Test de fusil à Agrément : 3 ans de prison

L’audience de mercredi matin a débuté par une minute de silence en hommage aux deux agents pénitentiaires ayant péri le 14 mai 2024, et de leurs trois collègues blessés lors de l’attaque de leur fourgon à la voiture-bélier au péage d'Incarville, alors qu'ils transportaient le détenu Mohamed Amra. Ils ont été tués par des tirs d’armes lourdes. La première comparution immédiate du jour concernait un homme ayant lui aussi fait usage d’une arme, sans conséquences létales, mais…
Dans un contexte de violence exacerbée, les armes sont devenues un fléau, à Saint-Martin comme ailleurs. Les détenteurs arguent souvent les détenir pour se protéger ou même pour tirer les iguanes. Comme l’a indiqué la vice-procureur, si tel était le cas, nous ne devrions plus avoir d’espèces envahissantes sur l’île ! L’homme, amené sous escorte de la gendarmerie mercredi, a tout juste 22 ans et n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice en raison de son attirance pour les armes.
Un coup partit tout seul
Le 10 mai, vers 19h30, un riverain d’Agrément appelle la gendarmerie après avoir entendu un coup de feu semblant provenir d’une voiture circulant au pas, tous feux éteints et au milieu de la chaussée rue Nana Clark. Une patrouille à proximité contrôle la voiture ; à son bord un jeune homme et sur le siège arrière un fusil à pompe. Placé en garde à vue, le prévenu donne une première version des faits : un coup de frein brusque en raison du passage d’un piéton aurait déclenché le tir, occasionnant la chute d’une branche d’un arbre. Mais, il va ensuite donner plusieurs versions quant aux circonstances, au nombre de personnes à bord du véhicule, et sur la manière dont il s’est procuré le fusil. Non pas trouvé, mais choisi parmi d’autres dans un conteneur de Pointe Blanche et payé pour partie (400 €). Ce soir du 10 mai il devait le tester avec « un ami » avant de lui donner le reste de la somme en compagnie d’un autre « ami » et de sa petite copine. L’ami est en fait le vendeur, un individu recherché par la police, avoue-t-il à la barre. Dans son téléphone les gendarmes découvrent des photos et des vidéos où il se met en scène avec différentes armes, avec des liasses de dollars, tirant ou insérant des cartouches. Ce fusil était destiné à le protéger, car une personne qui l’avait déjà menacé était susceptible de revenir à Saint-Martin.
L’empreinte de la rue
Le jeune homme a arrêté l’école après la 3e. Parti dans l’hexagone, il est père de jumeaux à 16 ans, tente le service militaire sans succès, ne trouve pas de travail et se retrouve à la rue pendant 8 mois. En 2023 il est condamné par le tribunal d’Orléans à un an de prison avec sursis pour extorsion. Finalement, il rentre à Saint-Martin où il fait de petits jobs.
La rue a laissé ses empreintes et son comportement pour la vice-procureur est celui de quelqu’un qui veut jouer au gangster. Le jeune homme avait en effet déjà été notifié d’une interdiction de port d’arme pendant cinq ans par le tribunal en mars dernier. Il est par ailleurs convoqué le 10 octobre prochain pour violence avec un couteau et usage de cannabis.
Sans preuve formelle qu’il ait tiré le coup de feu, mais ayant délibérément mis en danger la vie d’autrui, et tenant compte du contexte de sa situation, le tribunal l’a condamné à son maintien en détention et à trois ans de prison ferme. En raison de ses antécédents judiciaires et du non-respect de son sursis probatoire, il est condamné cette fois à une interdiction de port d’arme pendant dix ans (le maximum étant 15 ans). L’arme quant à elle a été saisie et détruite. Le véhicule lui n’a pas été confisqué, car ne lui appartenant pas, et pour cause, le jeune homme n’a pas le permis de conduire, mais il n’a pas été poursuivi sur ce point !
