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La Golden Grove Farm, première ferme bio de Saint-Martin

Par La rédaction
22 août 2023

Emmanuel Gimenez, éleveur bovin et producteur agricole, vient tout juste de recevoir sa certification en agriculture biologique. La Golden Grove Farm, située dans le quartier de Colombier, devient officiellement la première exploitation certifiée bio de Saint-Martin. 

Une dizaine d’années de travail et trois ans d’audits. C’est le temps qu’il aura fallu à Emmanuel Gimenez pour obtenir sa certification en agriculture biologique. Lorsque ce Saint-Martinois a repris l’exploitation de son grand-oncle en 2011 lors de son retour sur l’île, il y avait « 10 vaches malades, les 150 chèvres du voisin et pas de jardin ». Aujourd’hui, la Golden Grove Farm compte des centaines d’animaux dont 38 bovins, plus de 120 variétés de fruits et légumes et plus de 5 000 variétés de plantes. Depuis 12 ans, Emmanuel Gimenez travaille sans relâche pour développer l’exploitation familiale dans le respect de l’histoire du lieu et de la nature. Des efforts qui lui permettent aujourd’hui d’obtenir le label bio pour sa viande et ses fruits et légumes.

UN CAHIER DES CHARGES STRICT

Pour chaque produit, la certification en agriculture biologique impose un cahier des charges « très strict », explique Emmanuel Gimenez. Trois ans d’audits réalisés par l’organisme de certification Ecocert lui ont été nécessaires pour obtenir ce label. L’agriculture biologique est un mode de production qui assure le respect de l’environnement, de la biodiversité et un niveau de bien-être animal élevé. Ce dernier point passe d’abord par « le fait de garder les animaux chez soi, en bonne santé, avec la liberté d’évoluer et d’exprimer leurs instincts naturels », détaille l’éleveur. La bonne santé et la qualité de l’élevage passent aussi par la nutrition - à la Golden Grove Farm, les bêtes sont uniquement nourries à l’herbe - la sélection et l’abattage des animaux en fin de vie ou malades. Emmanuel Gimenez a récemment créé sa société Carib Gènes spécialisée dans l’insémination artificielle pour avoir accès à des taureaux à haut potentiel génétique et ainsi améliorer sa production. Il devrait commencer les inséminations en septembre et voir naître les premiers veaux en juin. À noter qu’en agriculture biologique, les délais d’attente pour l’abattage sont doublés « si je fais des piqûres d’un médicament quel qu’il soit », explique-t-il.

RESPECTER LE RYTHME DE LA NATURE

Concernant le végétal, le cahier des charges est tout aussi rigoureux. Selon l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), il « privilégie les procédés non polluants, respectueux des écosystèmes et des animaux » et « limite le recours aux intrants (semences, engrais, pesticides, NDLR) en restreignant strictement l’utilisation de produits chimiques de synthèse ». Emmanuel Gimenez a la chance de pouvoir utiliser ses propres ressources et créer par exemple des engrais naturels grâce aux plantes et aux déjections des animaux. L’agriculteur travaille dans le respect de la nature et de son rythme, sur les principes de la permaculture et de la syntropie. La première est un mode de culture respectueux de la biodiversité et de l'humain qui a pour but de reproduire un écosystème naturel durable, stable, résilient et diversifié. La deuxième est une forme d’agriculture qui se base sur l’abondance des cultures et l’équilibre entre les plantes. « Il s’agit de planter des espèces qui vont avoir des chronologies de vie différentes pour préparer la prochaine marche de l’escalier », illustre Emmanuel Gimenez.

DE PLUS EN PLUS DE VOLUME

Pour le producteur, « la monoculture présente des faiblesses trop importantes et trop dangereuses sur un petit territoire comme Saint-Martin ». Grâce à une diversification progressive, il augmente peu à peu le volume de sa production maraîchère. « Avec le volume, le prix va pouvoir baisser. C’est comme ça qu’on va pouvoir créer un produit local bon marché. » S’il travaille toujours avec de l’import de Guadeloupe pour les paniers de fruits et légumes qu’il propose chaque semaine, Emmanuel Gimenez a choisi un producteur bio, gage de qualité, et y ajoute petit à petit ses propres produits de saison en fonction des récoltes. Pour le moment, l’agriculteur fournit principalement les professionnels, notamment plusieurs restaurants et entreprises locales de cosmétiques. Son « besoin de travailler avec des transformateurs » grandit chaque jour à mesure que sa production augmente. Mais pour une production végétale en plus grosse quantité encore, Emmanuel Gimenez insiste sur l’importance de lutter contre certains nuisibles comme le singe ou l’iguane, qui sont « des animaux invasifs qui perturbent l’éco-système ». Un problème aggravé par les aléas climatiques qu’il espère un jour voir pris à bras le corps par les gouvernements de l’île.

PROCHAINES ÉTAPES

Si elle semble être une consécration après tant d’années de travail, l’obtention du label bio est pour Emmanuel Gimenez « juste une étape ». « Je veux maximiser le potentiel de la propriété, préserver le diamant qu’elle représente et en faire un outil performant et haut de gamme », insiste-t-il. « Je n’ai pas choisi un modèle rapide sur le plan de la rentabilité économique, mais à terme il sera plus résilient ». Emmanuel Gimenez voit à long terme et réfléchit déjà aux prochaines étapes. Il devrait clôturer cette semaine un hectare et demi dédié à la production végétale et envisage de refaire son parc de ruches, abîmé par la sécheresse. Une activité pour laquelle il lance un appel aux apiculteurs du territoire désireux de collaborer avec lui. Au milieu de ces nombreux projets, l’agriculteur agit « par ordre de priorité. C’est la nature qui décide », nous rappelle- t-il.     

La rédaction

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