Un nouvel atout pour Saint-Martin : l’industrie cinématographique et audiovisuelle

Le cinéma est une industrie qui ne connaît pas la crise. La Guadeloupe, la Martinique ou La Réunion ont investi dans la filière depuis une dizaine d’années. Saint-Martin entend leur emboîter le pas. La stratégie de développement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle par la Collectivité était présentée lors du dernier conseil territorial le 23 mai.
Fabienne Rioual, cheffe de projet
La richesse du territoire en termes de cultures, de populations, de paysages est un réel atout qui a d’ores et déjà séduit certaines sociétés de production. De Speed 2 en 1996 à Meurtre à Saint-Martin en 2024 (dont la diffusion devrait être programmée en octobre prochain sur France 3), plusieurs longs métrages, séries de téléréalités, téléfilms, et autres clips ont eu pour décor Saint-Martin. Restait à transformer ces essais sporadiques en une réalité récurrente et pérenne, mais aussi à ouvrir une nouvelle voie pour les jeunes. C’est ce à quoi s’est attachée Fabiola Rioual, cheffe de projet, en proposant de nouveaux débouchés et une nouvelle attractivité pour la destination. Elle présentait cette stratégie de développement aux élus vendredi dernier.
Le contexte
L’audiovisuel passionne plus d’un jeune, certains se sont lancés, et une petite cinquantaine de sociétés de production, d’enregistrement, d’édition de vidéos ou de programmes radio est recensée. Mais la situation du territoire (fiscalité particulière, accès à la culture restreint, soutien financier ou matériel inexistant..) freine leur développement et amène même certains à s’immatriculer dans d’autres régions de France pour accéder aux fonds régionaux alloués par le CNC. La Collectivité s’étant engagée dans un processus de diversifications des secteurs d’activités, il semblait naturel de créer une nouvelle opportunité pour développer des savoir-faire locaux. Au-delà, la structuration de cette filière permettrait d’attirer des sociétés de productions, pour de nouveaux tournages, avec les retombées économiques allant de pair.
Six axes concrets
Le développement de cette stratégie s’appuie sur six axes assortis d’actions concrètes programmées de 2025 à 2028. Pour soutenir la création et favoriser l’émergence de talents, un fonds d’aide sera créé et effectif au second semestre de cette année dès la signature de la première convention tripartite entre l’État par le biais de la Direction des Affaires Culturelles (DAC), le Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) et la Collectivité. Un comité de lecture sera constitué pour définir les critères d’attribution des aides.
Dans les actions phares, on retiendra la mise en place de dispositifs dédiés au soutien du parcours artistique, avec notamment une bourse pour accueillir des artistes en résidence sur le territoire et un partenariat avec une chaîne de télévision pour la diffusion des courts-métrages réalisés par des Saint-Martinois. Un bureau d’accueil des tournages est également au programme. Cette cellule, rattachée à la délégation attractivité, économie et emploi aura pour mission, entre autres, de faciliter les tournages de sociétés extérieures et pour ambition d’intégrer le réseau national des commissions du CNC dans les dix mois suivants sa création.
La création d’une chaîne publique locale est aussi dans les tablettes (tous les autres territoires ultra-marins ont la leur), ou encore l’organisation d’un festival annuel du cinéma qui pourrait voir le jour dans le cadre de cette stratégie. Bien d’autres pistes ont été évoquées comme la mise en place de formations modulaires pour les professionnels ou post BAC pour les lycéens, le retour des projections en plein air faute de salle de cinéma ou l’instauration du dispositif national « Passeurs d’images ».
La stratégie et les actions proposées ont été approuvées à l’unanimité des élus présents, tout comme le projet de convention avec le CNC. Une convention financière sera, elle, entérinée ultérieurement.
