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Le professeur Éric Clua (au centre), directeur du projet One Shark, marque un requin tigre aidé par le scientifique  néerlandais Tadzio Bervoets (à droite) et Hadrien Bidenbach, chef de projet One-Shark à la Préfecture de Saint-Martin.
Le professeur Éric Clua (au centre), directeur du projet One Shark, marque un requin tigre aidé par le scientifique néerlandais Tadzio Bervoets (à droite) et Hadrien Bidenbach, chef de projet One-Shark à la Préfecture de Saint-Martin.

Projet One Shark : première mission conjointe à Saint-Martin

26 May 2023

Le projet avait vu le jour en 2020 suite à l’attaque consécutive par un même requin de deux personnes, l’une à Saint-Martin et l’autre à St Kitts. L’idée alors émise était de pouvoir grâce à l’ADN de retrouver ce requin mordeur, sans toutefois décimer ses congénères, essentiels eux à la préservation de l’écosystème marin. Le projet se concrétise peu à peu.

L’état et la Collectivité de Saint-Martin avaient décidé d’engager une étude pointue pour approfondir les connaissances et mieux appréhender les dangers. Le GIP (groupement d’intérêt professionnel), hébergé dans les locaux de la Préfecture, est dans l’attente d’une dernière signature pour voir le jour et tenir son assemblée générale constituante à priori en juin prochain. Au-delà de rassembler les principaux acteurs, ce GIP va permettre de candidater pour une action régionale. Car là est tout l’enjeu de ce projet, pouvoir rayonner à minima au niveau de la Caraïbe afin de suivre les espèces de requins qui elles ne sont pas sédentaires. Il semble donc évident de mettre en place des collaborations avec les îles voisines et notamment avec l’état qui partage les mêmes eaux que Saint-Martin, Sint Maarten.
Eric Clua, vétérinaire et docteur en biologie marine, spécialisé en écologie comportementale des grands squales a pu mener cette opération conjointe, grâce à un partenariat avec la Nature Foundation et avec la collaboration de son homologue scientifique de la partie hollandaise Tadzio Bervoets. Il nous a expliqué la démarche mise en œuvre.
 
Un fichier S pour les requins

L’analogie est parlante. Tout comme pour les actes terroristes, les attaques de requins sont imprévisibles, tragiques et peuvent être mortelles. Mais la méthode d’Éric Clua diffère totalement de celles mises en place dans d’autres territoires comme actuellement en Nouvelle Calédonie qui pratique une pêche létale. Partant du principe que c’est un seul individu qui est dangereux, c’est cet individu qu’il faut rechercher et tuer. A ce jour aucune donnée ne recense la population de requins tigre, la logique de leurs déplacements, combien transitent dans les eaux des caraïbes, etc.
Les requins sont donc pêchés, leur ADN prélevé, puis ils sont marqués (souvent sur la dorsale) avant d’être relâchés. Le projet One Shark vise à construire une base de données sur les requins tigre dans la région et à déterminer leurs mouvements dans toute la mer des Caraïbes. Ce fichier de référence permettra, en identifiant les requins, de protéger à la fois les requins et les humains ; un outil unique de réduction du risque. Cette gestion du risque, est innovante et constitue une des solutions de sauvegarde des espèces et une contribution à la résilience des économies bleues.
Le coût de l’analyse ADN reste cependant élevé, tous comme les délais puisque la zone Caraïbe ne dispose pas de laboratoire ad hoc.

Un risque comme les autres

La première mission avait eu lieu l’année dernière dans les eaux de la partie française. Cette année c’est une équipe mixte de trois personnes pour chaque partie de l’île qui a été constituée, une première ! Elle a, durant quatre jours en partie néerlandaise et trois jours en partie française, procédé à la pêche et aux prélèvements sur 13 requins.
Comme pour les baleines des balises satellitaires sont implantées sur certains d’entre eux afin d’alimenter la base de données. Trois balises ont été posées en 2022 et trois nouvelles l’ont été la semaine dernière. A terme, une douzaine de requins en seront équipés, sous réserve de trouver des mécènes pour financer l’opération, une seule balise coûtant 5000 €. Les balises sont opérationnelles environ six mois sur le requin. A la fin de l’année les premières données seront donc connues et enrichies au fil des ans.
Deux pêcheurs ont rejoint le projet et feront des pêches dites de routine tout au long de l'année et contribueront eux aussi à recueillir de précieuses informations.
Tout l’enjeu de ce projet est de prouver, avec une approche fondamentalement différente de celle des autres territoires ultramarins, l’efficacité de la méthode qui a pour avantage de gérer le risque sans générer de psychose auprès de la population.

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