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Comparution immédiate : Un guet-apens organisé qui conduit tout droit en prison

Par Valérie DAIZEY
19 novembre 2019
Vendredi 8 novembre dernier, deux jeunes, l’un âgé de tout juste 18 ans, M.D., et l’autre, un mineur de 15 ans, JM.J., ont préparé un guet-apens afin de voler le scooter d’une jeune femme employée de la pharmacie de Quartier d’Orléans. Un car-jacking perpétré violemment au cours duquel la jeune femme a été sévèrement blessée, et est sous le coup d’un arrêt de travail de 60 jours. Le jeune de 18 ans écope d’une peine de 12 mois ferme d’emprisonnement.

A la fin de sa journée de travail, à 19 heures, la jeune femme reprend son scooter pour rentrer à son domicile de Mont Vernon. Ayant observé les jours précédents les habitudes de la jeune femme, les deux compères décident, vendredi 8 novembre de passer à l'acte et se positionnent avec un scooter sur la route principale, peu après la route qui mène vers le Galion, et l’attendent. Faisant mines d’être en panne, les deux jeunes font signe à la femme de s’arrêter. Prudente et inquiète en même temps, cette dernière décide de ne pas s’arrêter et accélère sa vitesse. Les deux jeunes enfourchent le scooter, le mineur JM.M. au volant et M.D. à l’arrière et atteignent une vive allure pour la rattraper.
Une fois qu’ils arrivent à son niveau, M.D. assène un violent coup de pied dans le scooter de la femme. Roulant à vive allure, elle est déséquilibrée, et tombe brutalement sur le bitume. Les deux jeunes lui dérobent son scooter, mais également son sac contenant tous ses effets personnels, ses cartes bancaires, ses clés, ses papiers et de l’argent liquide, avant de prendre rapidement la tangente, laissant leurs traces sur les lieux du délit qui permettront d’ailleurs de rapidement remonter jusqu’à eux et de les interpeller.
La jeune femme, laissée pour morte sur la chaussée, en pleine nuit, a finalement été secourue par des automobilistes qui ont prévenu les urgences et les gendarmes. Elle a été transportée à l’hôpital et souffre de plusieurs factures, luxations et autres traumatismes, justifiant une interruption temporaire de travail (ITT) supérieure à 8 jours, en l’occurrence, 60 jours.
 
Quand la réalité rattrape le virtuel
 
Interpellés dès le lendemain, samedi, les deux jeunes ont été placés en garde à vue. Mineur, JM.J était jugé par le tribunal des enfants, tandis que M.D. était jugé mercredi selon la procédure de comparution immédiate à la chambre détachée de Saint-Martin. A la barre des prévenus, M.D. qui ne présente sur son casier judiciaire aucune condamnation, a du mal à s’exprimer et semble hébété, comme dans un jeu qui aurait mal tourné... Il explique avoir vendu le scooter volé durant la nuit qui a suivi le délit, à un autre compère de la partie hollandaise pour un montant de 400$. A demi-mots, il confie que c’est cette même personne qui aurait commandé le vol de ce scooter. Il raconte également être employé en partie hollandaise par une compagnie de construction et gagner 600$ par mois pour un travail qu’il occupe 6 jours sur 7. De l’argent qu’il utilise en aidant sa famille à subvenir aux charges quotidiennes.
Face à la gravité des faits de violence avérés, aggravés encore par l’abandon de leur victime laissée pour morte sur la chaussée, le procureur Octuvon-Basile souhaitait lancer un signal à toute cette jeunesse en perdition qui pense pouvoir commettre tout acte en toute impunité et requérait une peine de 18 mois de prison dont 6 mois assortis du sursis et demandait au tribunal de prononcer un mandat de dépôt. Jugeant M.D. coupable, le tribunal suivait les réquisitions du procureur et prononçait le mandat de dépôt. A l’annonce de cette condamnation, M.D. n’a pas été en mesure de retenir ses larmes, réalisant sans doute, que cette mauvaise « blague » n’était finalement pas un jeu ! 
 
Carence éducative avérée
M.D., 18 ans à peine, dort depuis une semaine en prison. En marge de la violence des faits de cette affaire pour laquelle il a été jugé en comparution immédiate, sa jeunesse et son aspect encore pubère qu’il affiche interpellent. Impression de confusion entre la réalité de la vie et la violence de certains jeux vidéo ou autres séries télévisées qui abreuvent les jeunes depuis des années les laissant « pousser sans tuteur ».
A l’audience de mercredi, aucune personne proche, ni de sa famille, ni de ses amis, n’était présente. M.D. s’exprime très mal en français, il ne sait ni lire ni écrire. Il a quitté l’école à 16 ans.
Et est depuis livré à lui-même, et sans doute même depuis bien avant d’avoir quitté l’école. Il confiait aux enquêteurs pendant ses auditions de garde à vue avoir un rêve : celui de devenir conducteur de camions. Mais dit ne pas avoir su vers qui se tourner pour atteindre ce rêve. Il aurait certainement été un candidat idéal pour rejoindre les troupes du RSMA qui lui auraient permis de l’atteindre.
Mais, faute d’avoir rencontré les bonnes personnes sur son chemin, faute d’avoir été accompagné correctement, il a commis l’irréparable qui va changer à tout jamais sa vie… et également celle de sa victime. Une réalité qu’il a semblé recevoir en pleine face lors de l’annonce du délibéré de son jugement par le tribunal, le laissant anéanti.
 
Valérie DAIZEY

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