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Mardis de Grand Case : La parole aux exposants

Par Swanee Ngo Kanga
1 mars 2024

Les marchés se succèdent mais ne se ressemblent pas. Entre reports, problème de météo et incidents techniques, c’est une drôle de saison que vivent les commerçants. Nous leur avons donné la parole.

PANNE TECHNIQUE MARDI DERNIER

Il est 21h lorsque les ampoules de plusieurs stands se mettent à clignoter. Baisse de tension? Avarie matérielle ? Difficile à dire. Plus tôt dans la soirée, l’électricien qui assure la conformité des installations depuis 20 ans avait fait le tour des quelques 120 stands comme à l’accoutumée. Ce qui n’a pas empêché la coupure de survenir une dizaine de minutes plus tard. Pour plusieurs commerçants, il ne restait plus alors qu’à remballer avant le coup de sifflet final: «Mon plafonnier a grillé », commente une commerçante. «Moi, c’est mon petit transformateur qui a lâché», raconte une autre.

Après une succession de reports pour cause de mardi gras et de météo, les nerfs des exposants sont mis à rude épreuve cette année: «J’ai trouvé dommage d’annuler le soir du carnaval, confie Cathy, 57 ans, vendeuse de bijoux confectionnés par ses soins. Le maintenir aurait pu créer une continuité dans l’animation puisque les festivités se sont arrêtées assez tôt à Marigot. Ça aurait ramené une population locale que l’on n’a pas forcément », ajoute-t-elle.

Cependant, pour sa 4E participation aux mardis, Cathy se dit satisfaite de ses recettes: «ça fluctue pas mal d’une semaine à l’autre mais au final, malgré ces aléas, je m’en sors plutôt bien. » Quelques mètres plus loin, son collègue Jacob tempère: « On va pas faire fortune aux mardis, mais c’est vrai qu’à la fin, tu t’en sors quand même.»

Semaine après semaine, l’homme observe qu’«il y a beaucoup de monde, mais ce ne sont pas les clients que l’on voit habituellement. Je ne sais pas si c’est à cause du prix des billets, poursuitil, mais ils ne dépensent pas comme les années précédentes».  

« JE NE PENSE PAS REVENIR L’ANNÉE PROCHAINE » 

Côté électricité, les commerçants l’admettent, le règlement les enjoint d’être totalement autonomes et de se munir d’éclairages solaires, mais ces derniers, moins lumineux et plutôt onéreux, ne font pas encore l’unanimité. Excédée par tous ces aléas, une exposante se demande même si elle rempilera l’année prochaine: « En dehors des problèmes techniques qui ont fait griller mon plafonnier mardi, c’est surtout la logistique à préparer et le faible résultat qui me découragent, décrit Murielle. Je dois fermer ma boutique plus tôt. Ensuite, c’est l’enfer sur la route. J’ai mis 1h30 pour venir de Marigot, et les vigiles ne voulaient pas me laisser passer - bien que je sois exposante - parce que la route était déjà barrée. Murielle poursuit: Une amie est venue me voir de Bellevue et n’a pu se garer qu’à la Poste de Grand Case après plus d’une heure de route. Alors oui on s’adapte, mais ça rend la journée vraiment compliquée, et quand je vois le résultat des comptes, je me dis qu’à moins de tout changer à mon fonctionnement en recrutant une vendeuse et en rajoutant donc des coûts, l’année prochaine, je ne le referai pas.» Non loin de là, Domi, la doyenne des mardis, âgée de 76 ans, parle aussi d’une saison «très difficile en raison de tous ces imprévus», elle qui n’a jamais loupé un seul mardi depuis leur lancement: «J’y suis longtemps allée avec bon coeur et impatience parce que c’est le seul évènement populaire de cette envergure côté français, mais là, j’avoue qu’entre l’ambiance pesante du côté des organisateurs, le côté très tatillon de la sécurité - même si je le comprends - et les recettes qui bondissent puis chutent la semaine d’après, ce n’est vraiment pas évident. Surtout si l’on rajoute les problèmes d’électricité qui obligent à fermer à 21h30». Pour autant, le septuagénaire qui vend des bijoux en perle d’eau douce et de Tahiti peut compter sur une clientèle fidèle et s’en sort donc assez bien. Ce qu’elle aime plus que tout par-délà tous ces contre-temps, c’est cette solidarité «que l’on ne voit nulle part ailleurs » grâce à laquelle certains exposants veillent même sur les stands voisins dans la bonne humeur en cas de besoin.

Du côté de l’organisation justement, Chantal Vernusse dit attendre les rapports officiels des incidents de mardi, même si la piste de la surtension semble privilégiée: «Sur les 120 stands, chacun ramène son matériel et certains appareils sont parfois défectueux. Et malgré les efforts de la partie technique, la surchauffe peut arriver. On a pourtant une installation très spécifique contrôlée par des agents de Guadeloupe. Nous attendons donc de savoir s’il s’agissait d’un problème d’installation qui aurait fait brûler le disjoncteur ou d’une surcharge». Malgré des mesures imposées par la Préfecture sur ce type d’évènements extérieurs, Chantal Vernusse pense que cet incident peut aider à faire évoluer certaines habitudes. D’autant plus que la commission de sécurité n’a rien trouvé à redire du dispositif en place.

Pour autant, les mardis n'ont pas à rougir de leur bilan selon elle. L’organisatrice estime même le nombre de participants entre 5000 à 7000 personnes et se félicite de cette affluence record. Cependant, elle en convient, il faudra réfléchir d’ici la prochaine édition à la problématique des parkings comme pourquoi pas, un accord avec Super U. Pour l’heure, une golfette est mise à disposition des personnes venant de l’aéroport. Quant au volet subvention avec la Collectivité et l’Office de tourisme qui avait fait grand bruit, il a finalement été retenu que l’évènement serait désormais inclus dans le budget «animation». Malgré tous les aléas accumulés cette saison, Chantal Vernusse estime que finalement, «Les Mardis sont cette année encore, victimes surtout de leur succès. » 

Swanee Ngo Kanga

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