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Conférence-débats sur le droit à l’autonomie des personnes en situation de handicap à Saint-Martin

Par Swanee Ngo Kanga
14 novembre 2023

Deux intervenants spécialisés sur la question du handicap ont rencontré les acteurs médico-sociaux le 6 novembre dernier à l’initiative de l’association Ove- Caraïbes. L’objectif : les sensibiliser à la question de l’autodétermination. 

UN DROIT FONDAMENTAL

Autonomie, autoréalisation, autorégulation, empowerement… Si ces mots ne sont que rarement associés à la question du handicap, ils désignent pourtant une réalité importante, celle de l’autodétermination, ou la liberté pour chacun de choisir ce qui relève de son quotidien. Car il existe bien un paradoxe en la matière entre la volonté de faire valoir les droits des handicapés et la prise de décisions à leur place tout au long de leur vie.

« S’autodéterminer, c’est détenir du contrôle et du pouvoir sur son existence, a expliqué Martin Caouette, professeur en psychoéducation au Québec. C’est maitriser certains éléments que l’on juge essentiels comme son lieu d’habitation, son alimentation ou ses activités. Ce n’est donc pas juste l’affaire des personnes handicapées, mais plutôt un besoin fondamental».

Cette autonomie passe notamment par la liberté de prendre des initiatives, de se tromper, et de prendre soi-même certaines décisions. L’objectif étant de développer des compétences ainsi qu’un sens d’appartenance en sortant d’une forme d’infantilisation par défaut :« Une personne m’a dit un jour que si on devait lui dire quand, quoi et comment manger, à quelle heure, avec qui, quand se laver, et quelles activités suivre, elle aurait rapidement développé des troubles du comportement, ajoute le professeur. Les personnes handicapées ont le même besoin de contrôle sur leurs vies que nous. »  

PRÉSOMPTION DE COMPÉTENCES

Martin Caouette a également souhaité distinguer autodétermination et indépendance, puisque les handicapés et polyhandicapés ne peuvent certes pas faire certaines choses seuls, mais peuvent malgré tout exprimer leurs préférences, voire leurs désaccords. D’où l’importance selon lui de les laisser fixer des limites, sans acharnement ou intrusion de la part de l’entourage.

Des valeurs d’inclusion et d’émancipation que porte également François Bernard, directeur-général du Gapas (Groupement des Associations Partenaires d'Action Sociale), co-animateur du débat :«La France a du retard sur la convention internationale pour les personnes handicapées et souhaite repenser son modèle. L’association que je dirige accueille 1200 personnes et a choisi d’en former certains au recrutement de leur propre personnel. Nous avons choisi la présomption de compétences ».

Rien d’étonnant pour le directeur qui explique que la question de la bientraitance, de l’empathie et de la douceur est incontournable dans ces métiers :«Tous les jours, les personnes en situation de handicap se retrouvent nues devant des intérims ou des CDD qu’elles ne connaissent pas. Elles sont donc en attente de douceur et nous avons développé des outils et méthodes de communication pour leur permettre de recruter elles-mêmes à tous les postes. » Et parce que l’autodétermination passe aussi par un rôle social, le Gapas organise des actions de bénévolats avec des personnes handicapées pour les aider à prendre confiance en elles. Certains ont même pu réduire leurs traitements médicamenteux grâce à cette insertion.

Pour Didier Witczak, directeur territorial de l’association Ove- Caraïbes, il faut désormais aller plus loin et réfléchir à de nouveaux moyens de procéder à Saint-Martin, «en apprenant de l’extérieur afin de redonner du sens à notre action au quotidien. » 

Swanee Ngo Kanga

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