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Dom Juan au théâtre de La Chapelle : immersion dans la modernité des textes de Molière

Par Ann Bouard
17 février 2023

Cela vous avait échappé ? il est encore temps de foncer au théâtre ce soir ou demain pour Dom Juan de Molière. Ne vous y trompez pas, cette pièce est bien loin des clichés liés aux classiques de la période scolaire. Elle fait fi du langage ampoulé, des perruques poussiéreuses et des grands ronds de jambes culottées. Quatre jeunes comédiens, bien dans leur époque, jettent sur Molière un regard neuf démontrant à leur manière toute la modernité du texte. Rafraîchissant et drôle ! 

C’est une bande de copains qui se sont rencontrés au fil de leurs études théâtrales puis au fil des pièces. Tigran Mekhitarian, Théo Askolovitch, Arthur Gomez et Marie Mahé ont des carrières solos bien remplies, mais dès que l’opportunité se présente ils jouent ensemble. Ces jeunes trentenaires ont plus d’un point commun dont un faible pour les textes classiques, qu’ils voient comme un éclairage sur notre société actuelle.

Avec Dom Juan, Tigran Mekhitarian signe-là sa troisième mise en scène d’un texte de Molière, après Les Fourberies de Scapin et l’Avare. Le texte original n’est pas dénaturé, mais tout est question d’intentions et d’intonations. En intégrant subtilement quelques codes actuels comme le rap, le hip-hop et des tenues vestimentaires dans l’air du temps, la perception du texte est tout autre, et pourtant il demeure identique et en est même sublimé.

Les quatre comédiens enchainent les répliques avec un flow énergique et endossent plusieurs personnages. Molière bascule dans les codes urbains actuels et Tigran Mekhitarian réussit à créer une pièce ultra moderne et qui somme toute fait réfléchir tout à la fois sur notre condition et la société dans laquelle nous évoluons, comme un éternel recommencement. Pour le metteur en scène, « les textes de Molière peuvent encore nous en apprendre beaucoup et contre toute idée reçue convaincre les plus réfractaires au théâtre ». Pour Tigran, l’auteur était « un beau miroir de la société et il le demeure car la langue de Molière est aussi le langage d’aujourd’hui ». Le sens des phrases est toujours actuel et au final le texte garde toute sa modernité. Un beau moment de théâtre !

Audrey Duputié et Erwan Trotel ne s’y sont pas trompés lorsqu’ils ont découvert cette pièce au dernier festival d’Avignon. Sa modernité, sa fraîcheur et cette façon unique d’interpréter Molière, rarement vue, ne pouvaient que les séduire. Ils l’admettent, ils se sont pris une claque et s’il ne fallait ramener qu’un seul spectacle à Saint- Martin, c’était bien celui-là. Bien sûr ce ne sera pas le seul, et Théo Askolovitch qui fait partie de la troupe de Dom Juan, restera d’ailleurs un peu plus longtemps pour jouer, cette fois seul sur scène, « 66 jours », une pièce qui raconte un pan de sa vie. Mais cela est une autre histoire à suivre dans notre prochaine édition.

Dom Juan au théâtre La Chapelle à la Baie Orientale le vendredi 17 et le samedi 18 février à 19h30. Tarif unique sur place 35€ (30€ pour les membres de l’association) ou 35,50 € en ligne sur www.theatresxm.fr 

Ann Bouard

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