Skip to main content

Billet de la rédaction : Mais quelles sont les priorités de la justice ?

Par Valérie DAIZEY
21 avril 2023

Entre renvois dossiers aux calendes grecques, faute de magistrats en nombre suffisant ou bien de procédures non abouties, de nombreux dossiers de justiciables sont en souffrance, parfois depuis de longs mois, voire plusieurs années. Face à ces carences, certaines affaires jugées au tribunal correctionnel de Saint-Martin interpellent tant elles paraissent mineures par rapport à d’autres qui attendent d’être jugées. Ce fut le cas d’une audience en comparution immédiate convoquée mercredi dernier.

En effet, cette audience en comparution immédiate jugée mercredi matin au tribunal de Saint-Martin, mobilisait près de trois heures de temps, six magistrats, dont la présidente du tribunal et ses deux assesseurs, le vice-procureur, le greffier, l’avocat de la défense, plus trois gendarmes, pour une affaire de conflit familial sans gravité. Un jeune homme de 20 ans, dyslexique par ailleurs, arrivait menotté à la barre, après avoir passé 4 jours en détention provisoire pour avoir « poussé et fait tomber sa mère » qui s’est relevée sans être blessée, brisé la télévision et menacé de vandaliser son véhicule, sans joindre le geste à la parole. Une circonstance aggravante toutefois, le jeune homme était en état de récidive légale, pour avoir été condamné en 2020. La mère est allée porter plainte contre son fils, lequel s'est présenté de lui-même à la gendarmerie. Une sordide affaire de conflit familial sans gravité notoire, sur fond de jalousie entre un frère et une soeur et d’un sentiment d’abandon par sa famille d’un jeune adulte, parlant à peine français, mais en contrat d’engagement avec la Mission Locale. S’il a eu un accès de violence face à sa mère, un fait certes répréhensible, fallait-il pour autant en passer par là ? Si la justice peine à refermer des dossiers ô combien plus graves et en nombre important faute de moyens humains, n’y aurait-il pas d’autres alternatives à la comparution immédiate pour réprimer des actes comme celui que ce jeune a commis envers sa mère ?

Si nous, journalistes, habitués aux prétoires, avons également perdu notre matinée de mercredi pour cette affaire qui ne mérite pas de remplir nos colonnes, nous en sommes cependant ressortis interpellés et dubitatifs, avec cette interrogation à l’esprit : mais quelles sont donc les priorités de la justice ?

Valérie DAIZEY

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.