Le Service de l'Education mène campagne contre l'utilisation abusive des écrans et des réseaux sociaux
A compter d’hier, lundi 15 janvier et jusqu’au 9 février prochain, les services de l’Education accompagnés des services de l’Etat et de la Collectivité ont lancé en direction des élèves, des parents et de l’ensemble de la communauté éducative, une grande campagne d’information sur les risques des réseaux sociaux. Objectif affiché : faire prendre conscience au plus rand nombre des dangers qui se cachent derrière les écrans. Du côté de notre rédaction, conscients de notre mission d’information en direction du plus grand nombre dès qu’il s’agit d’un sujet sociétal d’importance, qui plus est touchant la jeunesse, nous avons choisi d’accompagner le plus largement possible cette campagne initiée par le Service de l’Education.
Les réseaux sociaux ont envahi la vie des enfants, des jeunes mais aussi des moins jeunes. Entre risques d’addictions, cyberharcèlements et risques de confrontations à des contenus violents ou à caractère sexuel, les dangers qu’encourent les jeunes sont bien présents. S’inscrivant dans le cadre du Parcours Educatif Santé mis en place par le ministère de l’éducation nationale en 2016 au titre de la prévention des conduites addictives, les services de l’Education de Saint-Barthélemy et Saint-Martin mettent en place cette grande campagne durant un mois afin de sensibiliser le plus grand nombre à ce phénomène qui peut devenir un fléau en cas d’utilisation abusive et inappropriée des téléphones portables et des écrans en général ainsi que l’utilisation à mauvais escient des réseaux sociaux. Nous ouvrons nos colonnes à Olivier Beaufour, chargé de mission au service de l’Education des Iles du Nord, sur les tenants et les aboutissants de cette campagne.
Le 97150 : Pourquoi cette campagne ?
Olivier Beaufour : Toutes les études scientifiques démontrent l’impact des temps d’exposition excessifs aux écrans sur notre santé et sur la scolarité des jeunes, tant au niveau du climat que des résultats scolaires. Les contenus sont par ailleurs, souvent inappropriés à l’âge des « consommateurs ». Les enfants visualisent des vidéos qui leur sont généralement imposées. Certaines ont des contenus sensibles. Enfin, les smartphones sont également des supports privilégiés au cyberharcèlement. Les risques sont donc nombreux. Au même titre que le tabac, que l’alcool et les drogues, les écrans constituent des sources d’addiction aux conséquences désastreuses pour l’équilibre des élèves et mérite une attention particulière de tous les acteurs de l’éducation. C’est une réelle problématique sociétale et nous avons décidé de nous y atteler.
Le 97150 : Quels sont les objectifs de cette campagne ?
Olivier Beaufour : Ils sont à la fois simples et complexes : sensibiliser toutes les communautés éducatives, c’est-à-dire les élèves, les personnels de l’éducation nationale et des collectivités, les parents et les partenaires. Et parallèlement contribuer à protéger les enfants et les jeunes, à prévenir les risques des dérives ainsi qu’à limiter les abus constituent un défi permanent que cette campagne propose de relever.
Le 97150 : Concrètement, vous allez faire quoi ?
Olivier Beaufour : Depuis le mois de novembre, tous les établissements scolaires sont au courant de cet évènement. Il leur a été proposé de mettre en oeuvre des actions visant à atteindre ces objectifs. Nous allons agir à plusieurs niveaux : certains enseignants vont mettre en place des séances pédagogiques dédiées, d’autres vont organiser des débats avec les élèves, les BCD et CDI ont été invités à organiser des expositions, des concours d’affiches par exemple, il y aura également des échanges avec les parents, grâce à l’intervention de spécialistes (médecins, psychologues, ...). Le panel est large. Il n’est pas figé. La liberté d’action de chacun est préservée. Il ne s’agit pas d’imposer mais de mobiliser toutes les équipes.
Le 97150 : Quel impact pensez-vous obtenir ?
Olivier Beaufour : Je ne rêve pas ! Les familles sont souvent démunies face à cette problématique, certains jeunes sont inconscients des dangers. Si nous contribuons à changer quelques comportements et à diminuer les temps d’exposition, surtout des plus jeunes, alors le pari sera gagné. C’est un travail de longue haleine. Il ne faut surtout pas culpabiliser les parents ni les élèves, mais leur faire comprendre que des risques existent, des risques pour leur santé mentale, comme pour leur relation avec autrui. J’ai confiance en eux tous.
Le 97150 : Et après ?
Olivier Beaufour : Cette campagne dure quatre semaines, ce qui laisse le temps à tout le monde d’y participer. Le Service de l’éducation nationale sera attentif au respect des règles en la matière, notamment de l’article L-511 du code de l’éducation qui proscrit l’utilisation des téléphones dans les établissements scolaires ainsi que les comportements déviants comme le cyberharcèlement ou le partage de contenus obscènes ou violents. Avec les services de l’Etat et ceux des collectivités territoriales, il s’agira dans un deuxième temps de développer les actions en faveur de la protection des populations, à fortiori scolaires.
Ils ont dit…
Dr Cyril Clavel, médecin de l’Education Nationale : « Zéro écran avant 3 ans ! » « La problématique diffère en fonction de l’âge des enfants et des jeunes. Un message important que je souhaiterais porter haut et fort : Avant l’âge de 3 ans, c’est zéro écran. Alors que le cerveau de l’enfant est en pleine construction, l’utilisation des écrans entraine des retards de langage, cognitif, psychomoteur et dans les interactions sociales. De même, à cet âge un enfant ne fait pas le distinguo entre la fiction et la réalité.
Tout cela est prouvé cliniquement. Mais il faut savoir que rien n’est irrémédiable et quand les écrans sont coupés, le développement de l’enfant revient à la normale. Les parents doivent aussi s’appliquer cette règle à eux-mêmes. Plus les parents sont sur leurs écrans et moins ils génèrent d’interactivité avec leur enfant. Les enjeux sont cruciaux. »
Harry Christophe, vice-recteur de Saint-Barthélemy et Saint-Martin : « Cette campagne de prévention et d’information est menée par nos services de l’Education et devrait faire des émules dans d’autres académies. Il est important de sensibiliser les familles, les adultes, à une prise de conscience pour qu’ils génèrent une meilleure hygiène de vie des élèves. On a constaté que les élèves en collèges et lycées qui affichent un fort taux d’absentéisme sont ceux qui ont une utilisation abusive de leur téléphone portable et des écrans en général, notamment la nuit. Il ne s’agit pas de condamner ses outils numériques, mais d’apprendre à en avoir une utilisation positive et constructive. Sur la base du volontariat des équipes pédagogiques, des ateliers, des débats, des expositions et concours d’affiches, etc. auront lieu tout au long de ce mois dans les établissements scolaires des deux îles. »
Dominique Louisy, 3e vice-présidente de la Collectivité en charge de l’Education : « Nous avons de très jeunes parents qui ont, pour la plupart été élevé dans ce monde des écrans. La communication à leur endroit doit être renforcée, expliquer les limites à ne pas dépasser pour leurs enfants et pour eux-mêmes, la juste mesure. Car il est certain aussi que les écrans peuvent être utilisés à bon escient, pour faire notamment des recherches. N’oublions pas que certaines familles n’ont pas d’ordinateur chez eux, et les élèves se servent de leur portable pour faire des recherches ».