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Drogue, alcool, violence, vol : le quotidien du tribunal

Par Ann Bouard
04 April 2019
Trois prévenus dans le box des accusés mercredi. Trois affaires, chacune dans un registre et avec un degré de gravité différents, mais qui mettent en exergue les problématiques locales : l’alcool, la drogue et la violence.
 

Outre la comparution d’un résident de Saint-Barth pour circulation sans permis de conduite avec 0,8g d’alcool dans le sang, et pour laquelle il écope d’une peine aménageable de douze mois de prison dont six avec sursis et d’une amende de 1000 euros, les deux autres affaires, en récidive, mettaient l’accent sur des dérives sociales, de plus en plus fréquentes.

LA DESCENTE AUX ENFERS

Déjà seize condamnations pour cet homme de quarante-sept ans, qui comparaissait pour vol par effraction dans un magasin d’optique du centre de Marigot. Il était accusé d’avoir dérobé 152 montures de lunettes, de marques pour la plupart, et un smartphone, pour un montant estimé par la partie civile à 15 658 euros. Selon ses propres dires, il était sous l’emprise du crack lors des faits, n’aurait subtilisé qu’une cinquantaine de montures revendues chacune 10 $ pour pouvoir acheter nourriture et doses de drogues. Originaire de Sedan, détenteur d’un diplôme de mécanicien agricole et d’un BAC comptabilité, consommateur d’herbe, sa vie a basculé lors d’un drame familial, le décès de sa compagne et de leur enfant. 
L’addiction à l’héroïne pour laquelle il est soigné, puis au crack, ses nombreuses condamnations, l’ont conduit au statut de SDF depuis 2004, sans emploi et au RSA. Mais pour le procureur, ses problème ne peuvent être un paravent. « Saint-Martin n’a pas envie d’avoir dans les rues des crackés subventionnés par le RSA qui vandalisent les magasins ». Le tribunal le condamnera à huit mois de prison à Basse Terre. La demande de la partie civile quant à elle est renvoyée à l’audience du 2 mai.

RESPONSABLE OU PAS ?

La victime, présente au tribunal, attendait une amie samedi dernier devant un immeuble lorsqu'elle se fait attaquer à coup de couteau, apparemment sans raison, par le prévenu. Le pire est évité par l’intervention du cousin du prévenu qui le désarme. La victime est transportée à l’hôpital avec une plaie de dix centimètres à la gorge. Le prévenu, un saint-martinois de trente-deux ans, prend la fuite mais se présentera accompagné de son frère à la gendarmerie deux jours plus tard pour reconnaitre les faits.
Le dossier est complexe car le prévenu qui a déjà eu affaire à la justice à deux reprises pour des faits de violence a été déclaré responsable en 2015 mais irresponsable dans la seconde affaire. Les rapports psychologiques ont en effet démontré que l’homme souffre de schizophrénie et est sous tutelle de sa mère. Il semblerait qu’il ne prenne pas régulièrement son traitement, mais une injection lui avait été administrée seulement 24 heures avant les faits. Dès le début de l’audience, son avocate a donc fait valoir que l’expertise menée lors de sa garde à vue ne permettait pas de déterminer s’il était accessible ou pas à une sanction pénale et a demandé à ce qu’une expertise plus approfondie soit effectuée. Une requête approuvée par le ministère public. 
Le tribunal l’a placé donc sous contrôle judiciaire avec interdiction de tout contact avec la victime et obligation de soins et a ordonné son transport aux urgences de l’unité psychiatrique de l’hôpital LC Flemming accompagné de sa mère afin de déterminer si son discernement était altéré au moment des faits. Une affaire qui sort du cadre juridique et relève pour le moment du domaine médical. Le psychiatre devra rendre son rapport avant le 30 avril. Il sera examiné lors du jugement de l’affaire le 10 mai prochain

Ann Bouard

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