Maison des Femmes : Clara Kata et Kalash ouvrent la porte du mécénat

La Maison des Femmes fonctionne bien… les femmes sont de plus en plus nombreuses à utiliser les services qu’elle propose. C’est un bon indicateur, car la parole se libère, les femmes s’inscrivent dans la démarche de sortir d’une spirale infernale, mais cela nécessite aussi de plus grands moyens. Vendredi dernier sa marraine, Clara Kata et l’artiste Kalash ont fait don de 10 000 €, ouvrant les portes du mécénat en attendant d’autres financements.
Clara Kata est le soutien de la première heure de la Maison des Femmes. Elle a accepté avec enthousiasme de s’investir dès son inauguration en juillet dernier en tant que marraine, et contribue dès que faire se peut à apporter sa pierre à l’édifice. Victime de violences conjugales dans le passé, elle a à cœur que la structure perdure, et pour cela l’argent est nécessaire ; le bénévolat ne peut tout résoudre, il faut pouvoir payer les salaires des professionnels intervenants. Elle est soutenue dans sa démarche par son compagnon, l’artiste Kalash, pour qui c’est une évidence également “de participer, pour sécuriser les femmes, surtout celles qui n’osent pas parler ou n’ont pas de lieu pour se réfugier”.
Ensemble, ils ont lancé un appel pour que d’autres mécènes leur emboîtent le pas.
Dans l’attente de la mission d’intérêt général
Plusieurs opérations ont d’ores et déjà été menées pour récolter des fonds, mais à moindre échelle. Ce chèque de 10 000 € est le don le plus important jamais reçu. Il « sera utilisé à bon escient pour les femmes et les enfants du territoire » et surtout pour envisager un avenir plus serein, a indiqué Sibel Aydin, directrice de la Maison des Femmes de Saint-Martin.
En effet, si ses ressources sont actuellement assurées par la Collectivité de Saint-Martin, par le biais d’une convention annuelle, et par le ministère de la Justice, il sera indispensable à l’avenir de diversifier les sources de financement pour pouvoir faire perdurer la structure.
En intégrant le collectif ReStart, la Maison des Femmes va pouvoir bénéficier de fonds tels que ceux de la Fondation Kering de François-Henri Pinault, mais pour qu’ils puissent être versés, il faut qu'elle obtienne une Mission d’Intérêt Général (MIG). La demande va être adressée à l’ARS (Agence Régionale de Santé) conjointement avec l’hôpital de Marigot.
Développer l’offre de soins
Association reconnue d’utilité publique, la Maison des Femmes a signé une convention avec le centre hospitalier Louis Constant Flemming, qui met à disposition des hospitaliers pour les permanences. L’obtention d’une MIG, concrétisée par une subvention de l’ARS, permettrait de pouvoir défrayer le personnel de l’hôpital, sans que cela impacte financièrement ce dernier. À terme, cela permettrait également de recruter une personne supplémentaire, telle qu’une infirmière coordinatrice, à mi-temps ou à plein temps.
Actuellement la Maison des Femmes fonctionne avec une psychologue à temps complet et deux chargées d’accueil, et doit mutualiser ses moyens avec ceux de France Victimes pour pouvoir proposer un véritable panel de services, notamment juridiques. Cet aspect, qui fait aussi la force de la Maison des Femmes grâce à l’aide des avocats et des gendarmes, aurait besoin d’être renforcé par un ou une juriste supplémentaire. Des permanences gynécologiques restent encore à mettre en place, et celles de pédiatrie sont assurées tous les vendredis après-midi bénévolement. Si certaines activités, comme le yoga (une fois tous les 15 jours) sont proposées aussi par des bénévoles, les cours de langues, la sophrologie, les massages, l’ostéopathie, les soins infirmiers sont assurés par des professionnels libéraux qu’il faut payer. Leurs interventions représentent un budget mensuel de 2000 €. Sans compter, le loyer des appartements d’urgence dans lesquels les femmes et les enfants subissant des maltraitances sont accueillis, et où ils trouvent un panier alimentaire, mais qui ne peut être renouvelé là encore faute de moyens, et c’est la Croix Rouge ou l’ALEFPA qui sont sollicités pour prendre la suite. Pour Olivier Fatou, à la tête de la structure, l’objectif est non seulement de pérenniser la Maison des Femmes, mais aussi de développer l’offre de soins… et pour cela il faut des fonds ! Tous les mécènes sont donc les bienvenus, que ce soient des particuliers ou des entreprises.
