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Réforme fiscale en réflexion à Sint Maarten

Par Valérie DAIZEY
28 octobre 2020
Faisant face à une crise d’ampleur, le gouvernement de Sint Maarten projette de mettre en place des mesures permettant de soutenir l’économie toute en allégeant les charges pesant sur la population. La réflexion se porte sur une réforme fiscale en profondeur venant à terme abolir l’impôt direct au profit de l’impôt indirect.
 
Des mesures qui passeraient par la suppression des impôts sur le revenu et sur les bénéfices des sociétés et la mise en place d’une « petite taxe sur les transactions », en reprenant les termes employés par Ludmilla De Weever, la ministre du Tourisme, des Affaires économiques, des transports et des télécommunications (TEATT), au cours d'une réunion tenue en urgence la semaine dernière. Elle a présenté de façon détaillée une stratégie de reprise de l’activité économique en supprimant les impôts sur les revenus et sur les bénéfices, en les remplaçant par une taxe à taux bas sur toutes les transactions financières transitant par le système bancaire. Elle a indiqué qu’en sus de soulager la population et les entreprises locales, cela pouvait contribuer à relancer la consommation et à encourager les investissements étrangers et locaux, permettant la création de nouveaux emplois. Par ailleurs, l’assiette fiscale de cette nouvelle taxe serait élargie.
 
Privilégier l’impôt indirect
 
Elle a également indiqué que la collecte des impôts sur le revenu et sur les bénéfices représente un coût élevé pour l’administration par rapport au gain rapporté. Selon la ministre, la valeur moyenne du produit intérieur brut (PIB) nominal à Saint-Martin était supérieure à NAf. 2 milliards (environ 1.1 milliard USD) entre 2012 et 2018, alors que le montant moyen de l'impôt sur les bénéfices collecté annuellement pendant cette même période n'était que d'environ NAf. 28,8 millions (environ 16.2 millions UDS), soit 0.014%.
La réforme fiscale en prévision consisterait donc à privilégier l’impôt indirect au détriment de l’impôt direct en harmonisant les taux d’imposition avec Curaçao, partenaire de Sint Maarten dans l’union monétaire. Un processus qui devrait se mettre en place progressivement pour arrive à terme à une abolition totale des impôts sur les revenus et sur les bénéfices.
C’est la nouvelle taxe sur les transactions qui devra venir prendre le relais. Des déclarations qui vont dans le sens de ce à quoi aspirent depuis longtemps les acteurs économiques du secteur privé, tels que les hôteliers, les commerçants et les prestataires de services de Sint Maarten.
 
Parvenir à un taux de croissance encourageant les investissements
 
Une telle réforme permettrait selon la ministre de redynamiser le secteur privé, de renforcer l’économie et d’augmenter l’autonomie réduisant ainsi la vulnérabilité par rapport à des « chocs extérieurs ». Ludmilla De Weever a conclu en indiquant que Sint Maarten détient le record des Caraïbes en terme de taux d’imposition sur les bénéfices, et est également mal placée au regard du taux d’impôt sur le revenu, « ce qui crée une lourde charge administrative pour les entreprises, les particuliers et le gouvernement », s’appuyant sur l’exemple de Saint-Barthélemy qui n’a ni impôt sur le revenu ni sur les bénéfices des sociétés, et insistant sur le fait que la plupart des pays des Caraïbes ont mis en place des systèmes fiscaux similaires qui s’appuient principalement sur la taxation indirecte.

Valérie DAIZEY

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