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Amandine Bordin : la passion de la grande faune marine

Amandine Bordin : la passion de la grande faune marine

28 March 2024

Amandine Bordin a rejoint l’équipe de la Réserve Naturelle de Saint-Martin avec la double casquette de directrice de l’association de gestion et de conservatrice, en décembre dernier. Un vrai challenge pour cette scientifique passionnée de la grande faune marine. Rencontre. 

La faune marine est passion lointaine ?

Oui complètement, la grande faune marine est une passion depuis toute petite mais aussi l’environnement en général, la biodiversité, les animaux, la nature. Ce n’était pas évident, étant née à Annecy, mais j’ai pu accéder à des études qui m’ont permis d’approcher le milieu marin. J’ai pu spécialiser mes travaux sur la grande faune marine et principalement sur les mammifères marins.

Est-ce que cela a nécessité une formation spécifique ?

Après un Bac en environnement, j’ai entrepris des études universitaires pour développer des compétences en environnement terrestre et maritime et accéder à une année Erasmus. Cela m’a permis de faire une année universitaire au pays de Galles, en biologie écologie et un semestre au Canada pour étudier les baleines. J’ai également réalisé des stages et des expériences professionnelles dans plusieurs territoires, comme la Nouvelle Calédonie, Hawaï... Après mon Master 2, j’ai débuté à la Rochelle en gestion des écosystèmes littoraux et marins, puis au centre de recherches sur les mammifères marins, avant de partir en Guyane dans une association qui avait en gestion des espaces protégés. J’ai travaillé sur le milieu marin et dans la réserve naturelle nationale du Grand Connetable, une aire marine protégée à 2h en mer des côtes guyanaises. Je suis devenue conservatrice de cette réserve naturelle. C’était au départ pour quelques mois et finalement j’y suis restée 11 ans !

Quitter la Guyane pour Saint-Martin était un choix délibéré ?

Quand l’offre de poste pour Saint-Martin est sortie, j’avais soif de découvrir autre chose, de nouveaux territoires, enjeux et milieux. On avait collaboré dans le cadre de projets, et l’année dernière j’avais réalisé un compagnonnage. J’avais accompagné Aude Berger (chef de projet) dans le cadre du projet Life Biodiv’om pour la sauvegarde des mérous et sur la concertation avec les pêcheurs. J’avais eu un coup de coeur pour Saint-Martin et l’offre est sortie.

Reprendre une Réserve Naturelle sans direction depuis 2 ans est un gros challenge ?

Oui parce que ça reste une réserve naturelle de 3000 hectares, très fréquentée, avec beaucoup d’usages et tous les enjeux d’une association qui n’avait effectivement plus de direction donc un besoin de structuration et de développement d’une stratégie propre aussi. Il y a effectivement beaucoup de dossiers, mais c’est un travail d’équipe et nous sommes neuf. Pour l’instant ! On va recruter pour renforcer le pôle pédagogique qui reçoit énormément de demande des écoles, et doit sensibiliser tous types de publics. Il y a aussi des besoins en matière de surveillance, car qui dit réserve naturelle très fréquentée dit parfois malheureusement des incivilités. Cela nécessite de trouver des financements, en collaboration avec les chefs de projets et les responsables de pôles ; financements à trouver également pour le plan de gestion, 2018-2027 qui prévoit de réaliser 125 actions sur 10 ans. il faut monter des programmes avec des budgets locaux ou nationaux mais parfois plus importants avec des montages de dossiers européens, sur 3 à 5 ans, en collaboration avec d’autres structures. L’idée est de travailler en coopération avec le reste des Antilles ou d’autres territoires de la Caraïbe.

Quelles sont les actions que vous envisagez ?

On renforce nos liens avec AGOA, jusqu’à peutêtre être financé pour les représenter plus officiellement sur le territoire et reprendre effectivement certains actions comme la fête de la baleine, que nous porterons déjà en 2025 et pourquoi pas un village de la mer ? On va poursuivre nos actions scientifiques sur les baleines et notamment le suivi par acoustique, en redéployant l’hydrophone pour les enregistrer et permettre d’enrichir les données. Toujours dans cette optique, nous allons développer la science participative en incitant le public à partager ses observations. Sans oublier les aires marines éducatives, qui permettent aux enfants de prendre conscience de l’environnement C’est un travail collaboratif avec l’équipe. Il s’agit de redonner un dynamisme, une stratégie, une vision commune. Tout ne va pas se faire en un an, mais en tous les cas si on arrive en plus du plan de gestion à définir une stratégie commune avec un vrai projet associatif, je pense qu’il y a moyen de faire de belles choses.

Question plus personnelle, qu’est-ce qui vous plait ici ?

J’aime le côté petite île, une proximité où tout le monde se connait et en même temps une ouverture sur la Caraïbe, les États-Unis, le côté bilingue. Tout cela est assez incroyable. J’ai trouvé à Saint-Martin un compromis entre un territoire français et la sensation d’être à l’étranger. Mais j’avoue que les récifs coraliens, l’eau bleue, c’est un gros changement par rapport à la Guyane, milieu amazonien où tout est marron ! Mais c’est sûr, j’ai un vrai projet de vie ici.   

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