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Savoir reconnaitre le harcèlement scolaire

Par Ann Bouard
21 March 2023

Le harcèlement est une violence répétitive, physique, verbale ou psychologique perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’un ou d’une élève, qui est dans l’incapacité de se défendre dans un contexte précis. Cette violence sournoise peut avoir des conséquences lourdes sur l'épanouissement personnel et la réussite scolaire des enfants et des adolescents. Et contrairement aux idées reçues, les garçons sont plus harcelés que les filles.

On peut considérer qu'il y a harcèlement dès lors qu’il y a un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes, que les différentes formes d’agressions se répètent et s’installent dans le temps et que la victime est isolée et mise à l’écart par le groupe. Mais les situations sont souvent complexes et dans certains cas, la victime s’enferme sur elle-même, refuse de communiquer sur le problème et est dans l’incapacité de s’en sortir. Le sentiment de honte ou la perte d’estime de soi s’installent pernicieusement et peuvent dans les cas les plus graves conduire à des comportements autodestructifs, voire suicidaires.

LES DIFFÉRENTES FORMES DE HARCÈLEMENT

Pour s’amuser, pour rire ou pour faire pleurer, il en faut souvent peu aux harceleur pour lancer l’engrenage infernal et leurs comportements ne sont jamais les mêmes. Il s’agit de ne pas faire l’amalgame et de savoir distinguer ce qui relève d’une simple chamaillerie, d’une violence avérée et du harcèlement. D’autant que chaque individu n’est pas armé de la même façon pour y faire face. Les agresseurs ciblent souvent celui ou celle qui a une différence : une trop bonne élève ou au contraire un élève en difficulté, un enfant hypersensible, etc. Le harcèlement peut être physique (je te remets ou t’enlève ta capuche sans arrêt), psychologique (gestes de menace silencieux, chantage, moquerie…), verbal (insultes…), sexuel (attouchements, bisou forcé, regarder sous la porte des toilettes, …), discriminatoire (racisme, religion, origines, appartenance à des dispositifs tels qu’Ulys…). Avec le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, le cyber harcèlement (diffamation, rumeurs, photo qui prête à se moquer ou dégradante…) a fait son apparition et dépasse, lui, le simple cadre scolaire. 25 critères de discriminations sont reconnus par la loi.

LES SIGNES QUI DOIVENT ALERTER

Les victimes sont souvent seules face à cette menace diffuse et manifestent leur mal-être de manières différentes. Ce peut-être par la violence par réaction ou au contraire par un isolement volontaire. En classe, le décrochage scolaire, le changement de comportement, une baisse des résultats, le mutisme et l’absentéisme sont les principaux facteurs qui doivent entrainer une vigilance accrue. A la maison, l’anxiété, un état dépressif, l’isolement avec le refus de sortir ou un intérêt accru pour les jeux vidéo ou encore la somatisation avec des maux de tête ou de ventre à répétition ou l’apparition de maladies sont autant de signes qui doivent alerter.

QUE FAIRE ?

Enseignants ou parents ne doivent pas entrer directement dans le vif du sujet pour ne pas braquer la victime. Il faut être à l’écoute et instaurer un dialogue de confiance, le rassurer et le déculpabiliser. L’enfant ou l’adolescent doit se sentir soutenu. L’aide proposée par le milieu scolaire peut souvent suffire à le sortir de l’engrenage mais il est parfois nécessaire de prendre contact avec un responsable légal pour trouver des solutions adaptées ou de faire appel à des structures spécialisées (Trait d’Union, Maison de la protection des familles, etc). Pour les Pour le cyberharcèlement, un simple signalement de l’abus par email via le site peut s’avérer suffisant (CNIL). Mais parfois pour les cas plus graves, il sera nécessaire de porter plainte auprès de la gendarmerie en apportant une capture d’écran du site mis en cause.

La loi doit s’adapter

Le harcèlement scolaire est passible de trois ans de prison et de 45000 d’amende. La loi du 2 mars 2022 prévoit la création d’un nouveau délit de harcèlement scolaire avec des peines spécifiques tenant compte du nombre d'ITT allant jusqu’à dix ans d'emprisonnement en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime, plus une amende pouvant aller jusqu’à 150 000 €.

La loi réprime également le revenge porn (la vengeance pornographique), par la diffusion de photographies intimes. Depuis la loi du 7 octobre 2016, les documents ou enregistrements présentant un caractère sexuel obtenus avec le consentement de l’intéressé nécessitent son accord préalable avant leur diffusion. À défaut, la loi qualifie la pratique de délit. Les peines prévues sont de deux ans d’emprisonnement et 60 000 € d’amende. Malgré tout peu de condamnations.

Au niveau national, il y a eu seulement 100 condamnations pour cyber harcèlement en 2022. A Saint- Martin, deux affaires de harcèlement ont été jugées devant le tribunal l’année dernière, dont l’une pour un « revenge porn ». L’auteur des faits, âgé de 17 ans a été condamné à six mois de prison avec sursis.

Un concours pour impliquer les élèves dans la prévention

Dans le cadre du programme pHARe, le prix « Non au harcèlement » constitue un temps forts de l’année. Organisé par le ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse, il consiste à impliquer les élèves en leur donnant collectivement la parole et en leur demandant de créer une affiche ou un clip vidéo. Un jury académique remettra un prix « coup de coeur académique » d'une valeur de 1000€ et sélectionnera les lauréats pour la phase nationale. Dix lauréats nationaux recevront chacun un prix de 2000 € pour accompagner la mise en oeuvre de leur projet. Deux d’entre eux se verront également décerner une mention « coup de coeur des élèves », valorisée à hauteur de 1000 €. Toutes les productions lauréates pourront être utilisées comme outils de prévention. Le Collège Mont des Accord participe à ce concours et a envoyé une capsule de trois minutes sur le sujet.

Ann Bouard

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