Skip to main content

Sensibilisation des gendarmes à l’accueil des victimes de violences conjugales

Par Valérie DAIZEY
3 octobre 2023

Par un partenariat scellé entre la gendarmerie et l’association France Victimes 978, les gendarmes permanents nouvellement arrivés sur le territoire ainsi que les gendarmes mobiles dont les missions sont généralement de trois mois, assistent désormais régulièrement à un module de sensibilisation à l’accueil des victimes de violences conjugales et/ou intrafamiliales. 

Agréée par le Ministère de la Justice, l’association France Victimes 978 est désormais bien ancrée dans la boucle judiciaire, en lien avec la gendarmerie et le Parquet, et apporte accompagnement et aide juridique, psychologique et sociale aux personnes victimes de délits, parmi lesquelles, bon nombre de femmes victimes de violence conjugales ou encore d’enfants victimes de violences physiques et/ou sexuelles au sein du foyer. Une intervenante sociale en gendarmerie, Maéva, est ainsi détachée de l’association auprès de la gendarmerie pour un accueil et une écoute des victimes. Toutefois, la porte d’entrée pour déposer une plainte est la gendarmerie. Parfois impressionnées par l’uniforme et l’autorité du gendarme, souvent déstabilisées par la langue française mal ou non maitrisée, les victimes peuvent renoncer à venir déposer une plainte.

TENIR COMPTE DES SPÉCIFICITÉS LOCALES

C’est en ce sens que l’association France Victimes 978 dispense dorénavant à l’endroit des gendarmes, et tous les trois mois, un module de sensibilisation à l’accueil de ces victimes, eu égard au contexte socioculturel de l’île. Si les militaires, de par leurs missions, sont déjà aguerris à ces accueils, les spécificités du territoire de Saint-Martin doivent pour autant leur être rappelées : le multilinguisme, la situation pas toujours régulière des victimes, une certaine normalisation de la violence, notamment de l’inceste…

Olivier Cannale-Fatou, Bibiana Clavel et Maëva Gordon, respectivement directeur, psychologue et intervenante sociale en gendarmerie de l’association France-Victimes 978 assuraient la semaine dernière la première réunion du genre dans les locaux de la gendarmerie de la Savane et expliquaient tour à tour leurs missions et leurs objectifs de travailler en parfaite communion avec les services de la gendarmerie et ceux de la Maison de Protection des Familles (PMF) pour accompagner au mieux les victimes, à travers une écoute bienveillante et sans porter de jugement. Il a par ailleurs été rappelé aux gendarmes la mise à disposition d’un appartement d’urgence, permettant de mettre à l’abri les femmes victimes en danger, auquel ils ont accès les nuits, France-Victimes 978 prenant le relais dès les lendemains matins. « Une victime reste une victime et doit être traitée comme telle, en privilégiant les entretiens privés et en toute confidentialité. Ne pas oublier que Saint-Martin est un grand village et que beaucoup de personnes se connaissent », a conclu le directeur de l’association.

Interruptions du dispositif Téléphone Grave Danger (TGD) 

Dispositif permettant de protéger les victimes de violences conjugales ou de viol, le Téléphone Grave Danger a été mis en œuvre dans l’Hexagone dès 2013 et renforcé en 2014 par la loi du 4 août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes par un nouvel article introduit dans le code de procédure pénale. C’est sur décision du procureur de la République qu’en cas de grave danger encouru par une personne, dans le cadre de violences conjugales ou de viol, que le dispositif TGD est déclenché et permet à la personne victime d’alerter les forces de l’ordre d’un danger imminent, 7j/7, 24h/24, pour une période de 6 mois.

Un dispositif installé timidement sur le territoire en 2021, avec alors deux TGD mis à disposition pour les deux Iles du Nord, puis 5 et enfin 10 ces derniers mois, dont 5 étaient activés. L’association France- Victimes 978 nous informait qu’à « la demande du Parquet, les 5 TGD attribués ont été désaffectés depuis le 8 septembre dernier », faute de renouvellement d’abonnement avec l’opérateur Orange. Il revient désormais au Parquet de mettre en place un marché public local avec les différents opérateurs. Les 5 femmes qui étaient attributaires de ce dispositif restent suivies de près par l’association. Interrogé par nos soins pour connaître le délai de mise en place de ce nouveau marché, le Parquet n’a pas répondu à nos sollicitations. 

Valérie DAIZEY

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.