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Fête de Sandy Ground : l’heure des annonces

Par Valérie DAIZEY
18 août 2023

Alors que l’ombre des violents événements qui ont secoué le quartier de Sandy Ground courant du mois de juillet dernier planait encore dans les esprits, les autorités locales ont de concert répété à l’envi que loin d’être abandonné, le quartier est bel et bien une priorité dans les actions de politiques publiques qui sont menées. La fête de Sandy Ground qui s’est déroulée, comme chaque année, le 15 août, a été l’occasion de mettre des mots forts sur les actions menées et à venir dans le quartier. 

Mardi 15 août, les personnalités emblématiques du quartier puis celles officielles se sont succédé à la tribune, face à la population et autres acteurs associatifs et économiques du quartier. D’abord Georges Richardson, le président de l’association Sandy Ground on the Move, suivi de Cédrick André, ex-représentant du Conseil de Quartier. Tous deux ont fait part de leur sentiment d’abandon du quartier de Sandy Ground, mettant en exergue l’absence depuis maintenant près de 6 ans, d’infrastructures sportive et culturelle, sans que rien n’ait été fait pour y remédier. La jeunesse à la dérive, sans horizon ni espoir. Le taux d’échec scolaire qui est là le plus fort et bien sûr le désoeuvrement des jeunes, lequel immanquablement conduit à la délinquance. Prenant la parole à la suite, le président Louis Mussington a haut et fort clamé qu’il ne faut pas céder au découragement ni au fatalisme et a insisté sur la priorité qui était donnée à ce quartier. En premier lieu car il fait partie des deux villages, avec celui de Quartier d’Orléans, fléchés Quartier Prioritaire des Politiques de la Ville (QPV) avec des financements correspondants, et qu’ensuite la Collectivité et ses élus prennent la mesure des problèmes et cherchent des solutions à y apporter. « Le climat d’insécurité et de violence qui ronge le quartier est généré par seulement quelques jeunes irresponsables et malhonnêtes. Ils ne sont pas nombreux mais semblent très déterminés à semer la terreur. Mais tous les jeunes ne sont pas des bandits (…) Nous sommes dans un état de droit, pas dans une république bananière», a insisté le président qui au lendemain des événements de juillet a réuni les habitants du quartier pour entendre leurs propositions. A la suite de cet échange qualifié de « très intéressant » par le président, des mesures ont été décidées et ont été annoncées publiquement mardi, à la fête de Sandy Ground.

ANTENNE DE LA POLICE TERRITORIALE ASSISTEE DE DEUX GENDARMES

En concertation avec le Conseil Local de Sécurité et de Prévention de la Délinquance, la Collectivité a décidé la création d’une antenne de la police territoriale in situ de Sandy Ground composée de 5 policiers territoriaux, issus du quartier. Cette dernière sera renforcée par la présence de deux gendarmes qui devront être bilingues français-anglais. « Nous devons recréer du lien social et jouer la carte de la proximité en allant à la rencontre des habitants et des jeunes du quartier », a concédé Louis Mussington.

TROIS JEUNES MEDIATEURS DE RUE

Toujours pour renforcer le lien social et redonner confiance envers les institutions mais également aider les jeunes à reprendre confiance en eux, le président a annoncé l’engagement prochain de trois jeunes médiateurs de rue dont les missions confiées seront d’aller à la rencontre des jeunes du quartier, de ramener chez eux les plus jeunes et d’orienter les plus âgés vers des organismes ou des dispositifs qui pourront leur ouvrir de nouveaux horizons.

BASSIN NAUTIQUE A VENIR, PATRIOTISME ECONOMIQUE, NETTOYAGE ET ENLEVEMENT DES EPAVES

Outre ces deux annonces majeures, le président a évoqué l’ensemble des projets fléchés sur le quartier de Sandy Ground : le bassin nautique qui devrait voir le jour avant la fin de l’année (à côté de la résidence de l’Anse des Sables), les campagnes de nettoyage et d’enlèvement des véhicules hors d’usage pour rendre le quartier propre et agréable. Il a cependant marqué sa déception en constatant que le quartier de Sandy Ground, dont les taux de chômage et de décrochage scolaire sont les plus élevés, était celui dont la participation a été la plus faible aux actions menées en faveur de la formation professionnelle et de l’emploi (workshop, forums, etc.). Louis Mussington a enfin déploré le faible patriotisme économique des entreprises locales qui n’embauchent pas suffisamment les jeunes du territoire : « Nous avons quelque 200 restaurants sur le territoire. Si chacun d’entre eux employait un seul jeune, nous aurions 200 jeunes en moins dans la rue !», a-t-il clamé.

