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Les murets en pierres sèches de Bellevue détruits par les tractopelles !

Par Valérie DAIZEY
3 novembre 2023

Les murets en pierres sèches qui bordaient la ligne droite de Bellevue ne sont plus. Ils ont disparu avec les récents travaux qui ont été réalisés par les services de la Collectivité. Des travaux visant à l’enfouissement des réseaux pour la mise en service prochaine de l’éclairage public de la route de Bellevue jusqu’à la frontière. 

Une destruction qui a créé un tollé chez les historiens et autres âmes sensibles à la préservation du patrimoine et de la culture locale. Car c’est bien de culture et de patrimoine dont il s’agit. En effet, construits selon une technique ancestrale, procédant d’un assemblage de pierres sans utilisation de liant ou de mortier, les murets en pierres sèches ont fait leur apparition à Saint-Martin au XVIIe siècle dès le démarrage de la production agricole par les colons planteurs. Une méthode de construction privilégiée pour les îles sèche, comme Saint-Martin, mais qui permet également de laisser s’écouler les flux d’eau lors d’épisodes de fortes pluies et qui, du fait de leur élasticité, résistent aux mouvements de terrains, voire aux séismes. Ils permettent aussi de limiter les propagations des flammes en cas d’incendie. Ils forment par ailleurs de véritables petits écosystèmes naturels, abritant de multiples espèces animales, lézards, escargots, oiseaux, la température régulée par la circulation d’air et la chaleur emmagasinée la journée par les pierres, offrant un environnement idéal pour pondre ou chasser ou encore faire fructifier les arbres fruitiers plantés à leurs abords.

DES MURETS INDISSOCIABLES DES PAYSAGES DE SAINT MARTIN

Sur la page « Culture et Patrimoine » du site de la Collectivité de Saint-Martin, figure un document d’information très explicite, intitulé « Les murets en pierre sèche de Saint-Martin ; préservons ensemble notre patrimoine ». Ce dernier précise : « plus solide que les coupures végétales (arbres, haies, bosquets) ou que des clôtures en bois qui ne résistent pas à l’humidité, aux fortes chaleurs ou aux vents violents engendrés par les ouragans, les murets en pierre sèche garantissent la solidité et leur durabilité ». Ainsi à Saint-Martin, les paysages sont-ils indissociables de ces murets en pierre sèche, véritables ouvrages d’art plus ou moins bien conservés, et ils peuvent être observés un peu partout sur le territoire, aux abords de nos routes ou encore délimitant les propriétés anciennes. Des projets de constructions nouvelles font aussi appel à ces méthodes, conférant ainsi une note caribéenne au bien immobilier.

PROMESSE DE RECONSTRUCTION À L’IDENTIQUE

Mais voilà, les murs en pierre qui bordaient la route de Bellevue, jusqu’à la frontière, ont été détruits par les coups des tractopelles et autres engins de travaux publics, afin de procéder à l’enfouissement des réseaux pour le futur éclairage de part et d’autre de cette ligne droite qui va jusqu’à la frontière avec le sud de l’île. Certes, les actions de sécurité routière et l’éclairage public sont aujourd’hui prégnants sur le territoire, d’autant plus sur cette route où les véhicules se lancent parfois à vive allure quand le flux de circulation le permet et qui est aussi largement emprunté par des piétons ou autres sportifs, joggeurs ou à vélo, au lever du jour ou à la tombée de la nuit. Pour autant, fallait-il les détruire ? N’y avait-il pas moyen de les préserver en utilisant un autre lieu de passage des réseaux électriques ?

Interrogés par nos soins, les services de la Collectivité nous ont donc informés du projet d’enfouissement des réseaux électriques et nous ont également assurés que les murs en pierres sèches détruits seraient à la suite reconstruits à l’identique, en respectant les règles et les techniques anciennement utilisées. Wait and see…  

Valérie DAIZEY

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