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Clémence du tribunal pour un récidiviste

Par Ann Bouard
19 juin 2020
Accusé de transport d’armes sans motif légitime, en l’occurrence de munitions, déjà condamné pour d’autres infractions, le jeune homme qui comparaissait hier devant le tribunal de proximité de Saint-Martin, ne s’attendait pas à l’issue de ce procès.
 
Bien connu des tribunaux et des médias (il avait posé aux côtés du Président de la République), le jeune homme s’est retrouvé au centre d’une affaire de vol à l’arraché, commis sur le front de mer de Marigot au cours duquel quatre coups de feu avaient été tirés. Les auteurs de l’agression sur les touristes n’avaient pas été retrouvés, seule une douille l’avait été … et cette douille, après analyse, a révélé la présence de l’ADN du jeune homme. Il devait être jugé en décembre dernier, mais certaines pièces manquantes au dossier avait généré un renvoi devant le tribunal au 18 juin.
 
La fin d’un parcours chaotique ?

Il nie les faits en bloc, sur le braquage alors qu’il n’est pas jugé pour ce délit, mais aussi sur le fait d’avoir manipulé la fameuse balle retrouvée sur les lieux… ou alors il l’aurait manipulé bien avant cela, avant même son séjour en prison en 2017. En effet RF a déjà un long casier judiciaire malgré son jeune âge. Condamné par le tribunal pour enfants, à trois ans de prison dont deux avec sursis en 2016 pour des faits commis en 2013, il était revenu sur les bancs du tribunal en 2018, cette fois pour détention de stupéfiants et avait écopé d’une peine de huit mois de prison, dont quatre avec sursis ; peine finalement aménagée et commuée en port d’un bracelet électronique. A l’époque, déjà, il avait argué vouloir se réinsérer dans la société et mettre tout en œuvre pour cela. Il avait alors suivi une formation en plomberie et lors du procès, l’association Sem Ta Route (association de la Semsamar) avait indiqué à l’avocate du jeune homme qu’il était « un candidat très motivé, à qui il faut laisser une chance ». C’est cette chance que visiblement le tribunal avait décidé de lui accorder hier.
Aujourd’hui à 23 ans RF est papa de deux garçons, chacun d’un côté de l’ile, mais lui vit avec sa mère à Quartier d’Orléans. Depuis il a effectué une nouvelle formation, de soudeur cette fois, par le biais de Pôle Emploi et souhaite continuer dans cette voie. Il affirme aujourd’hui être « rangé des casseroles » comme le dira Madame la juge.
 
Quand le parquet se fait l’avocat de la défense

En préambule de son réquisitoire, le Parquet, est revenu sur les circonstances de sa rencontre avec le prévenu, le 17 octobre 2018, lors de son interpellation pour violence sur les forces de l’ordre et détention de stupéfiants. Il l’avait reçu dans son bureau, menotté et avait demandé à ce que sa garde à vue soit prolongée.
Mais le jeune homme s’était alors engagé à changer, « et je pense qu’il est sur la bonne voie » a estimé le procureur avouant même faire dans ce cas, un autre travail que celui de procureur. Les auteurs de ce braquage n’ont pas été retrouvés, seule une balle l’a été pour quatre coups de feu tirés. « Est-ce que cela est suffisant pour requérir une détention ? » Non estimera le ministère public qui demandera la relaxe.
Après délibération, le tribunal décide effectivement de relaxer le prévenu. Interrogé à sa sortie du tribunal, le jeune homme, habitué à des peines plus lourdes, se dit lui-même surpris par ce verdict. Selon lui, le capital sympathie qu’il dégage pourrait être la cause de cette clémence …
 
Ann Bouard

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