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Sargasses : Focus sur les initiatives privées

Par Ann Bouard
14 septembre 2021
Si la majorité des sites impactées par les sargasses fait l'objet de nettoyage, plus ou moins suivis, de la part de la Collectivité et que l’espoir d’enrayer le fléau repose sur des aides ou une action de l’état, d’autres ont préféré prendre le problème à bras le corps … pour des raisons économiques évidentes, mais pas que !
 
La société Sindextour qui gère cinq des restaurants de la Baie Orientale, ou encore la Playa, ont décidé de mettre en place une organisation pérenne de l’entretien de la plage, devant leurs restaurants mais également entre chaque établissement. Ce sont donc quelques 800 mètres de cette plage tant prisée par les touristes en temps normal, qui sont nettoyés chaque jour … et ce quasiment tout au long de l’année. C’est en effet le choix qui a été fait, tout comme celui d’utiliser les sargasses pour végétaliser cette plage, afin qu’elle retrouve son aspect d’autrefois.
 
Une démarche responsable
 
Dès 2013, la société Sindextour avait décidé d’entretenir son AOT avec ses propres moyens. Après une pause post Irma dûe à la reconstruction, les choses sont revenues à la normale depuis décembre dernier avec en prime des implications qui vont au-delà du simple nettoyage. En effet, la société a décidé pour cette nouvelle saison de donner sa chance à un jeune entrepreneur de Quartier d’Orléans. En le soutenant financièrement, elle a permis à Mario Brooks de structurer et de développer son entreprise. Le matériel ainsi mis à disposition, a été choisi selon le cahier des charges établi par la Deal de Guadeloupe : le tracteur est muni de roues spéciales et d’une herse, et une cribleuse à sable vient compléter ce dispositif. Afin d’endommager le moins possible la plage, les plagistes ratissent manuellement chaque matin les sargasses pour les stocker sur la partie dure du sable en bord de mer. Le tracteur avec sa herse intervient pour retirer les algues et les stocker à l’arrière de la plage. Elles sont ensuite recouvertes peu à peu de sable et la dune ainsi constituée sert de support à des boutures d’Ipoméa, destinées à limiter l’érosion du sable. Une pépinière a même été créée à cet effet. Dans le même esprit, 1500 arbres ont été plantés sur la Baie Orientale depuis Irma.
 
Une convention avec la Réserve Naturelle
 
La plage d’Orient Bay ne fait pas partie de la Réserve Naturelle (c’est le code de l’environnement qui s’applique dans le cadre de la protection des espèces protégées), mais Sindextour a souhaité bénéficier des conseils de celle-ci afin de définir comment allier intérêts économiques et sanitaires aux enjeux de l’environnement. Philippe Cazaubon, assure que l’environnement constitue une priorité pour Sindextour car c’est désormais un atout complémentaire au développement du tourisme. La convention signée entre les deux parties, s’est concrétisée par une formation du personnel et des plagistes afin de leur apprendre à gérer au mieux les zones de pontes des tortues Luth et la signalétique sur les nids. A noter que si le confinement et l’arrêt des activités en 2020 avait permis de recenser une dizaine de nids, cette année une seule trace de ponte a pu être relevée. Mais les sargasses jouent là aussi un rôle, car si les tortues réussissent à passer les amoncellements d’algues, cela s’avère très périlleux pour les tortillons qui ont du mal à se frayer un passage pour rejoindre l’océan.
Si cette première collaboration a le mérite d’exister, il reste cependant des points à améliorer. Le passage des engins, quels qu’ils soient est problématique entre transats, activités et nids potentiels … il faut enlever les sargasses pour permettre aux tortues de pondre, mais on risque en les enlevant de détruire leurs nids... Concernant leur traitement, elle doivent être étalées sur une fine couche (5 cm maximum), pour que les gaz nocifs se libèrent. Mais vu les échouages massifs, l’opération est là aussi actuellement compliquée. Les évacuer vers la décharge n’est pas envisagé par Sindextour qui estime qu’il reste environ 30% de sable contenu dans les algues, ce qui est encore trop.
 
Mutualiser les efforts
 
Les entreprises directement liées au tourisme ne sont pas les seules à se préoccuper désormais de l’environnement. La première à avoir contacté la Réserve Naturelle n’est autre que l’entreprise GTM qui dans le cadre de chantiers a sollicité ses conseils, notamment lors de la reconstruction de murs de villas aux Terres Basses, ou encore de la piscine de la résidence Mont Vernon … toujours dans le souci de respecter les lieux fréquentés par les tortues. Que les entreprises du privé soient soucieuses de l’environnement et sollicitent les institutions locales pour préserver, voire améliorer un environnement délaissé depuis longtemps, donne l’espoir que l’on peut encore changer la donne pour qu’effectivement enjeux économiques et environnementaux fassent bon ménage. Reste désormais à ce que cette prise de conscience se fasse avec plus de concertations et d’efforts communs.
 
Ann Bouard

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