait pas être indemnisée mais voulait qu’il soit condamné pour éviter les mêmes déboires à d’autres femmes). Il sera de plus inscrit au fichier des délinquants sexuels.
 
Ann Bouard

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