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Grève Air Antilles : la Compagnie au bord de la cessation de paiements

Par Valérie DAIZEY
28 juillet 2023

Alors qu’il va aborder la 3e semaine de grève de ses pilotes, le groupe Caire (Compagnie aérienne inter régionale express) qui comprend Air Antilles et Air Guyane Express, est dans la tourmente. Son PDG Eric Koury a indiqué à l’AFP qu’il déposait une cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre. 

Dans le ciel des Antilles et de la Guyane, la situation est alarmante. La grève des deux compagnies Air Antilles et Air Guyane qui effectuent des liaisons court-courrier dans les territoires caribéens et de la Guyane, devait initialement durer du 14 au 19 juillet. Face aux statuquo dans les négociations, le mouvement a finalement été reconduit pour une période illimitée, créant de graves difficultés financières au groupe Caire qui compte quelque 300 collaborateurs. « Les actionnaires étaient prêts à recapitaliser le groupe, mais désormais la confiance est perdue, et tout le monde recule », a indiqué à l’AFP Eric Koury, le PDG du groupe Caire, lundi 24 juillet dernier. Il a également confié par ailleurs que « le mouvement social coûterait entre 80 000 et 120 000 € par jour », rajoutant « qu’aucune compagnie aérienne ne peut supporter en pleine période de pointe une longue grève de ses pilotes, après avoir subi de plein fouet pendant plus de deux ans la crise sanitaire ». Le PDG indiquait recourir à une procédure de cessation de paiements auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre, dont le verdict est attendu pour le début du mois d’août. Une procédure de cessation de paiements entrainerait une période de redressement, et l’issue pourrait conduire à une liquidation judiciaire.

LE SÉNATEUR GUADELOUPÉEN VICTORIN LUREL DEMANDE L’INTERVENTION DU GOUVERNEMENT

Alarmé par une situation qui serait très préjudiciable pour le ciel aérien caribéen, le sénateur Victorin Lurel a immédiatement réagi en adressant dès mardi dernier un courrier au ministre des Transports et au ministre délégué des Outremer, demandant au gouvernement de prendre l’initiative d’une médiation afin de renouer le dialogue dans ce conflit. Dans ce courrier, il estime « qu’une liquidation d’Air Antilles se révélerait catastrophique pour l’offre en dessertes aériennes au départ de la Guadeloupe, notamment vers la Martinique et les Iles du nord, aussi bien pour les déplacements d’affaires que pour les étudiants à la prochaine rentrée, sans oublier les rapprochements familiaux. Il y aurait tout lieu de s’attendre à une nouvelle flambée du prix des billets, dès lors qu’il n’y aura plus qu’un seul acteur sur le marché ». Une grève qui crée par ailleurs un isolement aggravé de certaines communes de Guyane. Pour rappel, la semaine dernière, l’hélicoptère Dragon 973 a dû se rendre dans la commune de Saül pour apporter 400 kg de denrées alimentaires et ramener sur le littoral certaines personnes ayant des motifs impérieux.

Mercredi, des discussions ont été entamées entre les protagonistes qui ont été interrompues et devraient se poursuivre ce jour.

SUIVI PAR LES PERSONNELS NAVIGANTS COMMERCIAUX, LE CONFLIT SE DURCIT

Pour autant, le conflit semble se durcir. Le syndicat du personnel navigant commercial (hôtesses de l’air et stewards), le SNPNC-FO, a décidé en ce début de semaine de suivre le mouvement des pilotes de ligne, en déposant également un préavis de grève. Ils réclament eux aussi l’ouverture des discussions avec le groupe CAIRE, dénonçant une situation instable au sein de l’entreprise, encore dégradée par l’inflation. Le SNPNC-FO a déposé un préavis de grève illimité à compter d’hier, jeudi 27 juillet. Toujours du côté des syndicats, les réactions et demandes se multiplient, requérant également l’intervention des autorités compétentes afin de « trouver une solution qui défend l’intérêt des salariés et la pérennité de l’entreprise ».

UNE BOUTEILLE À LA MER LANCÉE PAR LE PERSONNEL AU SOL

Conscient de la mise en péril des emplois, le personnel au sol d’Air Antilles publiait ces derniers jours un communiqué à l’attention des pilotes de ligne. Tout en leur accordant leur solidarité, les personnels au sol demandent aux pilotes de reprendre le travail, afin que ce ne soit pas l’ensemble des 300 salariés du groupe qui in-fine perdent leur emploi.

Pour rappel, à la suite d’un précédent conflit au sein du groupe courant décembre dernier, un protocole d’accord avait été signé entre les syndicats de pilotes et la direction portant sur des revalorisations salariales dans l’attente de négociations qui devaient respecter un calendrier très précis pour enfin aboutir à un accord collectif pilotes. Le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL), considère que l’ensemble des engagements n’a pas été respecté et a demandé à la direction de la compagnie «la mise en place immédiate d’un accord pilote avantageux intégrant une augmentation de rémunération significative respectueuse de l’engagement sans faille des personnels navigants techniques depuis tant d’années ». Du côté de la direction, on estime « qu’une augmentation de 5,5% leur a déjà été accordée, mais ils réclament désormais d’appliquer une augmentation totale de 20%, plus un allongement des heures forfaitaires, ce qui revient à augmenter les coûts salariaux de 40% pour l’entreprise ».

Le PDG Koury a par ailleurs précisé que « tous les vols vers l’international allaient être arrêtés, pour se recentrer sur les îles françaises », rappelant que « malgré la grève, 60 à 70% des vols étaient assurés ».  

Valérie DAIZEY

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