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Le Saint-Martinois Claudio Arnell expose son mur végétal et digital ce soir à Marigot

Par Swanee Ngo Kanga
26 janvier 2024

Le passionné de 34 ans passé par les Beaux-Arts invite le public à une contemplation silencieuse dès 17h devant le cimetière de Marigot, afin de s’autoriser à recevoir sa vision poétique de l’île. 

Le 97150 : Comment vous est venue la passion pour l’art ?

Claudio Arnell : Je pense que l’on naît artiste et que l’on se réveille ensuite. J’ai toujours été attiré par la créativité et l’observation qui est pour moi la première forme d’intelligence. Les yeux sont la fenêtre de l’âme, et donc l’optique et la perception sont ma première source d’inspiration. Nous vivons dans un monde visuel et je vois l’art comme une mission presque spirituelle. J’ai quitté Saint-Martin après mon bac S pour faire des études d’arts appliqués et d’arts plastiques à Paris. Je suis aujourd’hui peintre, sculpteur et photographe, et j’enseigne la matière au lycée depuis 2016.

Le 97150 : Vous avez fait la Sorbonne et intégré la prestigieuse école des Beaux-Arts à Paris, quel souvenir en gardez-vous ?

Claudio Arnell : J’étais le seul Saint-Martinois dans ce cursus et je me suis retrouvé avec une mosaïque de personnes venant de tous les milieux et horizons. Ça a été des études de rêves, une sorte de bulle magnifique avec aussi son côté obscur : la dépression, la critique propre à l’art, et le marché de l’art aussi. J’ai donc expérimenté des traumas qui ont rendu primordial le retour aux sources et permis de planter les graines de ce que j’avais appris. Aujourd’hui, j’apprends à mes élèves que tout est possible grâce à l’imagination qui crée des ponts entre des hommes complexes aux multiples les facettes et dimensions.

Le 97150 : Quel est le thème de ce vernissage ?

Claudio Arnell : Mon atelier a été inondé pendant Irma. J’ai tout perdu, y compris la routine de peindre, et me suis donc orienté vers l’appareil photo avec une première expo intitulée «Lorsque la photographie fait peinture». C’était mon thème de mémoire à la Sorbonne et j’avais créé une fresque digitale photographique à partir de photos d’Irma qui avait brûlé la terre. C’était une fresque d’espoir qui montrait de nouvelles pousses de végétations d’un vert pétant pour symboliser la renaissance et la résilience de la nature. Pour cette nouvelle expo, je me suis inspiré de la mangrove, elle aussi dévastée par Irma en 2017. Ça m’a pris plus de temps mais c’était important pour moi parce que la mangrove a marqué toute mon enfance et est mon endroit préféré sur l’île. En exposant au musée des confluences avec la fondation «One sustainable health» l’année dernière, j’ai aussi pris conscience de l’importance du développement durable autour de la mangrove qui est une ressource naturelle, un or végétal et une barrière de protection. L’art évolue donc avec la vie et ce vernissage le montre bien.

Le 97150 : Pourquoi un mur végétal digitalisé ?

Claudio Arnell : Je suis diplômé des Métiers de l’Art et inclue donc les fresques et mosaïques dans ma technique d’artisan. Le digital est une opportunité dont je me sers pour faire de la prise de vue. Ce qui m’intéresse, c’est la couleur dans la photo. Lorsque je zoom dessus, elle devient une palette, et j’aime le côté pictural, coloré, pixellisé. Je traite mes photographies comme des toiles a plusieurs couches comme avec la peinture à huile mais qui seraient tracées de manière digitalisée, avec un aspect en mosaïque. Ce sont des compositions de plusieurs éléments.

 Le 97150 : Quel message voulez-vous faire passer ce soir ?

Claudio Arnell : Cette exposition porte sur le passé, le présent, le futur et la transmission. La mangrove me permet de parler de transmission car elle s’expérimente à travers des racines de palétuviers qui poussent de l’eau à l’air, comme avec les consciences.

Le 97150 : Pourquoi avoir choisi à nouveau un mur de cimetière comme emplacement ?

Claudio Arnell : Parce qu’il rassemble plein d’imaginaire et d’idées non abouties, et que c’est un lieu qui concerne tout le monde de façon intime. Ce soir, j’aimerai d’ailleurs que chacun reçoive personnellement ma vision en se laissant aller au silence et à la contemplation. Le cimetière de Marigot est en plus beau de par son emplacement. C’est aussi le seul endroit sur l’île où il y avait un musée quand j’étais petit. Il est donc spécial pour moi. Dans l’angle, on aura 5 fresques d’un côté et 4 de l’autre, dans ce lieu onirique qui reçoit la lumière du soleil et est traversé par la poésie. J’ai moi-même eu plusieurs deuils récemment et me suis servi de l’art comme une thérapie pour aborder la mort. Oui ça reste un cimetière, mais je voulais l’accoler aussi à de la légèreté, de la couleur et du rêve.

Swanee Ngo Kanga

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