1€ SYMBOLIQUE AU M2 POUR LE FONCIER

Répondant à Cédrick André qui a interpellé la Collectivité sur le prix de cession du foncier aux résidents du quartier qui ont construit leur bien sans posséder le titre de propriété du terrain, le président Mussington a confirmé que dans son rapport, la commission de l’urbanisme a établi le prix du m2 à 1€ symbolique. Ce rapport est dans l’attente d’être présenté au Conseil exécutif afin d’y être acté et Louis Mussington a indiqué qu’il voterait en faveur de cette décision. « Si l’Etat conteste, il devra se retourner vers le tribunal administratif !», a-t-il conclu sous les applaudissements du public.

 « QUE LA REPUBLIQUE SOIT A SANDY GROUND » (PREFET VINCENT BERTON)

Reconnaissant que « la situation est grave » et que « l’Etat ne fait pas assez », notamment s’agissant d’une communication plus offensive sur les dispositifs existants pouvant profiter aux résidents et aux associations du quartier de Sandy Ground, ainsi que sur les financements disponibles dans le cadre de la Politique de la Ville (850 000€ en 2023 pour Sandy Ground et Quartier d’Orléans), le préfet Vincent Berton a toutefois martelé que « la République doit être à Sandy Ground » et que les violences qui ont eu lieu, visant « les gendarmes et les commerçants sont contraires aux valeurs de la République » et que « les habitants du quartier sont les premiers à en souffrir ». Il a confirmé que les deux gendarmes qui viendront en renfort de l’antenne de la police territoriale qui sera prochainement installée, parleront effectivement anglais. Il a toutefois insisté sur l’urgence de voir réactivé le Conseil de quartier, pour recréer un lien social entre les institutions et la population. Le préfet a par ailleurs rappelé les dispositifs existants, mettant en exergue la Cité Educative qui englobe le quartier de Sandy Ground et dont l’enveloppe de 1M€ sur trois ans permet de financer des activités culturelles, sportives et éducatives à l’endroit des enfants et des jeunes, mais encore faudraitil que des projets soient portés par les associations. Confirmant les propos du président Mussington selon lesquels le quartier n’était pas abandonné, mais au contraire était au coeur des priorités, il a informé qu’une réunion sera organisée à Sandy Ground le 13 septembre prochain sur ce sujet. Afin d’inciter le patriotisme économique qu’il considère également comme timide, Vincent Berton a annoncé la création prochaine d’un Club des chefs d’entreprises et parmi les objectifs, la priorité à l’embauche locale : « Les entreprises ont un devoir social à tenir quant à l’emploi. Il est aberrant de voir venir autant de saisonniers chaque année alors qu’il y a 35% de chômage à Saint-Martin ! », a décrié le préfet, là-aussi sous les applaudissements du public.  

FRANTZ GUMBS FAIT SON MEA CULPA

A la tribune des officiels, le député Frantz Gumbs. Rappelant qu’il avait été président de la Collectivité, entre 2008 et 2012, il a concédé ne pas avoir pris pendant son mandat « la mesure du challenge à accomplir pour Sandy Ground ». « Je suis mal placé pour faire des reproches à mes successeurs », a-t-il indiqué, soulevant toutefois que « réduire de 6 à 4 Conseils de quartiers n’a pas facilité les relations entre la Collectivité, les institutions et les habitants du quartier (…) Sandy Ground a besoin de son propre conseil de quartier pour recréer les conditions de la confiance envers les politiques et les institutions ». Le député a par ailleurs insisté sur la criante nécessité de reconstruire les infrastructures sportives et culturelles, s’interrogeant sur le fait que cela ait autant tardé.

Valérie DAIZEY

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