Skip to main content

La pièce «Tant qu’il y aura des coquelicots» au secours de ceux qui n’aiment pas lire

Par Swanee Ngo Kanga
12 janvier 2024

Si votre prof de français ne vous a pas laissé de souvenirs indélébiles, la maîtresse de la pièce de Cliff Paillé sur les planches de la Chapelle ce week-end pourrait vous surprendre. A ne pas manquer !

Certains se découvrent une passion pour les livres dès l’enfance, d’autres, comme l’auteur et metteur en scène Cliff Paillé, originaire de Pau, y arrivent sur le tard. A 26 ans plus précisément. Celui qui a passé son bac sans lire les ouvrages littéraires au programme, finit par chercher du sens lorsqu’il devient père, et le trouve d’abord dans l’écriture. Mais rapidement, cette dernière s’assèche, faute de références assez profondes pour l’irriguer. Il lui faut donc repasser par la case livres, et contre toute attente, pour Cliff, c’est la révélation.

Avec sa pièce «Tant qu’il y aura des coquelicots » sortie il y a 6 ans, l’auteur de «Un soir chez Renoir» et «Chaplin 1939», souhaite faire gagner du temps aux enfa nts ou aux adultes qui seraient eux aussi passés à côté du plaisir de lire. Sans oublier les aficionados de la première heure qui se délecteront d’enrichir leur lecture de Proust, Sartre ou Yourcenar.

LE PITCH

Les spectateurs suivent les pérégrinations d’un enfant imperméable à la lecture et essentiellement attaché à la pratique du ballon. Jusqu’à ce qu’une maitresse dévouée et maline fasse son apparition. Pas d’injonctions, mais plutôt de la ruse pour injecter du jeu sur les terres arides de la syntaxe et du vocabulaire. L’objectif :introduire la notion de plaisir dans l’action de lire. Tout un style ! A la question : «Avez-vous eu cette prof vous-même?», Cliff Paillé répond : «Non, mais je l’ai été moi avec mes élèves à la fin de ma carrière d’instituteur que j’ai arrêtée il y a 10 ans. J’ai passé 20 ans dans l’enseignement, ajoute-til, et c’est finalement durant mes dernières années que j’ai changé mon regard et mon approche pédagogique. Réciter la technique ne sert à rien si l’on ne se sert pas aussi de l’émotion. C’est d’ailleurs en découvrant que les livres aussi en procurent, que le gamin de la pièce change d’idée sur la littérature». Non sans effets sur les spectateurs qui sont ramenés à leur propre enfance et expérimentent chacun la pièce différemment.

TRANSMISSION

Pour la comédienne Lyne Lebreton qui campe brillamment le rôle de la maitresse, lire peut combler la solitude ou aider à l’accepter. Elle décrit la langue comme une matière vivante et les livres comme des voyages. La rencontre de l’éducation familiale (la grand-mère du garçon), et de l’apport scolaire est ainsi la meilleure manière de réussir le devoir de transmission: «Une des manières de donner le goût de lire aux enfants est aussi de lire avec eux», souligne aussi la comédienne qui s’amuse de voir certains profs venir demander conseils à la fin de la pièce. «Des débutants nous disent aussi que cela leur donne envie d’aller faire leur métier» ajoute Cliff Paillé, convaincu qu’il ne s’agit pas de faire la guerre aux écrans ou à la modernité mais de rendre le sujet attractif pour le plus grand nombre, quitte à repenser son approche éducative.

Et quand bien même la lecture peut être perçue comme un facteur d’exclusion sociale, l’auteur rappelle que Camus, né au sein d’une famille illettrée, a, grâce à un professeur hors pair, trouvé le chemin vers les mots, jusqu’à devenir prix Nobel de littérature française.

Les spectateurs de Saint-Martin vont donc pouvoir découvrir en famille cette pièce d’1h15 plébiscitée au festival d’Avignon, et peut-être, assister à la naissance de nouvelles vocations. 

Swanee Ngo Kanga

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.