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Enor Guirand : « Ma victoire prouve que n’importe quel jeune peut y arriver »

Par Swanee Ngo Kanga
10 novembre 2023

Élu « meilleur chef » au festival de la gastronomie l’année dernière et formé 3 semaines par un chef étoilé en Métropole, Enor Guirand termine l’année 2023 sur des chapeaux de roues. Une exposition qu’il souhaite utiliser pour galvaniser les jeunes des quartiers populaires. 

Le 97150 : Dans quel état d’esprit étiez-vous l’année dernière pendant le festival ?

Enor Guinand : Je n’étais pas dans un esprit de compétition. Pour moi, la cuisine a toujours été un partage. Je me suis dit que j’allais me faire plaisir et non pas aller chercher un trophée. Surtout que le String où je travaillais venait de remporter le prix du meilleur beach bar. Je ne m’attendais donc pas à gagner moi aussi.

Le 97150 : Vraiment, vous n’étiez pas stressé ?

E.G : Non. Je suis un fou de la cuisine, c’est elle qui m’a choisi. Il suffit qu’on me donne une plaque et des casseroles et ça me suffit. Tout le monde était tendu autour de moi et j’essayais de détendre un peu l’atmosphère autour de moi parce qu’il n’y avait pas un bruit.

Le 97150 : Qu’est-ce qui a fait la différence selon vous ?

E.G : La façon de faire. Les passants étaient curieux parce que j’étais le seul à faire cuire les langoustes comme ça. Pareil avec la cuisson du poulet. Je ne faisais pas comme les autres chefs parce que j’aime bien essayer de sortir de l’ordinaire. Même quand j’étais chef au string j’essayais de ne pas me limiter simplement parce que c’est un restaurant de plage. Pour moi, l’assiette doit donner envie de manger rien qu’à l’oeil nue.

Le 97150 : Comment vous avez su que vous vouliez faire ça ?

E.G : J’en avais aucune idée au départ. Depuis l’âge de 10 ans j’aimais bien faire à manger. J’ai d’abord fait 2 ans de charpente quand je suis arrivé de Haïti à 13 ans et un peu de secrétariat ensuite mais c’était pas mon truc. Je n’arrive pas à rester assis derrière un bureau. En même temps, j’avais des potes en Bac Pro hôtellerie qui m’ont invité à voir ce qu’ils faisaient et j’ai tout de suite accroché. Autant la cuisine que la salle d’ailleurs. J’ai donc fait mon BEP même si je ne pense pas que le niveau d’études te permette d’être bon dans ce métier. Il faut avoir envie, aimer ce qu’on fait, le faire avec coeur, sentir la passion.

Le 97150 : Comment se sont passées tes premières années dans la restauration ?

E.G : J’ai travaillé un peu partout : à St Barth, à l’Astrolabe qui a été mon coup de coeur, dans tous les restaurants de Grand Case, à la Samanna où j’étais chef de partie. J’ai même remporté une petite compétition organisée par l’hôtel où on devait sortir des plats en utilisant les mêmes ingrédients pour 70 couverts. Je me suis mis à fond et je suis sorti premier.

Le 97150 : Raconte-nous ta rencontre avec le chef étoilé Lionel Lévy à l’intercontinental de Marseille.

E.G : C’était une super rencontre. J’ai découvert plein de nouvelles techniques de cuisson et de saveurs. J’avais hâte ensuite de faire connaitre tout ça ici même s’il faudra l’adapter à Saint- Martin. On importe tout sur l’île alors qu’ils utilisent des produits de saison. Lionel Lévy fait de la cuisine gastronomique que je ne peux pas proposer ici parce que ce n’est pas l’offre des restaurants à part peut-être à la villa Hibiscus. Je peux quand même intégrer des petites touches originales à mes plats. Pendant les 3 semaines il m’a laissé le champ libre pour créer ce que je voulais. Son équipe travaille en brigade alors qu’on ne travaille pas comme ça ici. C’est très organisé. J’ai apprécié sa façon d’enseigner en guidant et en étant à l’écoute de ce que je voulais aussi.

Le 97150 : Cette année tu participes au festival en tant qu’exposant, des conseils pour les compétiteurs de cette édition ?

E.G : Je me dis surtout que si moi j’arrive à faire ce genre de choses, n’importe quel jeune de Saint-Martin peut y arriver aussi. Je suis arrivé sur l’île à 13 ans avec personne derrière moi pour me pousser. Et aujourd’hui c’est une fierté d’avoir gagné ce titre en tant que saint-martinois. Beaucoup pensent qu’ils sont nuls et que ce n’est même pas la peine d’essayer et je veux les encourager à essayer et à vouloir plus. Au début dans la restauration, tu te fais crier dessus et tu ne comptes pas tes heures, mais si tu aimes ce que tu fais, tu finis par évoluer. Après le String, j’ai voulu voler de mes propres ailes et créer ma boite de traiteur « Un chef en or ». Donc je pense que si tu aimes ce que tu fais, demain ça peut payer.  

Swanee Ngo Kanga

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