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Fin de l’état d’urgence sanitaire… et début des hostilités

Par Valérie DAIZEY
16 novembre 2021
Hier, lundi 15 novembre 2021, a sonné le glas de l’état d’urgence sanitaire. Une date qui marque la fin des aménagements et autre assouplissements au regard de l’obligation vaccinale pour les personnels soignants et les sapeurs-pompiers. Idem pour le Pass sanitaire. Pour les opposants à cette obligation, la fin du combat n’a pas pour autant sonné, au contraire…
 
Le président Gibbs demande le même traitement que pour la Martinique
 
Nous apprenions dimanche que la Martinique avait obtenu une prolongation au 31 décembre prochain du délai pour la mise en place de l’obligation vaccinale et pour la fin de la gratuité des tests de dépistage (PCR et antigéniques) à l’endroit des personnels soignants du territoire. Fort de l’argument « qu’il est toujours possible d’adapter les restrictions en fonction du contexte », le président Daniel Gibbs publiait immédiatement une note à l’attention du gouvernement et de l’ARS demandant que « cet assouplissement soit aussi appliqué aux soignants de Saint-Martin. Les suspensions de travail de dizaines de soignants mettraient en danger la capacité de soins de notre centre hospitalier, nous ne pouvons pas prendre ce risque ».
 
Les autorités refusent mais consentent la gratuité des tests jusqu’au 6 décembre
 
La préfecture et l’ARS répondaient hier après-midi et indiquaient que la Martinique reste en état d’urgence sanitaire eu égard à la récente situation épidémique qui reste encore fragile. Les autorités mettent également en exergue un faible taux de vaccination en Martinique (38.6% des plus de 12 ans), ce qui n’est pas le cas pour Saint-Martin (42.25%) qui a par ailleurs aujourd’hui stabilisé l’épidémie. En conséquence, pour les autorités il n’y a pas lieu de prolonger l’état d’urgence sanitaire sur le territoire et donc l'obligation vaccinale doit s’appliquer. Le gouvernement a toutefois consenti au préfet délégué Serge Gouteyron d’autoriser « le report de la gratuité des tests PCR et antigéniques jusqu’au 6 décembre 2021 afin de favoriser le suivi de l’épidémie sur les mêmes critères pendant encore 3 semaines et sécuriser ainsi la période touristique qui commence ».
 
«Mise en péril du service de soins aux patients»
 
Hier matin, une conférence de presse était organisée à l’entrée de l’hôpital de Saint-Martin, à l’initiative du Collectif des collectifs, pour lequel le Pass sanitaire et l’obligation vaccinale sont inscrits sur la plateforme des revendications. Les suspensions de contrat de travail sont aujourd’hui effectives et pour faire face au manque d’effectifs, la direction de l’hôpital a publié vendredi 12 novembre dernier une note de service expliquant en fonction la réorganisation des services de l’établissement : « activité opératoire limitée aux urgences, à l’ambulatoire et aux prises en charge dont le report aurait conduit à une perte de chance pour le patient ; fermeture du service de chirurgie et regroupement avec le service de médecine (…), activité de bionettoyage des locaux communs et administratifs ainsi qu’activité de blanchisserie transférée à un prestataire extérieur ». Pour Marceline Dessout, agent hospitalier, membre du Collectif et représentante de la branche santé du syndicat CGTG, cette situation n’est pas tolérable d’un point de vue humain eu égard au chantage financier qui s’exerce sur les agents hospitaliers qui se retrouvent suspendus, sans rémunération et qui plus est sans possibilité de postuler à un autre emploi, puisque le contrat de travail n’est pas rompu, mais juste suspendu. Elle indique par ailleurs que « Saint-Martin ne possède qu’un seul hôpital. Il n’y a pas d’alternative vers des cliniques privées ou un autre hôpital. Les soins aux patients sont gravement mis en péril par cette réorganisation ».
 
Soignants et pompiers main dans la main au nom de leur liberté de choisir
 
Après cette conférence de presse, les personnels soignants rejoignaient ensuite la caserne des sapeurs-pompiers, également soumis à l’obligation vaccinale, et qui sont en grève soutenue depuis le 9 septembre dernier. Un mouvement qui fait peu de bruits dans le grand public puisque les sapeurs-pompiers professionnels ne sont qu’une trentaine et l’effectif est composé au total d’environ 70 soldats du feu avec les volontaires et que par ailleurs le service public reste assuré à tout moment du jour ou de la nuit… Toutefois, les sapeurs-pompiers de Saint-Martin, directement liés au SDIS de la Guadeloupe, suivent pas à pas les événements qui se déroulent en Guadeloupe.
 
La Guadeloupe s’embrase

Et la Guadeloupe s’embrase. Des mouvements menés par l’Intersyndicale avec en chef d’orchestre Elie Domota et le LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyon) semblent être les prémices d’un mouvement dur qui pourrait s’apparenter à ceux qu’a connus l’île au Papillon en 2009. La journée d’hier, était le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et sapeurs-pompiers. Des soldats du feu étaient blessés. Une situation intolérable pour les sapeurs-pompiers, eux qui risquent leur vie pour sauver d’autres vies. Le SDIS 971 montait au front et ripostait en débrayant de toutes les casernes du territoire de la Guadeloupe. Pour mémoire, les sapeurs-pompiers du SDIS 971 mènent depuis le 9 septembre dernier un mouvement de grève illimité en protestation à l’obligation vaccinale et ont depuis cette date et sans relâche manifesté leur désapprobation.
 
«Aux armes citoyens !»
Réunion d’information vendredi à partir de 17h sur le front de mer

Hier, en fin de journée, le Collectif SXM Resistance mené par Jean-Barry Hodge réunissait également la presse pour un appel à une mobilisation dans son plus large spectre pour ce vendredi à partir de 17h, sur le front de mer de Marigot. L’objectif étant d’apporter l’information la plus exhaustive possible sur les tenants et les aboutissants de la vaccination. Une dernière tentative, une réunion pour un débat d’idées, afin d’atteindre une prise de conscience de la population. Mais après cela, pour Jean-Barry Hodge et les membres de la Résistance, « les négociations, les marches pacifiques, les réunions, tout cela, c’est terminé ! La Résistance a voulu négocier mais à présent, on ne négocie plus, on agit ! Nous n’allons pas bloquer la population, mais bloquer les traitres (…) ». Et de conclure, « Aux armes citoyens ! Quand l’injustice fait loi, la Résistance est un devoir ! ».
 
Rassemblements ce soir à Sandy Ground et mercredi à Quartier d’Orléans
Le Collectif des collectifs appelle l’ensemble de la population à se mobiliser ce soir, à 18 heures, à Sandy Ground, sur le terrain de basket, et demain, mercredi 17 novembre, également à 18 heures, au conseil de quartier de Quartier d’Orléans, à côté du stade Thelbert Carti.
Valérie DAIZEY

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