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Auteure d’une course-poursuite blessant un gendarme : « J’ai paniqué, été tétanisée, je ne me souviens de rien…

Par Valérie DAIZEY
3 mai 2023

Après plusieurs renvois, le tribunal de Saint-Martin jugeait vendredi dernier l’affaire de course-poursuite qui a eu lieu le 16 mars dernier, entre les gendarmes et un véhicule fuyard suspect. Les faits se sont déroulés entre le secteur de la Savane et Dutch Quarter, après la frontière de Belle Plaine. Un gendarme était blessé, un autre gendarme tirait avec son arme. L’auteure, une femme trentenaire, colombienne, également blessée suite à la sortie de route de son véhicule, a écopé d’une peine de 2 ans d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis.

Inculpée, la jeune femme à la barre, colombienne, s’exprime parfaitement en français. Entre pleurs et regrets, elle exprime ses excuses à la partie civile, trois gendarmes. Parmi eux, celui qui a été blessé lors des événements, après avoir été percuté par le véhicule en fuite et s’est retrouvé sous le capot de la voiture de gendarmerie. Blessé à la hanche et au genou, il a obtenu 4 jours d’ITT. Le second militaire est celui qui a fait usage de son arme pour tenter d’immobiliser le véhicule qui venait de percuter son camarade. « J’ai déjà de nombreuses années de service derrière moi. C’est la première fois que je faisais l’usage de mon arme pour sauvegarder l’intégrité physique d’un camarade (…) je pensais qu’il était passé sous le capot de mon véhicule (…) C’est une des interventions les plus intenses et marquantes que j’ai pu vivre », témoignera-t-il devant le tribunal. La femme inculpée indique quant à elle n’avoir pas souvenir de l’ensemble des événements : « J’ai paniqué, j’avais bu, j’ai perdu le contrôle (…) Je n’ai pas d’explication pour justifier de mes actes (…) je ne me souviens pas de tout (…) Je m’excuse auprès des gendarmes (…) ». Des explications que le procureur peine à entendre et croire : « La prévenue voulait échapper à tout prix au contrôle routier. Elle a perdu une première fois le contrôle de son véhicule dans la montée de la Baie Orientale. Elle a percuté un militaire, un autre a tiré deux fois sur son véhicule. Cela aurait pu être la fin de l’histoire. Mais non, elle a fait marche arrière, percuté les véhicules de gendarmerie et est repartie vers Quartier d’Orléans. Elle a pris des risques très forts, en a fait prendre aux autres usagers de la route… Elle roulait à plus de 100 km/h, en empruntant les ronds-points… Elle a éteint les phares… Et elle dit ne se souvenir de rien ? Et fort heureusement il n’y a pas eu de blessés plus graves », indiquait- il, requérant trois ans d’emprisonnement dont deux ans avec sursis, 10 mois de suspension de permis de conduire et 5 ans d’interdiction de détenir une arme (le véhicule étant ici considéré comme une arme, NDLR). Le tribunal rendait un verdict plus clément en prononçant deux années d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis, avec un aménagement en détention à domicile sous surveillance électronique. Le tribunal ordonnait également la confiscation du permis de conduire (un permis hollandais, NDLR) et recevait la constitution de partie civile des gendarmes et condamnait la prévenue à payer 800€ au gendarme blessé pour les dommages corporels et 300 € aux trois gendarmes de la patrouille du contrôle routier.

RAPPEL DES FAITS

Dans la nuit du 16 au 17 mars derniers, une patrouille de gendarmerie est sur la route de la Savane quand elle aperçoit un véhicule au comportement étrange et décide de procéder à son contrôle. Le véhicule fait alors demi-tour et roule à très vive allure en direction de Grand- Case (plus de 140 km/h). Le conducteur du véhicule, coupe ses feux dans Grand-Case pour échapper à la patrouille et continue sa course à très grande vitesse, faisant des embardées pour empêcher les gendarmes de doubler. Une seconde patrouille arrive en renfort et découvre que le véhicule vient de faire une sortie de route sur les hauteurs de la Baie Orientale. Les gendarmes sortent alors de leur véhicule et font les sommations en demandant au conducteur de couper le contact. Alors qu’un gendarme est en appui sur l’avant du véhicule, le chauffard décide de redémarrer. Le gendarme n’a pas le temps de se retirer complètement, est percuté et s’effondre au niveau du pare-choc entraînant une riposte de la part de son camarade qui fait usage à deux reprises de son arme à feu. Au même moment, la deuxième patrouille de gendarme arrive sur les lieux et se fait percuter sur le flanc droit du véhicule. La course-poursuite de poursuit à travers quartier Orléans. Le véhicule fuyard a un pneu explosé et fait de multiples embardées sur la route. Conformément aux accords de coopération policière, les gendarmes français maintiennent le suivi du véhicule coté hollandais jusqu’à ce que ce dernier fasse une sortie de route. Les occupants du véhicule en fuite, n’ayant pas de ceintures attachées, et devant la violence du choc, sont immédiatement pris en charge par les gendarmes qui leur prodiguent les premiers gestes de secours jusqu’à l’arrivée de la police hollandaise. La conductrice du véhicule est passée en comparution immédiate vendredi 17 mars pour le refus d’obtempérer et les violences sur un militaire de la gendarmerie. Son audience a été reportée une première fois au 21 avril sur les demandes de la défense et a été placé sous contrôle judiciaire. Le procès a finalement eu lieu vendredi 28 avril dernier.

Valérie DAIZEY

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