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Saint-Martin Santé : retour sur 10 ans de lutte contre le diabète

Par Swanee Ngo Kanga
17 novembre 2023

Tabac, alcool, niveau de vie, importation… Notre territoire semble particulièrement exposé à la pandémie avec 8% de malades contre 5,6% en métropole.

1 MALADE SUR 2 NON DIAGNOSTIQUÉ

555. C’est le nombre de patients suivis par Saint-Martin Santé depuis sa création en 2014. Conçue pour sensibiliser, dépister et accompagner les malades, l’association est la seule à oeuvrer à l’année contre le diabète et ses pathologies associées (obésité et hypertension) sur le territoire. Une action d’autant plus importante que selon l’OMS, un malade sur deux s’ignore. Pour Chantale Thibaut, infirmière en éducation thérapeutique spécialisée en diabétologie et présidente de l’association, les besoins sont pourtant considérables: «Lorsque j’ai commencé les visites à domicile en arrivant sur l’île, j’ai été frappée par la précarité des malades et par leur méconnaissance totale de la maladie, confie-t-elle. Ils prenaient leur état à la légère et faisaient des prises de sang sans trop chercher à comprendre pourquoi».

Et pour cause, qu’il s’agisse d’activité physique, d’alimentation saine ou de traitements, le diabète a un coût, d’autant plus renforcé par notre mode de vie insulaire. Selon DiabetLab, le reste à charge annuel pour les malades en France s’élèverait à 660€ et pousserait 23% d’entre eux à renoncer à se traiter. Une tendance qu’observe aussi Chantale sur l’île :«Beaucoup de personnes entament correctement leur prise en charge mais y renoncent dès que d’autres priorités d’ordre social ou financier interfèrent, rapporte-t-elle. Elles n’ont pas assez de revenus pour manger 5 fruits et légumes par jour et préfèrent se débrouiller elles-mêmes avec des remèdes traditionnels ».

Bon marché, le sucre qui est à la fois un exhausteur de goût et un conservateur truste en effet la plupart des produits importés et se retrouve donc en grande quantité dans les assiettes:«On pourrait demander aux commerces de Saint-Martin de s’impliquer mais nous vivons dans une société de surconsommation et il est plus simple aujourd’hui pour une famille monoparentale d’acheter un sac de riz et du poulet que des produits frais», reconnait la présidente. Si le coût de la vie impacte la qualité du suivi pour les patients, la lassitude morale n’est pas en reste. Selon une étude, 44,6% d’entre eux déclarent souffrir d’un mal-être émotionnel et 36% estiment ne pas pouvoir mener une vie normale (loisirs, travail, études, finances). Là encore, Saint-Martin s’inscrit dans la tendance:«Lorsqu’ils sont diagnostiqués enfants, les malades consultent régulièrement leurs médecins, rapporte Chantale. Ça se complique à partir de l’adolescence car ils disent en avoir marre et veulent vivre comme tout le monde. »

SENSIBILISER AU SEIN DES QUARTIERS

Pour pallier ces difficultés, Saint-Martin Santé qui a accompagné 150 patients cette année multiplie les actions de sensibilisation auprès de la population, des médecins et des pharmaciens. Pendant 6 ans, une équipe mobile intra hospitalière constituée d’une infirmière, d’une diététicienne et d’une endocrinologue a assuré le suivi des malades tandis qu’une équipe mobile continue de se rendre dans les maisons de quartiers, au sein des cabinets, ou directement chez les patients.

De la communication, des dépistages, et des ateliers pour rendre visible une maladie dont la prévalence dans les les Départements et Collectivités d'Outre-mer est deux fois supérieure à celle de l’Hexagone. Avec des conséquences parfois lourdes - notamment l’amputation - y compris sur l’île, qui ont poussé Saint-Martin Santé à travailler avec la CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé) afin de proposer la prise en charge du «pied diabétique» dans l’éducation thérapeutique.

Mobilisée autour de la Journée Mondiale du diabète le 14 novembre dernier, l’association fêtera bientôt ses 10 ans. 

Swanee Ngo Kanga

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