Cérémonie abolition de l’esclavage : l’unité des saint-martinois

Très belle cérémonie pour ce 177e anniversaire dans le quartier de Saint-Louis Freetown, toujours préservé et qui reflète encore un certain art de vivre à la saint-martinoise. Tous les dignitaires du territoire étaient présents pour l’occasion, mais la vedette leur a été volée par les troupes folkloriques et figures culturelles qui, le temps d’un après-midi, ont fait renaître l’âme du Saint-Martin d’autrefois.
Yaya, autrement dit Laurelle Richards, était au cœur des pensées de tous, elle qui naquit dans ce quartier de Freetown où une stèle lui est désormais consacrée. Tour à tour, Valérie Damaseau, avec la casquette de conseillère territoriale en charge de la culture, le président Louis Mussington, le préfet Cyrille Le Vely, mais plus surprenant dans le contexte que l’on connaît, la sénatrice Annick Pétrus, lui ont rendu hommage en déposant une gerbe de fleurs. Mais nulle cérémonie sans allocutions officielles. Ils se sont donc succédé à la tribune, pour célébrer chacun à leur manière la longue route que les esclaves ont suivie jusqu’à leur émancipation.
Le Président s’est souvenu de cette époque pas si lointaine, celle de ses arrière-grands-parents, où des hommes et des femmes menaient silencieusement dans les plantations leur combat vers la liberté, au prix d’un courage et d’une bravoure sans faille. « L’abolition était et demeure avant tout, une question de liberté, ce droit fondamental dont doit jouir chaque être humain », même si aujourd’hui, il est difficile pour les contemporains que nous sommes de comprendre ce qu’était réellement l’esclavage. Ce devoir de mémoire est donc essentiel pour intégrer leurs histoires aux réalités de la vie d’aujourd’hui.
Le préfet Cyrille Le Vely, qui vivait là sa première cérémonie et découvrait un pan de la culture locale, s’est lui attaché à rappeler que cette date du 28 mai, n’est pas seulement un repère dans le temps, mais plutôt une brèche dans l’oubli, un acte de reconnaissance et de respect envers celles et ceux qui ont subi l’esclavage et qui ont légué à leurs enfants la force de se relever… pour la construction d’un nouveau pays, dans la dignité et le courage. Il a rendu hommage à tout un peuple, « qui a connu l’esclavage et qui a refusé d’être défini par cette ignominie ».
Et que la fête célèbre la mémoire !
Le très attendu défilé culturel était animé cette année par New generation Status, St Martin National Parade, Grain d'or, Appren et Hot & Spicy.
Les artistes locaux, les musiciens, les conteurs et danseurs traditionnels, les enfants du CE2 au CM2 de l'école Aline Hanson de Sandy Ground, les élèves du lycée professionnel Daniella Jeffry, la troupe Rudy & Co et les élèves de l'école Hervé Williams, ont quant à eux assuré un très beau spectacle sur la scène installée pour l’occasion dans ce décor bucolique.
Cette cérémonie fut également l’occasion d’honorer plusieurs personnalités locales ayant œuvré pour la communauté : Alfred Van Heyningen, Elisa Siméone Trott aka Ma'zel, Ines Baly Lewis aka Tantan Nez, Yvette Fleming Hodge aka Mam Fleming, Nathaniel Davis aka Tanny and the Boys, Nathaniel Benjamin aka Nat, Laurelle Richards aka Yaya. C’est avec émotion que leurs familles ont reçu un certificat de reconnaissance des mains du président Mussington et de Valérie Damaseau.
